Mo Malo est un peu ours, c’est lui-même qui le dit. Il semble donc logique de le voir partir sur les traces de l’esprit de Nanook, sur les terres glacées du Groenland, qui ont servi de terrain de jeu à quatre de ses polars.
Aventure en terres glacées
La Mélancolie de l’ours polaire est à la fois un essai et un récit d’aventure, relatant sa deuxième expédition sur place. Voilà un livre témoignage et de réflexion, absolument passionnant, même sans connaître l’auteur de Qaanaaq, Diskø, Nuuk et Summit. Et lorsque l’on est familiarisé avec l’univers de l’auteur, et lorsque, comme moi, on a eu le plaisir de le côtoyer lors de salons littéraires, le plaisir en est décuplé.
C’est une triple dose d’émotions et un véritable enrichissement personnel à travers cette expédition marquante, qui révèle autant du mémoire de voyage et du récit introspectif.
Une histoire vraie qui se lit comme un roman ! Le talent de conteur de l’auteur est mis en œuvre pour donner rythme et profondeur à cette expérience personnelle.
Tout sauf touristique
Vous participerez réellement à cette aventure, éprouverez les ressentis physiques et émotionnels, les moments de découragement, les questionnements et les doutes d’une expédition qui se transforme en enquête. A la découverte des habitants, de leurs traditions. À peine 56 000 groenlandais sur la plus grande île du monde.
C’est l’opposé d’un voyage touristique, ce périple a été vécu au plus près des habitants d’un petit village perdu. Pas du genre à accueillir les touristes à bras ouverts, mieux vaut être coopté pour vivre réellement quelques jours comme eux.
A découvrir à quel point les traditions sont encore présentes dans le quotidien, malgré les effets croissants de la modernité et du dérèglement climatique.
Esprit ouvert
Peinez-vous à imaginer ce que l’on ressent après 12 heures passées sur un traîneau tiré par des chiens, par -30°C ? Comment se déroule la vie dans de telles conditions extrêmes ? Après ces presque 350 pages, vous comprendrez, ressentirez, à quel point Mo Malo est talentueux pour décrire et nous transporter littéralement avec lui.
Un récit à aborder avec l’esprit ouvert, en mettant de côté notre perspective européenne autant que possible. La vie au Groenland ne peut être comparée à celle en France, à bien des égards.
Il en est ainsi de l’activité de la chasse, principalement celle du phoque, mais aussi de l’ours. Si vous êtes un lecteur ouvert, prêt à mettre de côté votre vision occidentale, et à prendre de la hauteur pour tenter de comprendre ce mode de vie, vous serez à l’écoute sur le sujet qui fait partie intégrante de la tradition et revêt un caractère vital, une question de vie ou de mort pour ce village reculé. C’est une violence quotidienne qui peut s’accompagner d’un certain respect pour l’âme des animaux dans la manière de les tuer.
Initiatique
C’est un sujet complexe que l’auteur réussit à dépassionner, en suscitant des réflexions intéressantes et profondes. Pour tenter d’entrer en l’empathie pour un mode de vie et de pensée très opposé au nôtre. Comprendre, apprendre, découvrir l’inconnu. Comprendre également les effets du climat sur cette région du monde, et par extension, sur la nôtre.
Ce texte est initiatique, l’homme / écrivain sortant de sa zone de confort pour se découvrir, trouver sa place au retour et prendre une autre dimension. Allant même jusqu’à mettre sa vie littéralement en danger. C’est un livre très personnel, où l’homme / ours sort de sa tanière et se dévoile.
La Mélancolie de l’ours polaire est bien davantage qu’une retranscription d’une expédition, c’est une aventure humaine profonde, portée par la sincérité et le talent de Mo Malo, qui a effleuré des questions existentielles et humanistes. Un livre d’une profondeur touchante.
Lien vers l’interview de Mo Malo au sujet de “La mélancolie de l’ours polaire”
Yvan Fauth
Sortie : 14 septembre 2023
Éditeur : Paulsen
Genre : récit d’aventure
Prix : 21 €
4ème de couverture
L’auteur de polars polaires Mo Malø a vécu en immersion parmi les chasseurs d’ours du Groenland pour mieux enquêter sur cette tradition millénaire qui perdure dans un monde où l’animal est aujourd’hui le porte-parole du changement climatique.
Groenland, 74e parallèle Nord, 450 habitants coupés du reste du monde par la banquise hivernale, dont une poignée de chasseurs d’ours polaires. A priori, pas le genre de personnes à ouvrir facilement leur porte. Et pourtant…
À raison de virées de près de douze heures d’affilée à traîneaux par -30°C, en immersion totale, Mo Malø a suivi la traque de l’animal emblématique sur ces immensités septentrionales et vécu une aventure humaine auprès des Groenlandais qui l’ont initié à cette pratique. Il a tenté de mieux comprendre la perpétuation de cette tradition ancestrale dans un monde en mutation accélérée, où l’ours symbolise plus que jamais le dérèglement climatique et notre conscience écologique. Le récit de ce cache-cache entre le nanook et les humains permet de toucher du doigt la mélancolie de cet ” éternel errant “, spolié de ses terres, et de montrer à quel point leurs destins sont liés.
Catégories :Littérature
Mo Malo devient mon Mike Horn à moi. Voilà une lecture qui change et j’adore ça. Lors de notre voyage en Alaska, la chasse à la baleine avait été une question posée aussi pour ce
Peuple qui vit au bout du monde. Pareil ici. Un témoignage qui doit se lire comme un roman et où on apprend énormément de choses. Et puis… MO Malo est aussi intelligent que passionnant, je ne doute pas des grandes qualités de ce livre.
tu devrais tenter l’aventure, avec tes voyages passés je suis certain que ça ne serait qu’enrichissement
J’aime beaucoup ce genre de livre d’aventure. Et encore plus lorsque cela se passe dans des contrées lointaines et froides. Je pense que je vais me régaler. Merci.
tu vas faire un sacré voyage ! (y compris intérieur)
Oh n dirait que Fred a pensé à moi en relatant son aventure groenlandaise.
Celui-ci je vais le lire c’est certain.
Merci mon ami pour ce beau retour ! 😛
tu te prends aussi pour un ours ? 😉
Non je vis avec une ourse….Moi je suis plutôt une louve alpha 😉 ahaha 😁😅