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Voici 5 histoires mémorables, à travers des romans inclassables, publiés entre 2021 et 2022. Qui gomment les frontières des genres, s’affranchissent des règles et ne se laissent pas enfermer dans des boites.
Cinq livres à la personnalité marquée, qui sortent du lot tout en restant accessibles à tous. De la littérature audacieuse, intelligente et captivante, qui demande un peu d’investissement au lecteur pour un plaisir de lecture décuplé !
Bonnes lectures !
Marcus Malte – Qui se souviendra de Phily-Jo ?
Editeur : Zulma
2022
Une phrase tirée du roman résume à elle-seule la manière dont il faut l’appréhender, dont il faut en tirer des enseignements : Ne vous rendez jamais à l’évidence.
L’idée du savant méconnu est le point de départ d’un roman ahurissant, vertigineux par sa construction en forme de poupées gigognes. Vous n’imaginez pas une seule seconde ce qui vous attend à travers cette lecture mémorable.
C’est un roman à plusieurs voix avec comme trame de fond la manipulation, entre complotiste et lanceur d’alerte. Une construction originale, casse-gueule au possible, où l’écrivain fait preuve de tout son talent. De son audace aussi, à changer de ton selon les parties et prouver avec éclat quel écrivain protéiforme il est.
Une fois terminée, cette lecture reste gravée en mémoire, fait profondément méditer sur notre monde. Les sujets sont sérieux, mais ce roman est aussi une ode au pouvoir de l’imagination.
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4ème de couverture :
Qui ne connaît pas un de ces inventeurs géniaux dont la découverte reste à jamais inconnue, empêchée ou censurée ? Phily-Jo est de ceux-là. Sa machine à énergie libre, la FreePow, est révolutionnaire. Si visionnaire et dérangeante que la mort brutale de Phily-Jo demeure un mystère pour ses proches. Meurtre ou suicide ? Est-ce le combat de David contre Goliath, une conspiration du grand capital prompt à freiner tous les progrès humanistes ?
Dans un infernal jeu de poupées gigognes, les héritiers et disciples de Phily-Jo se lancent tour à tour dans une quête de vérité qui les mène au cœur du Texas, ses couloirs de la mort et ses champs pétrolifères. Mais qui croire, à la fin ?
Avec un humour décapant, Qui se souviendra de Phily-Jo ? est le roman de toutes les manipulations –emprise du capitalisme, mensonge, complot, ou pouvoir du récit… Vertigineux et époustouflant !
Richard Powers – Sidérations
2021 / 2023
S’il ne fallait résumer cet éblouissant roman qu’en un seul mot ce serait : empathie. Je crois ne pas avoir lu de texte poussant cette capacité aussi loin, dans autant de directions et avec autant de profondeur.
Richard Powers propose un roman à nul autre pareil, original par son approche et son traitement, bouleversant par la description de cette relation filiale. Un voyage vers l’infini, tout autant qu’à travers les merveilles menacées de notre monde. Un voyage intérieur aussi.
Un pari osé qui tient autant de l’observation de notre terre et de l’univers tout entier, que d’une ode à l’imagination. Le tout écrit avec une sensibilité à fleur de peau mais qui ne tombe jamais dans le pathos. Les émotions vécues en seront d’autant plus vraies et puissantes.
Entre questions existentielles et réflexions au plus profond de l’intime, ce roman raconte le destin de ces deux personnages autant que celui de notre monde. Avec un récit réellement inventif, qui n’oublie pas de conter une histoire.
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4ème de couverture :
Depuis la mort de sa femme, Theo Byrne, un astro-biologiste, élève seul Robin, leur enfant de neuf ans. Attachant et sensible, le jeune garçon se passionne pour les animaux qu’il peut dessiner des heures durant. Mais il est aussi sujet à des crises de rage qui laissent son père démuni.
Pour l’apaiser, ce dernier l’emmène camper dans la nature ou visiter le cosmos. Chaque soir, père et fils explorent ensemble une exoplanète et tentent de percer le mystère de l’origine de la vie.
Le retour à la ” réalité ” est souvent brutal. Quand Robin est exclu de l’école à la suite d’une nouvelle crise, son père est mis en demeure de le faire soigner.
Au mal-être et à la singularité de l’enfant, les médecins ne répondent que par la médication. Refusant cette option, Theo se tourne vers un neurologue conduisant une thérapie expérimentale digne d’un roman de science- fiction. Par le biais de l’intelligence artificielle, Robin va s’entraîner à développer son empathie et à contrôler ses émotions.
Après quelques séances, les résultats sont stupéfiants.
Mettant en scène un père et son fils dans une Amérique au bord du chaos politique et climatique, Richard Powers signe un roman magistral, brillant d’intelligence et d’une rare force émotionnelle, questionnant notre place dans l’univers et nous amenant à reconsidérer nos liens avec le vivant.
Michael Christie – Lorsque le dernier arbre
Editeurs : Albin Michel – Le livre de poche
2021 / 2023
Il est des hommes comme des arbres, les moments forts sont inscrits dans leur chair. Ils sont liés entre eux, qu’ils le veuillent ou non, à travers leurs racines et au fil du temps. La vie d’un arbre se lit à travers ses anneaux, sa croissance, comme cartographié. Michael Christie a utilisé cette trame comme chemin narratif pour raconter l’histoire d’une famille canadienne sur quatre générations. Y compris le futur.
