Laissez-vous bercer par le lent balancement des vagues, mais prenez garde aux ressacs, ils sont insidieux.
Entre deux genres
Jérôme Loubry n’est décidément pas du genre à se reposer sur ses lauriers. A chaque livre une autre ambiance, à chaque roman une autre manière d’appréhender l’histoire. Tel un conteur à la recherche continuelle d’une nouvelle forme narrative, tout en gardant ses bases.
Car ce Chant du silence est davantage un roman noir qu’un thriller, même si les amateurs de ce dernier genre auront de quoi se sustenter durant la seconde partie.
Ce qui frappe dès les premières pages, c’est le soin tout particulier apporté à l’écriture, moins directe, apprêtée à construire subtilement une ambiance. L’atmosphère y compte alors davantage que l’intrigue, mais la servira ensuite.
La mer…
Il était essentiel pour l’auteur de décrire l’importance de l’environnement, et cette mer qui forme et déforme les gens qui en vivent, directement ou par ricochets. D’où l’importance de se laisser porter par les vagues de mots et s’imprégner de cette ambiance pour découvrir peu à peu ceux qui en sont le sel, les personnages.
Ces protagonistes qu’on va apprendre à connaître, à travers leur complexité autant que leurs failles. Parfois en décalage (volontaire) avec la langueur des mots. Comme Damien, qui vient cracher sa haine du père, au sens propre comme au figuré, dès les premiers chapitres. Une violence frontale, en dichotomie avec la plume aérienne des premiers chapitres.
Cette dualité est une bonne image de ce roman à cheval entre deux genres, même s’il se cherche parfois. Une manière aussi de se laisser emporter par les mots autant que par les vagues d’émotions.
Silence assourdissant
Le silence peut être assourdissant, créant des acouphènes émotionnels qui perturbent l’écoute de soi. A la mort de son père, Damien va tenter de comprendre, parfois à son corps défendant. Mais le retour vers le passé n’est pas de tout repos et va déterrer des souffrances enfouies depuis des décennies.
A mon sens, le grand intérêt de ce roman assez dense, 450 pages, est bien ce travail sur les relations interpersonnelles, sur les ressentis, les douleurs, les humeurs, les colères, les aigreurs, les amours. Tant de vagues d’émotions qui construisent (et détruisent) les personnages.
La partie « thriller » est plus classique même si efficace. Elle n’a en tout cas de sens que grâce à cette ambiance et à ces personnages torturés par les éléments autant que par les hommes.
Avec Le chant du silence, Jérôme Loubry s’essaye au roman noir avec allant et une éloquence que nous ne lui connaissions pas encore. Sans perdre ce qui a fait le succès de ses livres passés, à coups de surprises finales. Du Noir au plus près de l’humanité des personnages.
Lien vers mon interview de Jérôme Loubry au sujet de : Le chant du silence
Yvan Fauth
Sortie : 04 janvier 2023
Éditeur : Calmann-Lévy
Genre : Roman noir / thriller
Prix : 21,90 €
4ème de couverture
IL Y A CE QU’ON VOUS A RACONTÉ, CE QUE VOUS AVEZ COMPRIS,CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS CRU…
ET PUIS IL Y A LA VÉRITÉ.
Lundi dernier, le père de Damien s’est jeté du haut de la baie des veuves, cette falaise d’où les femmes guettaient autrefois le retour des bateaux de pêche.
Damien se met donc en route pour régler les funérailles, tentant en vain d’éprouver de la tristesse. Durant l’été 1995, ce père qu’il aurait voulu aimer est devenu un meurtrier, les contraignant sa mère et lui à déménager à l’autre bout de la France car la ville entière maudissait leur nom. Damien n’est jamais revenu. La seule lumière dans ce pèlerinage douloureux est qu’il va revoir Oriane, son amour d’enfance.
Mais arrivé dans le quartier des pêcheurs désormais à l’abandon, Damien découvre dans la parka de son père une photo qui remet tout en question… Et si la vérité sur l’été 1995 était tout autre ?
Catégories :Littérature
C’est tout à fait ça !
Et une écriture qui se densifie !
bien résumé !
hihi 😊
Ma chronique ce soir 😛
Rhoooo c’te chronique. 😍 Mazette. J’en reste sans voix. Merci à toi Yvan. 🥰👏
merci à toi pour être toujours présente ;-). Un bonne année littéraire qui commence
J’en ai bien l’impression. C’est noemal d’être là. Enfin moi, ça me paraît normal. Belle année de jolies lectures à toi Yvan. 😘
bonnes lectures à toi aussi, à bientôt !
Je suis tout à fait d’accord : une écriture très différente qui sert les gros temps des relations humaines.
Oui, j’aime quand une écriture densifie ainsi les relations humaines
Très belle chronique toute en sensibilité.
on n’est pas des brutes, hein ;-). L’auteur non plus !
Je l’attends avec impatience !