La mer de tranquillité – Emily St. John Mandel

Emily St. John Mandel est un bon exemple pour montrer que la littérature de l’Imaginaire peut (doit) toucher tous les lecteurs et ne pas se cantonner à un cercle restreint « d’initiés ». Sorti en 2014, son roman Station Eleven, racontant un monde post-apocalyptique décimé par un virus, bien avant la COVID, a rencontré un succès colossal. Autant auprès des professionnels (prix Arthur C. Clarke du meilleur roman de science-fiction de l’année) que du grand public.

Les pays anglo-saxons se posent moins la question de la catégorisation d’un roman, et j’aime cette ouverture d’esprit !

Passé, futur

En parlant d’ouverture sur le monde, je fais un rapprochement entre ce nouveau roman et Parcourir la terre disparue d’Erin Swan. Non pas qu’ils parlent de la même chose, mais c’est le même vent de liberté littéraire qui y souffle, à la recherche d’un ailleurs face à notre monde de plus en plus étouffant.

La mer de la tranquillité se décompose également en parties bien distinctes, comme autant de sauts dans le temps, passé et futur. Des histoires dans l’histoire, que l’autrice liera sur la fin.

Des époques si différentes, et pourtant… Le même phénomène étrange s’y déroule, vécu par une poignée de personnes. C’est depuis l’année 2401 que viendra l’explication.

Un futur où la lune et d’autres planètes sont colonisées, ce qui a permis à la terre de ne pas s’épuiser complètement. La lune est même devenue une sorte de banlieue, avec l’un des quartiers sous dôme qui se dégrade de la même manière que nos ZUP.

Sentiment étrange

Cette lecture m’a laissé un sentiment étrange. De bonnes d’idées, d’autres déjà vues, que l’écrivaine ne fait souvent qu’effleurer. Des concepts qui affleurent à la surface du récit, sans être poussés très loin. Ce qui explique que le livre ne fait que 300 pages.

Et pourtant, j’ai aimé m’immerger dans cette histoire à travers le temps. Même avec cette impression de déjà-vu, même si j’aurais aimé davantage d’approfondissement, le propos a globalement touché la cible.

Il faut dire que l’autrice préfère s’appuyer sur les personnages plutôt que sur les péripéties de l’intrigue. Avec un style qui n’en fait jamais trop, toujours dans la retenue.

Clairement, ce nouveau roman n’invente rien, mais il se lit vraiment avec plaisir et curiosité. Sans prise de tête conceptuelle, sans perdre le lecteur dans les méandres du temps, jusqu’à un final clair, logique et bien pensé.

De la SF pour tous

Emily St. John Mandel se comporte comme une sorte de vulgarisatrice. Un roman qui une fois encore peut toucher le plus grand nombre, et des amorces de réflexions qui provoquent des questionnements intéressants. Davantage que des réponses, c’est sans doute aussi ce qui donne cette impression d’un récit nous parle.

A l’image des scènes mettant en avant son personnage d’écrivaine de romans de l’Imaginaire, en 2401, qui partage des réflexions lors de ses rencontres littéraires sur le pourquoi de l’appétence des lecteurs pour les romans post-apocalyptiques.

La mer de la tranquillité confirme la capacité d’Emily St. John Mandel à parler au plus grand nombre et à démocratiser des concepts de science-fiction. Pour un nouveau roman divertissant et qui porte aussi quelques réflexions intéressantes.

Yvan Fauth

Sortie : 23 août 2023

Éditeur : Rivages

Genre : Science-fiction

Traduction : Gérard de Chergé

Prix : 22 €

4ème de couverture

Emily St. John Mandel renouvelle le thème classique du voyage dans le temps à sa manière unique, dans une histoire envoûtante qui entremêle époques et personnages jusqu’au vertige.

Quel est cet étrange phénomène qui semble se produire à diverses époques et toujours de la même façon ? Dans les bois de Caiette, au nord de l’île de Vancouver, des gens entendent une berceuse jouée au violon, accompagnée d’un bruissement évoquant un engin volant qui décolle. L’expérience est intense mais brève, au point que l’on pourrait croire à une hallucination. En 2401, sur une des colonies lunaires, l’institut du Temps veille à la cohésion temporelle de l’univers. Une brillante physicienne nommée Zoey s’interroge sur des anomalies qui la perturbent. Le monde tel qu’il existe ne serait-il qu’une simulation ?



Catégories :Littérature

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7 réponses

  1. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Pour ceux qui comme non doivent apprendre « les codes » de la SF 😉
    C’est parfait : il est dans ma PAL

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Voilà 😉

  2. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Emily St. John Mandel, j’ai beaucoup aimé ses précédents…Pourquoi pas !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      si tu trouves le temps entre 2h et 4h du mat 😉

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