Comme si nous étions des fantômes – Philip Gray

Tout aurait déjà été dit sur 14-18 ? Que nenni.

Comme si nous étions des fantômes de Philip Gray nous plonge dans les tranchées de la Grande Guerre, ou plutôt juste après, près d’Amiens en 1919. Au moment où il fallait nettoyer les champs de bataille de leurs cadavres, pour rendre la terre aux français. Vaste et terrible chantier…

Imaginez l’horreur que vivaient ces hommes à vider les fosses des boyaux humains, à purger les sillons des chairs et sangs alliés et ennemis.

Des chinois à la guerre

On le sait peu, mais le commandement de l’armée britannique a fortement fait appel à de la main-d’œuvre étrangère pour ce sale boulot. 140 000 Chinois présents à partir de 1916 pour les travaux de terrassement et de nettoyage, pour seulement 40 000 sous autorité française.

L’écrivain trouve ainsi plusieurs angles d’attaque surprenants pour raconter la première guerre mondiale à sa manière. A chaud (l’après bataille fait partie de cette guerre), mais tout de même avec un petit recul pour raconter l’indicible.

La manière dont ont été traités ces Chinois est l’un de ces éclairages, la présence de la drogue au sein des troupes en est un autre.

Guerre dans la guerre

Amy est une jeune Anglaise de bonne famille, qui a vu son amoureux envoyé sur le front. Il a été porté disparu, mais l’espoir peut faire croire aux miracles. La voilà à faire son enquête sur place, dans la boue et les tripes. La seule femme à crapahuter dans ce charnier, à croire encore à l’impossible.

C’est lors de ses recherches qu’elle découvre que treize cadavres ont été retrouvés à l’endroit où aurait disparu son amant, des meurtres qui ne semblent pas être de la responsabilité des Allemands…

L’histoire nous immerge dans une guerre dans la guerre, aux côtés d’Amy, mais aussi d’un prévôt, ancien enquêteur de Scotland Yard (la prévôté est la gendarmerie aux armées).

Autant drame historique qu’un thriller

Le roman est autant un drame historique qu’un thriller, autant un roman de guerre qu’une enquête à la poursuite d’un ou plusieurs tueurs. Et une histoire d’amour.

Il est dense, mais prenant par son rythme et sa manière de mettre l’Histoire en perspective au profit d’une intrigue personnelle qui rend les personnages vraiment intéressants.

Le livre est écrit avec soin, une plume qui aide à mettre en images et en émotions la somme de recherches considérables qu’a dû demander le roman. L’écrivain anglais cherche à faire passer les ressentis des protagonistes, avec réussite.

Quant à l’enquête, elle est étonnante, originale, éclairante (et accablante).

Philip Gray nous fait vivre, Comme si nous étions des fantômes, un pan de notre histoire à travers une intrigue étonnante. Autant histoire de vie que polar historique, le roman réussit à nous faire découvrir des aspects passionnants (et terrifiants) de la Grande Guerre.

Yvan Fauth

Sortie : 07 septembre 2023

Éditeur : Sonatine

Traduction : Élodie Leplat

Genre : fiction et polar historiques

Prix : 23,90 €

4ème de couverture

Vous avez aimé Au revoir là-haut Un long dimanche de fiançailles ? Vous allez adorer Comme si nous étions des fantômes.

Amiens, 1919. Les champs de bataille de la Somme sont désormais silencieux. Ne restent que quelques hommes qui rassemblent les dépouilles pour tenter de les identifier. Amy, une jeune femme arrivée d’Angleterre, cherche à retrouver l’homme qu’elle aime, Edward, porté disparu. Dans la tranchée où celui-ci a été vu pour la dernière fois, treize cadavres ont été retrouvés. Il apparaît bien vite que leur mort n’a rien à voir avec les combats, ni avec l’armée allemande.

S’inspirant de l’expérience de son grand-père, combattant de la grande guerre, Philip Gray fait preuve d’un réalisme rarement égalé, que ce soit dans la description des champs de bataille ou dans certains aspects souvent passés sous silence de cette période, tels le racisme ou la drogue. Outre une empathie rare pour ses personnages, il se révèle également un bâtisseur d’intrigue hors pair, qui parvient à maintenir le mystère jusqu’à la toute dernière page de son roman.



Catégories :Littérature

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12 réponses

  1. Oh que tu donnes envie. Merci à toi. C’est un pan de l’Histoire qui m’intéresse énormément. Je note 🙏😘

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est vraiment intéressant et rarement traité !

  2. Je note aussi, j’avais beaucoup aimé “Un long dimanche de fiançailles”, auquel il est fait référence dans la quatrième de couverture, et ce que tu en dis m’incite vivement.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est quand même différent, deux histoires qui ont leur propre personnalité

  3. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    J’ai toujours un peu de mal avec la première guerre mais je le tenterai. Il y a l’air d’avoir beaucoup de thématiques intéressantes dans ce roman, et ça j’adore ♥️

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est un livre (juste) après la guerre donc ça peut aider à ton blocage ;). Franchement ça vaut le coup

  4. Je vais peut-être me laisser tenter. J’ai déjà lu pas mal de livres sur la guerre de 14-18 en plus des deux cités sur la 4° de couverture.
    Étant bibliothécaire bénévole j’aime bien aussi parler de ceux que j’ai lu. Et les conseiller. Sur ce sujet il m’en vient 3 ou 4 à l’esprit.
    Tranchecaille de Patrick Pécherot ; Les carnets de guerre de Victorien Mars de Maxence Fermine ; Frères d’âmes de David Diop qui traite des soldats africains dans les tranchées et qui pour la plupart ne parlaient pas français ; et le dernier en date, lu récemment, Le Soldat désaccordé de Gilles Marchand (Prix des libraires 2023)
    Et voilà ! Bonne lecture et merci à toi.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Merci pour les conseils et bonne future lecture !

  5. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    tu m’intrigues là !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      premier roman, en plus 😉

Rétroliens

  1. Comme si nous étions des fantômes – Philip Gray – Amicalement noir

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