Interview Nicolas Lebel – L’hallali

1 livre et 5 questions pour permettre à son auteur de présenter son œuvre

5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger

Interview NICOLAS LEBEL

L’hallali

Editeur : Le masque

Sortie : 09 mars 2023

Lien vers ma chronique du roman

Avis de grand froid dans ce nouveau roman, où tu joues à ta manière avec le concept du huis clos…

Les neiges des Vosges, un sommet désolé battu par les vents, où trône un château médiéval… C’est effectivement dans une arène bien différente de Morguélen (La Capture) que vont s’affronter tous les concurrents du tournoi qui s’annonce, car avant d’être cette sonnerie de chasse annonçant la mise à mort de la proie, l’hallali était le cri de guerre du combattant se lançant dans la mêlée. Et ce bain de sang doit effectivement se tenir à l’écart d’éventuels témoins, car les Furies comme la DGSI ne travaillent que dans l’ombre…

” Je crois que je les envie. Je crois aussi que, secrètement, on déteste les gens qui sont plus libres que nous “

Ton personnage d’Yvonne Chen, toujours imbuvable et donc toujours aussi attachante, se retrouve face à une situation particulièrement inconfortable…

Chen est avant tout, je crois, une femme libre. Elle se moque de ce que l’on peut penser d’elle, de ses choix, des convenances, de la hiérarchie. Elle assume ses envies et choisit ses devoirs, selon une éthique toute personnelle. Elle ne cherche pas d’allégeance à un chef ou à un camp. C’est sûrement ce qui fait d’elle un matériau volatile, explosif, que les hommes qui l’entourent et qui tentent de l’attirer à eux, peinent à cerner et à contenir. La situation de Chen devient inconfortable lorsqu’elle comprend dans les arguments que chaque camp lui donne, qu’elle devra faire un choix définitif et qu’à ce moment, des gens mourront.

Les adjectifs mentionnés sont aussi ceux qu’on utilise pour Mehrlicht. J’aime mettre en scène des personnages qui ont cette liberté de ton (Mehrlicht est bien pire !) Je crois que je les envie. Je crois aussi que, secrètement, on déteste les gens qui sont plus libres que nous.

Entre la danse imaginée par l’organisation criminelle des Furies et la machinerie des services secrets français, la situation devient vite explosive…

Mécanique, machinerie, machination… Il s’agit bien d’une usine à gaz quand les deux intrigues se télescopent, quand les camps aux objectifs opposés se percutent. Et l’explosion aura bien lieu. Le compte-à-rebours est lancé dès la première page. Mais qui a posé la bombe ? À quel endroit ? Qui est la cible… ou le gibier ? À mesure que l’histoire se déploie, le lecteur a accès aux points de vue de chacun des protagonistes, comprend ses objectifs, y adhère ou pas. Parce que lui aussi doit se choisir un camp. Selon un principe tout hitchcockien, la « direction du spectateur », le lecteur est toujours du côté de celui qui agit et qui justifie son action. Il se retrouve ainsi à épouser les buts d’un camp puis ceux de l’autre, à tour de rôle, puisque comme, Chen évoluant de l’un à l’autre, il doit choisir… avant l’explosion !

” J’aime jouer avec le compteur émotionnel du lecteur, sortir une petite vanne bien sentie avant de le cueillir avec un bon coup de tranchoir derrière les oreilles, pour le faire rire, vibrer, frissonner, pleurer même “

Cette confrontation te permet vraiment de mettre en valeur ton humour (noir) devenu légendaire, tout en sachant redevenir sérieux lorsqu’il le faut…

On ne devient pas quelqu’un d’autre quand on se pose à sa table de travail ! Je suis un fervent disciple du « Vivons heureux en attendant la mort » de Desproges. Alors, je bute des personnages avec le sourire, parfois les personnages principaux, ça leur apprendra. Ces passages drôles, souvent cyniques, sont le revers de chapitres plus sombres.

J’aime jouer avec le compteur émotionnel du lecteur, sortir une petite vanne bien sentie avant de le cueillir avec un bon coup de tranchoir derrière les oreilles, pour le faire rire, vibrer, frissonner, pleurer même (Certains me reprochent encore d’avoir tué Jacques, neuf ans après !), réfléchir aussi, parce que la littérature, même noire, ça sert à ça !

Sans trop en dire, est-ce la fin d’un cycle pour toi, ou pas ?

Le prochain roman qui sortira en 2024 sera un one-shot, sans Chen ni Mehrlicht donc. Concernant les Furies, je ne sais pas encore si on retrouvera ces personnages dans un roman. Certainement. Ils m’amusent beaucoup, c’est le plus important. En revanche, j’aimerais bien une déclinaison en série télé. Il y a déjà des projets d’adaptation du Gibier.

Et puis, Mehrlicht commence à grogner. C’est jamais bon signe…

© Patrice Normand



Catégories :Interviews littéraires

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8 réponses

  1. Autant je m’étais régalé avec LE GIBIER, autant LA CAPTURE m’avait laissé de marbre. En espérant retrouver cet humour décapant et ses personnages attachants dans ce 3ème opus.

  2. J’ai adoré ce troisième volet des aventures des Furies, ça monte en puissance. Je déteste toujours, autant que j’adore, l’auteur… Faire pleurer les lecteurs, ne rêve pas quand même Nicolas… ah oui, Jacques… je n’ai pas “aimé” mais tu sais que si tu touches à notre héros préféré gare aux représailles…
    Prendre parti ? ben… ni l’un, ni l’autre, encore que… je n’ai pas pleuré à la fin lol.
    Un one shot sera le bienvenu, j’aime ce rythme, j’en ai marre des héros récurrents, sauf… de Mehrlicht, lui il peut revenir : il grogne, fait attention qu’il ne morde pas, Nicolas ! ça pourrait être fatal. Et surtout continue à nous faire rire, j’aime ton humour même quand il est un peu “too much”.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est ce qu’on appelle un joli cri du cœur 😉

  3. J’aime bien l’idée du tranchoir derrière les oreilles.
    Merci à vous deux pour ce bel échange. 🙏😘

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      eheh 😉

  4. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Je vous lirai Messieurs quand j’aurai lu ce troisième opus.
    Alors à très vite 🖤

  5. J’aime bien l’image. 😂

Rétroliens

  1. L'hallali - Nicolas Lebel - EmOtionS, blog littéraire

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