Un meurtre, une enquête. Il s’agit donc d’un polar. Sauf que… pas exactement, et même loin s’en faut. Ce serait faire preuve d’injustice envers Audrey Brière que de cantonner Les malvenus à ce genre, tant la richesse et l’étendue narrative sont immenses.
Là où tant d’autres y vont frontalement, l’autrice prend les choses de biais, porte un autre regard, décalé, sur les événements et les gens. Pour une histoire qui se révèle d’une grande profondeur et d’un foisonnement émotionnel intense. Surprenante dans les directions prises, les actes révélés et les personnages développés.
Pas dans la facilité
Pour un résultat remarquable, où les angles découpent un portrait étonnant de ce village en 1917, et où résonne une petite musique curieuse mais qui sonne juste.
Clairement, Audrey Brière ne cherche pas la facilité. Son intrigue est complexe, sa manière de la narrer élaborée, ses personnages difficiles à cerner. C’est un tout, qui donne de l’éclat à cette sombre histoire, menée avec une telle adresse et un si bon talent de conteuse que les 350 pages ne se lâchent pas.
C’est une période charnière de l’Histoire, la guerre affame la population, et pour autant certaines techniques viennent révolutionner le monde. C’est le cas de celles utilisées dans le cadre des enquêtes policières, les faisant entrer dans l’ère de la science. C’est une des clés développées dans ce roman, qui servira à ouvrir certaines portes que d’aucuns pensaient condamnées.
Anciens secrets
Des portes derrières lesquelles se cachent d’anciens secrets. Ce meurtre va déclencher des événements qui vont les révéler peu à peu aux yeux ébahis des lecteurs.
Haut-de-Cœur est un village dont la particularité est d’avoir un couvent sur ses terres, au sein duquel sont recueillis nombre d’orphelins depuis des décennies. De fait, le village se compose d’adultes directement ou indirectement liés à l’établissement religieux, y ayant grandi pour beaucoup.
Les liens tissés, les épisodes et malheurs vécus, font de cet endroit une poudrière, malgré tout l’amour qui a pu y être prodigué.
C’est dans ce contexte particulier que va se dévoiler peu à peu ce récit. Prenant au possible, surprenant tout autant, touchant également.
Audrey Brière a un talent fou pour créer une ambiance, avec une écriture qui sied à l’époque, et surtout une capacité à donner de la profondeur et de l’épaisseur. On flirte avec l’étrange parfois, plongé dans cette période de l’Histoire qui paraît si lointaine.
Sacrés personnages !
Le tout est magnifié par la grâce de personnages qui marquent les esprits, eux-aussi en marge, de ceux qu’on n’oublie pas. Comme ces deux enquêteurs pour le moins étonnants.
Un inspecteur de police du sérail, mais qui a été formé à Lyon par les plus grands. Qui a la particularité d’avoir une mémoire prodigieuse, et le défaut de manquer cruellement d’objectivité. Et puis son « assistante », qui lui vole régulièrement la vedette tout au long du récit, bardée de secrets et de douleurs cachées, capable de déductions déroutantes. Ces personnages ont une âme, assurément.
Il fallait tout cela pour que l’intrigue tienne la route. Elaborée, tordue, mais sans que jamais le lecteur ne perde le fil. Ce qui n’est pas le moindre des exploits, tant l’autrice ne cherche véritablement pas la facilité.
Les malvenus est une très belle réussite, qui se démarque par son atmosphère singulière et ses personnages qui le sont tout autant. Pour une histoire de secrets et d’émotions incroyablement prenante. Audrey Brière frappe fort avec ce roman qui dévoile un formidable talent.
Yvan Fauth
Sortie : 03 février 2023
Éditeur : Seuil
Genre : Roman noir historique
Prix : 19,90 €
4ème de couverture
1917. Alors que la Première Guerre mondiale fait rage, un homme est retrouvé mort dans une cave du village de Haut-de-Cœur, en Bourgogne. Pas mort d’un excès de froid, de faim ou de vin, comme d’autres, mais proprement égorgé.
Ici, bon nombre des habitants ont grandi sans autre père et mère que les religieuses du majestueux couvent des Ursulines. C’est le cas de l’inspecteur de police Matthias Lavau : recueilli tout petit par le couvent, il est parti faire ses armes à Paris et à Lyon avant de finalement rentrer au bercail. Son talent ? Il se souvient de tout, tout le temps. Une mémoire parfois lourde à supporter, mais dans ses enquêtes, un atout précieux.
La victime aussi est un ancien des Ursulines : Thomas Sorel, bien connu dans les alentours, et presque unanimement détesté… C’est le bras armé du très redouté maire. Beaucoup ont souhaité sa mort, pour des raisons valables, le plus souvent.
Dans l’atmosphère crépusculaire de l’hiver interminable qui s’est abattu sur la région, Matthias et son assistante Esther vont devoir démêler les racines du Mal, entrelacées depuis des décennies et profondément plantées dans les passions, les vices et les secrets de Haut-de-Cœur.
Catégories :Littérature
J’ai beaucoup aimé cette histoire.
Beaucoup aimé aussi comme tu sais. Les personnages sont vraiment extra !!
Merci pour la chronique qui donne envie. Ma whislist vient de faire un malaise. 🤣
Je note ce titre car, entre la couverture, le résumé et ce retour, tout me donne envie de le découvrir !
Celui-ci je me le suis noté !
il te le faut, débrouille-toi ! 😉
T’inquiète, je l’aurai….🤩
J’ai une bibliothèque derrière moi ! lol 😉