En ce 18 octobre 1988, Jeff Winston se trouve dans son bureau new-yorkais, et écoute sa femme lui répéter au téléphone : “Il nous faut, il nous faut…” Il leur faudrait, bien sûr, un enfant, une maison plus confortable. Mais surtout parler. A coeur ouvert.
Sur ce, Jeff meurt d’une crise cardiaque. Il se réveille en 1963, à l’âge de dix-huit ans, dans son ancienne chambre d’université. Va-t-il connaître le même avenir ? Non, car ses souvenirs sont intacts. Il sait qui va gagner le prochain Derby, et ce qu’il en sera d’IBM et d’Apple… De quoi devenir l’homme le plus puissant du monde, jusqu’à… sa deuxième mort, et qu’une troisième, puis une quatrième vie commencent…
Mon avis
Second volet de la trilogie des Prophéties ou la guerre des religions, revue et corrigée, “made in” XXI° siècle.
Précision utile : ce roman est présenté comme le deuxième tome d’une trilogie, après “l’évangile du serpent”. En fait, ce n’est ni la suite directe de l’histoire, ni les mêmes personnages, ni le même style d’écriture, ni la même vision de l’auteur. Un lien existe, mais il est ténu et se prolongera dans le tome suivant.
Dans “l’évangile du serpent”, le message, même brutal, était noyé dans un océan d’espoir. Dans “l’ange des abîmes”, tout est noirceur et déshumanisation.
Le roman est habilement construit, alternant les chapitres de deux héros adolescents (le relation est la lueur d’espoir du livre, engluée dans ce “road movie” crépusculaire) et les chapitres décrivant, à travers différents yeux, l’horreur d’un monde en pleine phase de destruction.
Cette vision d’apocalypse, post 11 septembre, est proprement glaçante parce que crédible dans son énormité.
Le message principal de l’auteur est que l’humanité n’apprend rien de ses leçons du passé et est capable de reproduire à l’infini les horreurs (comme le nazisme du XX° siècle) avec toujours + d’imagination dans la perversité…
Le rapprochement que l’on peut faire avec le premier tome (en dehors d’une simple phrase rappelant son histoire au détour d’un paragraphe) est ce désir de l’auteur de tirer à boulet rouge sur les abominations dont l’homme est capable, au nom de la foi et de la religion.
La lecture est parfois particulièrement éprouvante, le décor de la société décrite est ahurissante de réalisme. Comme souvent avec Bordage, le propos est dur et sexuellement cru.
Éprouvant, mais tellement prenant !
Cette rencontre de la petite histoire avec la Grande Histoire, si elle démarre assez lentement, prend progressivement aux tripes, pour ne plus vous lâcher la dernière page refermée.
Chaque lecteur a, dans son paysage intérieur, sa petite forêt emplie de ses chefs-d’œuvre personnels. Ce roman en fait partie.
Publication française : 2005
Originalité de l’intrigue : ♥♥♥♥♥
Profondeur de l’histoire : ♥♥♥♥♥
Qualité de l’écriture : ♥♥♥♥♥
Émotion : ♥♥♥♥♥
Note générale : ♥♥♥♥♥
Catégories :Littérature, Livre : les incontournables
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