1 livre et 5 questions pour permettre à son auteur de présenter son œuvre

5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger

Interview CHRYSTEL DUCHAMP

L’île des souvenirs

Editeur : L’Archipel

Sortie : 09 mars 2023

Lien vers ma chronique du roman

Tu as beau écrire du roman noir, tu ne te laisses décidément jamais enfermer dans la même histoire…

M’enfermer dans la même histoire est ma plus grande crainte. J’ai besoin de me renouveler à chaque roman pour 3 raisons. La première : je veux surprendre les lecteurs et ne pas leur servir une recette à laquelle ils ont déjà goûté. La deuxième : j’aime me mettre en danger et je refuse de céder à la « facilité ». La troisième : écrire est pour moi synonyme de liberté. De trop nombreuses contraintes jalonnent notre quotidien et je n’en veux aucune dans l’écriture. Sur une page blanche, tout est possible : changer de décor, de personnages, d’ambiance, de structure narrative, de ton… Un roman est un bac à sable dans lequel je veux m’amuser.

Ce qui frappe, une fois encore, c’est la construction atypique de ton intrigue…

Avant d’être romancière, je suis graphiste. J’accorde donc beaucoup d’importance à la forme. Quand je me penche sur un nouveau roman, je commence par un pitch global avec un début et une fin et, en parallèle, vient la structure du récit. Que cet aspect soit présent dès le début de ma réflexion montre à quel point il est important pour moi. Réfléchir à des constructions pertinentes sert le récit, mais cela me permet aussi de ne pas m’ennuyer dans l’écriture puisque le chemin que j’emprunte n’est jamais le même. Cela m’encourage à prendre des risques et à me renouveler. La boucle est bouclée avec ta première question !

 » J’ai compris que notre mental pouvait parfois agir indépendamment de notre volonté et de notre corps, sans même que nous en ayons conscience « 

Ce roman est très fouillé psychologiquement, tu creuses profond…

Ce roman a pris naissance à une période de ma vie où j’ai été amenée à investir ma propre psychologie. Sans entrer dans des détails trop personnels, j’ai compris que notre mental pouvait parfois agir indépendamment de notre volonté et de notre corps, sans même que nous en ayons conscience. Ce « mental » que nous pensons si bien connaître, est en réalité un puits sans fond qui renferme de nombreux secrets. L’être humain, sa psychologie et ses failles me fascinent. J’aime beaucoup écouter les gens, leurs récits de vie… Mes amis te confirmeraient que je suis une oreille attentive. Si je n’avais pas été graphiste, j’aurais été psychologue. Les gens ont beaucoup de choses à raconter et en cela, ils sont des sources intarissables d’inspiration.

 » Les derniers chapitres me demandent énormément de travail. Je tiens à ce que la conclusion soit réussie « 

On retrouve ton amour de l’art, d’une autre manière (jusqu’à la couverture)…

« L’île des morts », une peinture de Böcklin, est en effet un personnage à part entière. Cette œuvre lie les protagonistes et joue son propre rôle. J’aime faire intervenir des acteurs autres qu’humains. La maison dans « Le sang des Belasko », l’écureuil dans « L’île des souvenirs », les photographies dans « L’art du meurtre »… L’art s’impose de plus en plus comme le fil conducteur de mes romans, même s’il n’en est pas forcément le sujet principal. J’aime l’art pictural. Il est chargé d’une symbolique que je trouve intéressante à décliner. Quant à la couverture, réalisée par Eric Barge, mon conjoint, j’en suis très fière. Non seulement elle illustre parfaitement le récit, mais elle peut aussi servir de support de référence aux lecteurs et les immerger encore plus dans l’histoire.

Jusqu’au bout le lecteur va croire qu’il a tout compris. Ah, l’art de la fin réussie dans un thriller…

Le lecteur va croire qu’il a tout compris, mais il n’aura rien compris et je vais, en plus, lui donner une – gentille – leçon. Pour moi, il est important que la fin soit surprenante et qu’elle amène le lecteur à une réflexion. Je ne peux pas imaginer me lancer dans l’écriture d’un nouveau roman sans avoir une fin solide en tête. Les derniers chapitres me demandent énormément de travail. Je tiens à ce que la conclusion soit réussie. Je compare souvent les romans aux restaurants. Si tout le menu est délicieux, mais que le dessert est raté, nous n’en garderons qu’un souvenir mitigé. Pour les polars, c’est pareil !

Catégories :Interviews littéraires

Tags:Chrystel Duchamp, Entretien, Interview, L'Archipel, Thriller