Une discussion animée entre pairs. L’écrivain Yvan Robin présente son confrère de littérature noire avant de lui poser nombre de questions fouillées. Une belle occasion de mieux découvrir le discret, mais si talentueux Hervé Le Corre et sa Mélancolie révolutionnaire.
Quelques mots pour présenter le contexte. Playlist Society est une maison d’édition indépendante qui publie de petits livres sur l’art, la musique, le cinéma, la littérature ou encore les jeux vidéo, en poussant la réflexion sur la culture. La maison a été fondée par l’auteur Benjamin Fogel qui en est aussi l’éditeur, autant dire qu’il sait de quoi il retourne.
Dans ce petit livre qui tient dans la poche, après quelques pages d’une biographie parlante, l’essentiel s’appuie sur un long entretien entre les deux auteurs. Une interview sans langue de bois, du genre que vous ne verrez nulle part ailleurs, loin de l’exercice commercial.
L’échange tourne autour des différents romans de Le Corre, sur les décennies traversées, pour comprendre l’homme autant que son œuvre, un peu de son passé, ses influences, ses engagements, ses pensées, son évolution, sa manière de travailler.
Un dialogue franc et direct, avec un interviewé qui le vit avec engagement, à l’image de ses romans. Tout y est, même les quelques « frictions », l’interviewé ne se gênant aucunement pour faire savoir son désaccord face à certaines assertions.
Hervé Le Corre est une plume exceptionnelle, et une vraie personnalité, habituellement assez pudique. Le découvrir ainsi sans fard est une vraie richesse et éclaire ses romans et son univers de belle manière. Un avis de lecture, ça compte, mais les propres mots d’un écrivain ont toujours plus de valeurs.
Écouter, comprendre, réfléchir, voilà le genre d’entretien qui permet à tous les passionnés de littérature de s’aventurer sur les chemins de traverse d’un auteur, dans l’ombre de son brasier pour traverser la nuit.
Un passionnant cheminement qui ne pourra que donner encore davantage envie de se plonger dans toute l’œuvre de Hervé Le Corre et de mieux cerner cette Mélancolie révolutionnaire.
A ce titre, je ne peux que conseiller de lire au plus vite son dernier livre, Qui après nous vivrez, une merveille de roman noir qui anticipe notre futur. Un vrai bijou qui marquera durablement.
Playlist Society propose une collection très variée qui mérite vraiment de s’y attarder si on est curieux et avide de culture.
Yvan Robin est écrivain de romans noirs également, pour adultes comme pour adolescents, auteur entre autres de L’appétit de la destruction et du récent Bonhomme.
Yvan Fauth
Sortie : 23 avril 2024
Éditeur : Playlist Society
Genre : Livre d’entretien
Prix : 12 €
4ème de couverture
En 2004, Hervé Le Corre marque l’Histoire du roman noir français avec la publication aux éditions Rivages/noir de son cinquième roman, L’Homme aux lèvres de saphir, lauréat du Grand Prix du roman noir français de Paris. La suite de son œuvre se scinde entre polars contemporains et fresques historiques. Dans Qui après nous vivrez (2024), il imagine la survie de quatre générations de personnages, dans un monde ravagé par les épidémies, les guerres et la précarité énergétique. Ses textes remontent à la source des violences humaines. Son style, unique, mêle l’efficacité narrative des géants du polar américain au naturalisme des auteurs classiques.
Composé d’une introduction et d’un entretien, Hervé Le Corre, mélancolie révolutionnaire revient sur le parcours de cet auteur majeur, ses méthodes et ses intentions, son engagement en tant que citoyen, enseignant et romancier.
Catégories :Littérature
Je ne connaissais pas cette collection mais je vais m’y pencher. Le Corre a beaucoup de choses à dire, une rencontre en librairie n’y suffit pas 😉
Merci pour le partage de la chronique. 🙏 😘
Merci pour ta chronique et le petit rappel pour « Qui après nous vivrez » qui est dans ma PAL mais pas encore lu. Pour tout te dire, je n’ai encore jamais lu Hervé Le Corre mais je crois qu’il faut que je répare ça au plus vite. Merci Yvan ! 🙂
Il n’est jamais trop tard 😉
Ouii 😉🤗
Dans la même collection, il y avait eu (l’année dernière je crois) un entretien passionnant avec DOA. Pas encore lu celui-ci, mais j’espère avoir l’occasion de le faire, car Le Corre est effectivement un immense écrivain que je ne connais pas assez, et passer par ces entretiens doit donner envie de plonger corps et âme dans son œuvre. Merci Yvan pour l’éclairage !
Je le note