Il a beau être blanc et français – sa légitimité aurait sans doute été contestée par les durs du parti – l’auteur est pourtant parfaitement dans son univers.
Noir c’est noir, il n’y a (presque) plus d’espoir, dirait l’autre. Sauf à faire la révolution. Mouvement parti de rien, et qui a pourtant ébranlé les fondations même d’une Amérique dont la discrimination est presque inscrite dans ses gènes.
Martin Luther King et Malcom X ont contribué à faire changer les choses. Les Black Panthers aussi, à leur manière.
Oui, Michaël Mention est l’homme de la situation. A croire qu’il n’est pas né à la bonne époque, tant il est fasciné par les 60’s et 70’s.
Une période de grands chamboulements.
Une période de violence
violence
violence !
Vietnam – noirs qui crèvent de faim et de ne pas avoir de droits – Meurtres en série (les Kennedy, mais pas seulement).
Power n’est pas un documentaire. Tout est vrai ou presque, mais la fiction rattrape la réalité, et le fiction sublime la réalité. L’histoire débute avec Huey Newton et Bobby Seale, les deux fondateurs du BPP. De quelques hommes en Californie, le mouvement va se propager comme une traînée de poudre dans une bonne partie du pays (et même ailleurs).
Retour vers le passé, Black Power, des hommes et des femmes qui prennent leurs destins en main. Et trois destins qu’on va suivre tout au long de l’histoire et de l’Histoire. Trois personnages dans leur intimité, trois personnages inventés (ou pas) qui vont vous faire vivre ce mouvement de l’intérieur. Une riche idée narrative (parmi une foultitude d’autres).
Power : tout est… Politique !
Tout est… Musical !
Une lutte armée qui s’apparente parfois à un western urbain. Une analyse sociétale qui prend aux tripes et fait réfléchir.
Écriture immersive, images dans la tête, sons dans les oreilles… Entêtant. Des destins au bord de la folie dans un monde qui perd la raison. BPP, mouvement plein de contradictions, capable de grandes violences comme de mettre en place tout un travail communautaire (éducation, soins…). Sous couvert d’une lutte raciale, c’est en fait une lutte des classes.
Passionnant que de (re)découvrir ce pan de l’Histoire récente, de suivre les Black Panthers lancer des patrouilles de surveillance de la police (tension…), de suivre l’expansion du mouvement… jusqu’à sa destruction. De révéler le programme COINTELPRO du FBI (infiltration – propagande – provocation des rivalités).
Bouts d’Histoire, comme ces deux athlètes noirs des États-Unis, Tommie Smith et John Carlos, qui lèvent le poing en l’air selon la salutation des Black Panthers, durant les JO de 1968. Bouts d’histoires de personnages qui se battent contre la société et contre eux-mêmes. Et puis, on y découvre le #balancetonporc avant l’heure, qui avait une autre signification dans les années 70 (les ennemis du mouvement, les flics en tête, sont dénommés les porcs – Pigs).
J’affirme, le poing levé, que Michaël Mention est l’un des écrivains les plus doués de sa génération. Je revendique le droit de le défendre de toute mon âme.
Les 450 pages de ce roman sont une sorte d’aboutissement. Même si son talent n’a pas de limite. Écriture viscérale, construction d’une vraie modernité, trouvailles stylistiques à chaque page. Sujets sensibles – écriture hypersensible. Travail de recherche ahurissant et une implication de l’auteur qu’on sent maximale. Mots qui t’explosent à la gueule, frissons au rythme du rock, de la soul et du funk. Si vous aimez la musique, ce retour vers ces années-là prend encore plus de force, parce que l’écriture place la musique au cœur des mots.
Power, ou la quintessence de la Mention’s touch. Le génie (n’ayons pas peur des mots) de Michaël Mention a besoin de sujets forts comme celui-ci. Il s’en nourrit pour proposer une expérience de lecture à nulle autre pareille. Essential Black Mention Power.
Lien vers l’interview de Michaël Mention au sujet de Power
Sortie : 04 avril 2018
Éditeur : Stéphane Marsan
Genre : Roman noir
Ce que j’ai particulièrement aimé :
L’histoire, l’Histoire, les personnages vrais ou fictionnels, la sublime écriture, la construction, les mots, les émotions, le son… (liste non exhaustive)
4° de couverture
Catégories :Littérature
Salut mon ami, Tout a été dit et formidablement dit. Ce ne sera pas une surprise pour toi si je te dis que je l’ai lu et qu’il sera mon prochain coup de coeur. Un des grands romans de 2018. Amitiés
non, c’est tout sauf une surprise, connaissant tes goûts ;-). Curieux de lire tes mots sur ces émotions-là !
Voilà qui est bien dit. Et oui Michael a du GÉNIE et une sensibilité à fleur de peau.
C’est comme pour Pierre un coup de cœur, mais j’ai un mal fou à mettre les mots…
Bises mon Yvan
Tu trouveras les mots ;-). Bises Samsam !
Je l’espère, je suis en panne depuis un petit moment… 8 brouillons en attente
Ah que tu nous embarques avec ta chronique ! Oui ce « Power » est un tourbillon qui emporte tout sur son passage. Un monument !
nous voilà soufflés 😉
j’en reste muette !!! Et tu sais que venant de moi c’est un exploit 😉
ahahah 😉
Tu me mets l’eau à la bouche!
Hâte de le lire. J’aime les livres engagés!!
À bientôt 🙂
Engagé et engageant ! Que du bonheur, quoi 😉
Le thème ne m’inspire pas outre mesure, mais je lirai par curiosité.
ce n’est pas qu’un roman sur ce thème, c’est une plongée hallucinante dans les années 60-70. Et puis quelle écriture !
Mention écrit superbement bien, je l’achèterai au plus vite ! 😛
Une génie ce p’tit gars 😉
Il y en a encore !! Même si le nombre de génies diminuent depuis quelques années… :/
Notre Michaël a encore frappé fort !
Dieu que ce livre est épatant mieux excellemment épatant.
J’adore ce type !
Bonjour, wow, je suis époustouflée par votre chronique qui me donne furieusement envie de lire ce roman époustouflant !!!! merci ! Belle journée
voilà qui me fait plaisir ! ce roman le mérite ! Merci pour ce message enthousiaste et bonne journée !