Interview Christian Blanchard – Dis bonne nuit

1 livre et 5 questions pour permettre à son auteur de présenter son œuvre

5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger

Interview CHRISTIAN BLANCHARD

Dis bonne nuit

Editeur : Belfond

Sortie : 11 mai 2023

Lien vers ma chronique du roman

« Dis bonne nuit », une phrase anodine derrière laquelle se cache un drame…

Ce titre s’est imposé de lui-même. À lui seul, il sous-entend plusieurs interprétations : le plaisir d’aller se coucher après avoir dit bonne nuit à toute la famille, le moment où l’enfant va se retrouver seul dans sa chambre avec ses rêves mais aussi ses éventuelles angoisses face au noir de la nuit… J’écris du roman noir, donc, ce titre suppose qu’un drame (ou plusieurs) lui est lié. Tous mes livres ont une part de vérité ou sont tirés de faits réels. Pour « Dis bonne nuit », mon inspiration est venue d’un drame familial personnel. Celles et ceux qui liront ce livre ne sauront évidemment pas lequel. Je pense que cette histoire parlera à de nombreuses lectrices et lecteurs. De loin ou de près, chacun pourra se retrouver dans le drame que vit Leïla, mon personnage féminin central.

Tu as choisi de faire vivre le basculement de ton enquêtrice à travers ses rêves…

Je n’écris généralement pas de policier, c’est-à-dire une histoire dont une enquête policière est le fil conducteur. Dans ce livre, l’enquête est un prétexte pour amener d’autres sujets. Quand je m’attelle à un nouveau roman, les thèmes abordés, la construction et les personnages sont différents des précédents. Pour « Dis bonne nuit », Leïla est une jeune enquêtrice privée. Elle est au tout début de sa carrière. Elle accepte un contrat qui paraît assez banal et anodin : rechercher un homme qui semble avoir disparu. Mais au fur et à mesure qu’elle avance dans son enquête, certains faits ou rencontres vont déclencher l’ouverture de portes de sa mémoire qu’elle avait pourtant verrouillé : la vieille dame dans la maison retraite, une bague, un frère, une phrase… Tous ces éléments resurgissent pendant son sommeil, le moment où le conscient et le subconscient se relâchent. Leïla mène une double enquête : rechercher l’homme disparu et trouver les réponses à ses traumatismes.

 » Je ne me vois pas écrire un livre qui aurait pour seul objectif l’arrestation d’un meurtrier « 

Ton nouveau roman est à la fois polar et social, comme tu sais si bien le faire…

Par définition, je pense que les deux sont intimement liés. Je ne me vois pas écrire un livre qui aurait pour seul objectif l’arrestation d’un meurtrier. Certains auteurs le font très bien. Toutes mes histoires ont cette double dimension : intrigue et faits sociétaux. Chaque auteur a sa propre motivation pour écrire. Il faut du temps pour mettre en œuvre une histoire. J’ai besoin de ressentir cette excitation quand je suis face à un nouveau challenge. Et il y en a eu de nombreux avec « Dis bonne nuit ». Le premier était de mettre au centre une jeune femme de trente ans qui se lance dans un métier qui est loin d’être anodin par rapport à sa famille. Ensuite, j’ai voulu qu’elle ait une vie sentimentale plus ou moins instable sans pour autant tomber dans le borderline. La lectrice ou le lecteur doit pouvoir s’identifier au personnage. Pas toujours simple de trouver le bon équilibre entre le récit noir, trop noir, et l’histoire sentimentale, trop feelgood.

À la différence de ton précédent roman, Antoine, celui-ci est vraiment contemporain…

L’histoire me dicte la période. Pour « Antoine », les années soixante-dix étaient évidentes, surtout lorsqu’arrive la fin du récit. D’autres histoires ont aussi leur propre période : « Iboga » au début des années quatre-vingt avec, en toile de fond, l’abolition de la peine de mort en France ; « Tu ne seras plus mon frère » qui se passe en grande partie pendant la guerre civile syrienne dans les années 2010. La période actuelle s’est imposée pour « Dis bonne nuit ». Il n’y a cependant aucune année précise parce que cette histoire peut se dérouler en 2023, en 2025 ou bien en 2020… Les sujets abordés sont d’actualité.

 » Je fais partie des hommes qui ont comme valeur première l’égalité femme-homme. Une évidence pour moi « 

Le regard social se fait entre autres à travers une association masculiniste…

Je fais partie des hommes qui ont comme valeur première l’égalité femme-homme. Une évidence pour moi. Pour préparer ce livre, je me suis constitué une importante documentation sur le masculinisme et sur le malaise qu’ont certains hommes face à cette égalité. J’aurai pu prendre un autre prisme ou un autre point de vue comme celui des féministes. J’ai fait un choix. Je ne pouvais pas traiter tous les aspects en matière d’égalité femme-homme dans une même histoire. En filigrane, se trouvent également des mouvements politiques populistes qui remettent également en cause la place de la femme dans la société. D’autres thèmes sont également abordés… mais là, il faudra lire « Dis bonne nuit » pour englober la totalité des sujets de ce roman.

Christian Blanchard – Quais du polar 2022 (photo Sophie Mary)


Catégories :Interviews littéraires

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6 réponses

  1. Merci à toi d’avoir interviewé cet auteur, qui n’est , à mon goût, pas assez reconnu… J’aurais tellement voulu le rencontrer au salon du livres à Vannes, discuter avec lui…
    Dis bonne nuit est là, dans ma pile à lire, qui m’attend sagement..

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      bonne future lecture alors !

  2. Merci pour ce bel échange une fois de plus. 🙏😘

  3. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Très intéressant comme d’habitude ! Ça me titille 😉

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