1 livre et 5 questions pour permettre à son auteur de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
Interview AURIANE VELTEN
Au sujet de son roman : CIMQA
Editeur : Mnémos
Sortie : 04 octobre 2023
Lien vers ma chronique du roman
Vous imaginez un futur proche chamboulé par dans ses fondements même, avec une cinquième dimension qui apparaît subitement…
Ce qui en réalité n’est que la conséquence logique de mes rêveries initiales. J’imaginais un personnage capable de manipuler l’imaginaire, de matérialiser les créatures qu’il avait en tête, et de les manipuler. Mais quand de ce fantasme j’ai voulu faire un roman, j’ai dû trouver une logique, une forme d’explication, donc un comment (du moins c’est ainsi que mon cerveau fonctionne, ce n’est pas forcément le cas de tou·te·s les auteurices). Et ce « comment » je l’ai relié à une autre idée qui me trottait dans la tête, celle de cette autre dimension. Voilà comment. Mais le comment a entraîné le pourquoi, et a entraîné la question des conséquences, etc.
J’ai dû chambouler le monde entier pour permettre à ce seul personnage de vivre mon fantasme.
Le pouvoir de l’imagination serait infini…
… ou presque. Écrire un roman basé sur un pouvoir infini et sans contrainte me paraît impossible. Demandez aux auteurices de fantasy : toute magie doit avoir ses règles. Un personnage surpuissant n’a aucun intérêt, il plie le game d’entrée de jeu.
Donc j’ai dû mettre des limites à ce pouvoir – et en réalité cette question s’est entremêlée à celle de la création d’une dimension. Avoir une assise/explication (ou tentative de -) « réaliste », permet d’imaginer les problèmes « réalistes » qui pourraient se poser. Donc, limite de temps, limite de concentration, etc.
Et puis, je ne voulais pas d’une imagination qui règle tout. Le pouvoir de l’imagination est très grand certes, j’y crois et cela doit se voir. Mais il n’est pas plus infini dans mon roman que dans notre monde. Sinon, l’hétéro-patriarcat-capitalisme aurait depuis longtemps été mis à terre, non ?
Vous avez choisi de raconter ce récit au plus près de vos personnages, dont deux femmes éloignées par l’âge (mais pas que)…
Ce qui est la façon dont j’aime lire, aussi. Je préfère les romans qui montrent les bouleversements, qu’ils soient mondiaux ou intimes, à l’échelle humaine.
Mais pour ce qui est mon écriture, je n’ai pas vraiment le choix. J’ai généralement d’abord une idée, un concept, en tête ; sur lequel se développent assez organiquement des personnages. Ici, j’ai su très vite que j’avais une petite fille et une quinquagénaire. Et quand je l’ai su je les ai voulues, et après cela il m’était impossible d’y renoncer. Elles existaient, et je devais les mettre en scène pour montrer ce qu’elles avaient de beau.
J’ai donc sorti les rames pour traficoter une histoire qui relierait mes personnages, mes idées de base, et ce que j’avais envie de dire.
Votre idée (formidable) vous permet de parler de la place et de l’importance de l’art, de la création…
Ou alors c’est le contraire ? Peut-être que mon idée vient de l’importance de cette place. Elle ne me serait sûrement pas venue si je n’étais pas complètement imprégnée de toutes ces thématiques.
Et en corollaire, à partir du moment où j’attrape cette idée, puis quand je commence à tirer sur le fil pour la détricoter, toute son ascendance vient forcément avec.
Ainsi, si je parle de l’irruption de l’imaginaire dans notre univers, alors je dois parler des conséquences, ce qui interroge forcément la place de la dite imagination…
Vous développez également quelques autres thématiques plus sensibles ou douloureuses, très actuelles…
Comme vous l’avez dit, mon histoire se déroule dans un futur très proche. Or, je ne peux pas prendre une éponge et effacer de notre monde des questions qui nous agitent en ce moment.
Exemple simple : si j’écris sur le futur de notre monde, je me sens obligée de dire ce que nous avons fait sur la question climatique. Dans Cimqa je ne l’ai pas traité directement, mais cela transparaît en filigrane, via les scènes de chaleur parfois étouffante notamment.
Cette question du climat s’impose de façon générale, mais d’autres sont soulevées par les thèmes abordés. Je ne voyais pas comment parler d’art sans parler de précarité par exemple. Ce n’est pas un choix : j’étais simplement incapable de faire l’impasse.
Catégories :Interviews littéraires
Merci à vous deux pour cet interview
Merci, ça me tente
alors saute le pas et va plonger dans l’Imaginaire 😉