Quelle formidable idée que de lier un dysfonctionnement familial à celui de la nature. Quelle épatante manière de montrer que la transmission de la dégradation de l’environnement peut se voir en parallèle avec la détérioration d’une famille.
Ce qui frappe dans ce livre, c’est l’intelligence des parallèles. Entre les générations, entre les époques. Admirable construction du « Grand Dépérissement » de 2038 qui est à comparer à la « Grande Dépression » des années 1930.
Michael Christie est un conteur sublime, transcendé par une histoire qui dépasse les temps, les frontières et les âmes. Atypique par essence. Du grand art.
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4ème de couverture :
2038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en un désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée, au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?
Anouk Langaney – Clark
Editeur : L’Atalante / Collection : Fusion
2021
Clark est un roman qui nous arrive dans son plus bel ABI, même sans la cape. Oui, ce roman est Atypique, Barré et Inclassable.
Qu’on soit clair, Clark n’est absolument pas un roman de SF, ni un livre pour un public circonscrit. Au contraire ! Ce texte noir, original, a de quoi parler à nombre de lecteurs. Ceux qui aiment les écritures marquées, ceux touchés par les relations familiales complexes ou encore les enjeux de notre société en danger.
Les armes de l’écrivaine ? L’humour noir, un ton décalé, une vision sombre de l’avenir, un brin de paranoïa. Et une appétence claire pour tout ce qui concerne l’éducation (elle est enseignante dans son autre vie).
Clark est un divertissement étonnant, doublé d’une vision acerbe du monde, couplé à un fantasme d’éducation flippant. Sauver le monde par procuration n’est pas une mission aisée, Anouk Langaney en a une approche singulière.
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4ème de couverture :
” … et hop ! coincée. Pas mal, non ? Avoue que tu ne t’y attendais pas, à celle-là ! Tu coupes les ponts, tu pars au bout du monde, tu restes dix ans sans donner la moindre nouvelle ; quand je tente de reprendre contact, paf ! tu me flanques hors de ta maison et de ta vie, sans l’ombre d’une hésitation… et te voilà malgré tout obligée de me lire. On sous-estime toujours sa vieille mère. ”
Le livre est construit sous la forme de lettres d’une mère à sa fille. C’est la confession dramatique et drôle d’une femme indépendante. Elle raconte sa vie, l’arrivée de ses trois enfants, et l’incroyable projet qu’elle imagine pour sauver le monde ; à moins que ce soit pour se sauver, elle. Clark est le prénom de son fils, qu’elle tente de transformer en super-héros. L’ambition tourne à la fabrique d’un monstre. Mais qui est le véritable monstre de ce drame ?
Stuart Turton – L’étrange traversée du Saardam
2022 / 2023
Avis aux amateurs de mystères à résoudre et qui cherchent autre chose que les sempiternelles enquêtes policières vues et revues. Aux lecteurs avides d’aventures et d’atmosphères uniques.
L’ambiance développée par l’auteur est incroyable. Immersive pour le moins, à l’ancienne mais avec une pointe de modernité qui en rajoute sur l’étrangeté de cette expédition.
L’étrange traversée du Saardam va vous bringuebaler de bâbord à tribord, de fond de cale en haut du grand mat, à travers une intrigue démente qui vous ballottera entre logique et fanatisme.
Stuart Turton est un auteur unique, qui construit des histoires qui semblent folles mais où le moindre détail est pensé, pesé, pour jouer avec le lecteur et rendre le dénouement encore plus étourdissant.
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4ème de couverture :
Vous aimez Jules Verne, Agatha Christie et Conan Doyle ? Avec ce nouveau puzzle aussi passionnant qu’étourdissant, Stuart Turton vous embarque dans une traversée diabolique !
1634. Le Saardam quitte les Indes néerlandaises pour Amsterdam. À son bord : le gouverneur de l’île de Batavia, sa femme et sa fille. Au fond de la cale, un prisonnier : le célèbre détective Samuel Pipps, victime d’une sombre affaire.
Alors que la traversée s’avère difficile et périlleuse, les voyageurs doivent faire face à d’étranges événements. Un symbole en lettres de sang apparaît sur la grand-voile, une voix terrifiante se fait entendre dans la nuit, et bientôt on retrouve un cadavre dans une cabine fermée de l’intérieur. Le bateau serait-il hanté, ses occupants maudits ? Aucune explication rationnelle ne semble possible. Et l’enquête s’avère particulièrement délicate, entre les superstitions des uns et les secrets des autres.
Catégories :Littérature
Alors si ils sont inclassables, ils sont pour moi aussi, hein ? 😁😋🤩
voilà 😉
😁😋
Je n’ai lu que Stuart Turton que j’ai adoré, un coup de cœur.
Et j’ai “lorsque le dernier arbre” . Ne me dis pas que je dois découvrir les autres!!!😅😘
tu sais que tu peux me faire confiance ! 😉
On m’a offert Sidération… je devrais le sortir de ma PAL, si je comprends bien 😊
un livre singulier, différent de ce que tu lis habituellement, mais c’est bien de changer 😉
Sidérations et Lorsque le dernier arbre ♥️ : je me souviens exactement de mes émotions de lecture 📖. J’ai le Turton, j’aimerais biens dégager du temps pour m’y plonger
des livres qu’on n’oublie pas, assurément !