Alerte orange, avis de grand froid et bourrasques de vent violent sur les Vosges. La tempête « Lebel » secouera fortement les hauteurs et les vignobles, des risques importants sont à prévoir pour les personnes obligées de s’y déplacer. Prenez toutes vos précautions.
D’autant plus que cette dépression atmosphérique rentrera frontalement en conflit avec deux autres épisodes déjà en place depuis deux ans. La tornade « Chen » et le tourbillon nommé « Les furies ». Les prévisions annoncent un accrochage général sur les sommets vosgiens.
Double jeu
Double jeu, tel pourrait être le résumé de ce troisième épisode des péripéties endiablées d’Yvonne Chen, confrontée à l’organisation criminelle des Furies. Une histoire qui sonne réellement L’hallali, tant Yvonne se retrouve aux abois. Nicolas Lebel ne lui rend décidément pas la vie facile.
Chen est à ce point antipathique qu’elle en est devenue éminemment sympathique au fil des trois romans qui la mettent en scène. Sa misanthropie, sous la plume d’un auteur inspiré, est assez jubilatoire.
Elle n’aime décidément personne, pas même les animaux, c’est dire. La seule personne qui trouvait un minimum grâce à ses yeux a été assassinée par ces énigmatiques Furies dans Le gibier. Depuis, son seul vrai compagnon est le Mojito.
Qui sonnera L’hallali cette fois-ci ? Les chiens sont lâchés, la curée est proche, à voir qui restera encore entier à la fin.
La montagne, ça vous gagne
Une situation instable, d’autant plus que l’on retrouve Yvonne exclue de la Police au début du roman, déchargée de ses attributions. Vérité ou faux-semblant ?
Direction les Vosges, donc. Sur les hauteurs alsaciennes, non loin de Colmar, mais à une altitude suffisamment élevée pour qu’il fasse vraiment froid. C’est là qu’est fabriqué un vin d’exception, dit vin de glace. Dont certaines bouteilles s’arrachent à des prix délirants.
Bienvenue dans un domaine prestigieux qui très vite révèle son secret : il est au bord de la faillite.
Un endroit, un contexte, des conditions qui vont permettre à Nicolas Lebel de rejouer la partition du huis-clos, version « on se caille les miches ».
Cette variante vinicole est du Lebel pur jus. Avec toujours ce mélange d’humour et de thèmes plus sérieux. Et une manière de jouer avec les grandes ambiances du polar, ici le huis-clos. Pour l’agrémenter à sa sauce, en mystifiant le lecteur, en s’amusant avec les apparences, en version trompe-l’œil.
Pur jus
L’ambiance est tendue, mais toujours avec ce brin de légèreté caractéristique des romans de l’auteur, à coups de tirades bien senties.
Si vous ne connaissez pas encore le sieur Lebel, rien ne vous empêche de le découvrir avec L’Hallali, extension du domaine de la chasse précédente, mais qui peut aussi se suffire à lui-même.
L’intrigue pourrait sembler un peu convenue au départ, mais il faut toujours se méfier d’un Lebel embusqué, vous serez pris au piège, croyez-moi.
Yvonne Chen, même mal embouch(onn)ée, est à l’heure du choix, au moment où sonne L’hallali. Pour cette troisième enquête, Nicolas Lebel a concocté un polar tonique et tannique, entre acidité et moelleux, qui se révèle au fil des pages plus ample qu’il n’y parait.
Un récit capiteux qui monte peu à peu à la tête. Les amateurs des crus Lebel apprécieront, j’en fait partie.
Lien vers mon interview de Nicolas Lebel au sujet de “L’hallali”
Yvan Fauth
Sortie : 09 mars 2023
Éditeur : Lattès / Le masque
Genre : Polar
Prix : 21,90 €
4ème de couverture
À jouer double, on perd de vue sa cible
Yvonne Chen n’a pas d’amis et elle n’en veut pas : ils l’ennuient ou finissent par mourir. Lorsque, en ce 5 janvier, son téléphone sonne, elle sait donc que ce n’est pas un ami qui l’appelle.
Les Furies, ces tueurs à gages sans foi ni loi, sont de retour et leur chef Alecto propose à Chen de participer à l’une de leurs danses. Deux frères se disputent le
contrôle d’un prestigieux vignoble dans les Vosges et, d’après le commanditaire anonyme, il ne doit en rester qu’un.
Chen, l’ex-flic de la Crim, aujourd’hui agent infiltré de la DGSI, accepte la mission : l’occasion rêvée pour elle de piéger enfin ces assassins. Lancée dans un jeu de faux-semblants au coeur d’un hiver glacial, Yvonne va devoir décider de quoi elle est l’instrument. La justice ou bien le châtiment ?
Tout bascule quand les fantômes du domaine s’en mêlent. Eux aussi réclament vengeance.
Un nouveau polar renversant porté par l’humour et le talent d’illusionniste de Nicolas Lebel, où chaque hypothèse du lecteur se voit pulvérisée page après page jusqu’à la révélation finale.
Catégories :Littérature
Avec Lebel j’ai déjà découvert la « côte rôtie » . J’ai hâte de goûter ce dernier cru, en commande chez mon caviste de libraire.
Excellente cette chronique Yvan. J’aime bien quand tu joues avec les mots comme ça. Merci à toi 🤗😘
Ok, je le lirai avec une petite laine ou alors, un jour de canicule :p
Au fait, moi, dès que j’entends le mot “hallali”, je pense à la chanson :
♫ C’est l’heure de sonner l’hallali
La bête doit mourir ce matin ♪
Oui, “requiem pour un fou” que je t’entends déjà chanter à tue-tête…. PTDR
Arrête de faire ça 🙈🙈🙈🤣
C’est plus fort que moi ♫
Si j’avais eu un doute, le “Lebel pur jus” m’aurait convaincue… mais je n’avais pas de doute et c’est probablement ma prochaine lecture !