1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre.
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.
Hervé Commère
Titre : Sauf
Éditeur : Fleuve
Sortie : 08 mars 2018
Lien vers ma chronique du roman
C’est un scénario de dingue que tu nous proposes ! Les pièces du puzzle sont tellement nombreuses qu’il y a de quoi s’arracher les cheveux. Comment travailles-tu pour ne pas te perdre et penser aux moindres détails ?
C’est un va et vient continuel entre l’histoire que j’imagine, sa chronologie, et la façon de la raconter que je choisis. Il y a, d’un côté, ce qu’on pourrait appeler « les faits ». D’un autre, il y a ce que je choisis d’en faire, comment la raconter, dans quel ordre, c’est la mise en forme. Il se peut que l’écriture fasse ressortir une faille, ou au contraire masque une lacune.
Pour Sauf, j’ai mis au point toute l’histoire, d’un bout à l’autre, je la connais sur le bout des doigts. Puis j’ai cherché comment la raconter.
En résumé, l’écriture de Sauf, c’est beaucoup de travail, vraiment beaucoup. C’était déjà le cas pour mes romans précédents, mais cette fois, encore plus.
Peut-on parler de thriller avec ce roman ? Par son histoire pas vraiment, par la manière de la raconter oui !
Thriller ! Car suspense, urgence, lutte, danger, course, violence parfois, et suspense encore. On pense que le thriller met en scène un crime atroce, point de départ à l’intrigue. Pas toujours. Le thriller est vaste, le roman policier aussi, le roman noir également. Et j’espère que Sauf est tout cela à la fois.
On ressent une vraie urgence à la lecture de cette incroyable intrigue. Ça vient de la façon dont tu l’as écrite ?
Concernant l’histoire, j’ai voulu surprendre, rebondir souvent. J’ai voulu revenir à l’état d’esprit dans lequel je me trouvais à l’époque où j’ai écrit mon premier roman, frapper fort, et sans faire de gras. Par ailleurs, le temps dont je disposais jusqu’alors pour écrire s’est considérablement réduit depuis quelques mois : je suis devenu papa. Les journées sont beaucoup plus courtes, les nuits aussi, de même que les week-ends.
Pour écrire ce nouveau roman, il a fallu s’organiser. Surtout, une fois face à l’écran, plus possible de passer trois heures sans écrire la moindre ligne, et attendre en rêvassant. Plus de temps à perdre. Droit au but, là encore. Visiblement, cela se ressent à la lecture…
Ce roman est du Commère pur jus. Et pourtant il est sensiblement différent, comme s’il était un lien entre tes premiers romans et les deux derniers…
C’est long, une vie d’écrivain. C’est un chemin dont on ne connaît pas le tracé à l’avance (en tout cas, je ne connais pas le mien). Est-ce que ce roman correspond à ce que j’ai fait avant, à ce que je ferai après ? Je n’en sais rien. J’ai avant tout voulu une histoire forte. J’ai aussi voulu dire une ou deux choses, on ne se refait pas… Et il est bien normal que ce soit du Commère pur jus, car je n’écris que des romans que j’aime. Ecrire un livre, c’est un travail considérable. Passer autant de temps à écrire quelque chose qu’on déteste, je ne me l’imagine pas.
L’intrigue c’est une chose, mais ton amour des personnages transpire de chacun de tes mots…
Il paraît. Pourtant, là encore, c’est l’histoire qui m’a guidé. Ca n’a pas toujours été le cas : pour Imagine le reste, je connaissais les personnages mais ne savais pas ce qui allait leur arriver. Là, pour le coup, j’aimais mes personnages ! Pour Sauf, c’est en imaginant l’histoire que les personnages ont pris corps. Au départ, j’avais une vague image de ce qu’ils étaient. Au fur et à mesure que j’inventais l’histoire de Mat, les personnages secondaires prenaient corps.
Le roman est terminé depuis plusieurs mois, pourtant les personnages sont encore autour de moi, je continue de vivre avec eux. Pour la première fois, j’envisage une suite, envie de les retrouver. J’ai déjà songé à ça après Imagine le reste, je sais par exemple ce que deviens Nino, je pense encore à lui parfois. Mais je n’ai pas voulu écrire de tome 2, j’ai eu peur de m’enfermer. Les héros de Sauf vivent encore en moi également. Je vais peut-être, cette fois, écrire une sorte de suite, tout du moins une nouvelle aventure les mettant en scène. Ça ne me fait pas peur. On verra.
Photo : Hannah Assouline
Catégories :Interviews littéraires
Merci Yvan pour ce sympathique interview. C’est une belle définition du «Thriller» que nous nous donne là Hervé Commère.
Il me tarde de le lire après la superbe chronique que tu nous a offerte et cet entretien. Décidément, Émotions ravit encore une fois les lecteurs!
Tant mieux ;-). Oui Hervé Commère nous régale ! (et j’aime aussi sa définition du thriller)