Interview – 1 livre en 6 questions : Erectus, le dernier hiver – Xavier Müller

1 livre et 6 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre

6 réponses pour vous donner envie de vous y plonger

XAVIER MÜLLER

Titre : Erectus, le dernier hiver

Editeur : XO

Sortie : 03 novembre 2022

Lien vers ma chronique

Si les deux premiers tomes d’Erectus étaient bourrés de surprises, que dire de celui-ci !…

J’avais envie non seulement que ce grand final soit plus spectaculaire que les deux premiers volets, mais qu’il prenne le lecteur par surprise. Pour que le récit respire à nouveau, il fallait que je fasse table rase d’un certain nombre de choses des précédentes histoires, notamment jeter aux oubliettes les histoires de virus pour lesquelles notre curiosité a été suffisamment étanchée comme ça…

Pour cette raison, le roman débute quand la véritable origine du virus ayant transformé les humains en Erectus est enfin connue : c’est une météorite faite d’une matière qui inverse le temps. Mais alors que plusieurs de ces météorites tombent sur la Terre et menacent à la fois humains et erectus d’une superrégression, des rumeurs bruissent autour de la société Futurabio, qui avait lâché le virus dans la nature. Pourquoi a-t-elle acheté l’ile de Montechristo, en Méditerranée ? Pourquoi y a-t-elle transféré des milliards de dollars de matériel ? Et surtout, pourquoi a-t-elle acquis à une vente aux enchères un manuscrit médiéval où apparaît un enfant sauvage aux airs d’erectus ?

Cette fois-ci ce ne sont pas seulement les gènes qui perdent les pédales…

Non, il y a cette scène au Bureau international des poids et mesures, situé près de Paris. Ce centre est le cœur palpitant de la planète. Il égrène le temps universel qui règle l’heure des montres et des horloges du monde entier. Le matin, c’est une journée comme les autres qui commence pour ses ingénieurs. Pourtant dans la soirée, le BIPM publie un communiqué de presse aussi vertigineux que lapidaire : « Le 15 avril, à précisément 22 heures 36 secondes 752 millisecondes 105 nanosecondes, le temps s’est inversé. »

Le monde découvre alors avec horreur les conséquences d’une inversion du temps sur la Terre et la vie qu’elle abrite. Des cataclysmes surviennent aux quatre coins de la planète : le canal de Panama s’écarte, des îles sont englouties par les flots, les continents se déplacent pour retrouver leur place de jadis. Et le pire : les gènes qui provoquaient l’hibernation de nos ancêtres préhistoriques se réveillent, plongeant une partie de la population mondiale dans un long hiver…

Lucas Carvalho, l’ancien agent de l’OMS qui cherche toujours un moyen de sortir la paléontologue Anna de son coma, est invité sur l’ile par Josia Meyer, le directeur de Futurabio, un entrepreneur à l’imagination sans limite. L’endroit abrite une machine capable de voyager vers le passé. La mission de l’équipe que rejoint Lucas ? Partir vers le moyen-âge et trouver l’enfant-sauvage, qui est l’espoir que toute la planète attend depuis 10 ans. Mais surtout revenir avant que les météorites n’inversent le temps définitivement.

Comme vous le voyez, la conclusion de l’épopée erectus se teinte de thriller historique. Elle amènera le lecteur à l’abbaye du mont-saint Michel au temps de la peste noire, puis dans la ville de Florence à la Renaissance et peut-être ailleurs… On fait connaissance avec de nouveaux personnages troubles, peut-être même voir resurgir d’anciens qu’on croyait perdus à jamais. Cette odyssée à travers le temps réserve effectivement beaucoup de surprises. 

Ton écriture est très visuelle, très évocatrice d’images…

Difficile de faire autrement, on vit dans un tel monde d’images. Pas seulement de films et de séries TV, qui m’ont grandement sauvé de l’ennui quand j’étais gamin, mais aussi de lucarnes vers le monde réel grâce aux infos et au web. Aujourd’hui, pour savoir à quoi ressemble un tsunami, il suffit d’aller sur youtube. Dans ma jeunesse, il n’y avait que les gens ayant vécu un tel cataclysme qui savait à quoi ça ressemblait. Cela devient de plus en plus difficile pour les auteurs de faire acte d’imagination (rire). Nous entrons en concurrence directe avec le journal de vingt heures ! Pas étonnant après qu’on reproche régulièrement aux Marvel et consort de faire du spectaculaire pour le spectaculaire. D’où la littérature que je tente d’écrire avec un seul objectif : satisfaire notre désir d’ailleurs et de vertige tout en lui conférant du sens.

Comment se déroule l’écriture d’un tel livre ? Le travail de recherches doit être constant…

Ce sont des lectures guidées par ma seule curiosité qui nourrissent mes romans. Pour ce troisième volet d’Erectus, je venais notamment de lire la biographie de Léonard de Vinci. Je m’intéressais aux grands esprits de la Renaissance. Ensuite, quand j’ai imaginé l’histoire du finale et que je savais qu’il serait question de voyage dans le temps, cette époque a pris naturellement sa place dans le synopsis. Je souhaitais visiter des époques qui représentent d’une certaine manière l’apogée de la civilisation humaine. Glisser des erectus dans ce contexte me permettait de jouer sur les contrastes entre nos aspects les plus primitifs et notre surcouche intelligente. C’est une théâtralité pleine de contrastes et riche en possibilités pour conclure la saga.

Imaginez une seconde si Léonard de Vinci avait croisé un erectus. Je tenais à faire se rencontrer cet homme de sciences, l’un des plus grands esprits de l’histoire de l’humanité, et l’un de nos lointains aïeuls préhistoriques. Je suis prêt à parier que passionné qu’il était par l’anatomie et le monde naturel, Léonard de Vinci aurait été subjugué par une telle créature primitive. Dans ses dessins, son homme de Vitruve serait vite devenu un erectus de Vitruve…

Derrière le coté clairement ludique, il y a également des messages plus alarmants…

Les romanciers sont là pour jouer avec nos peurs. J’aime la science quand elle donne le vertige. Prenez chaque cellule de votre corps. L’ADN contenue dans leur noyau conserve la mémoire de toute l’histoire de l’homme depuis l’apparition de la lignée humaine, il y a environ sept millions d’années. On peut lire dans cette gigantesque bibliothèque bien sûr si vos proches ancêtres vivaient plutôt en Europe de l’ouest, en Australie ou en Indonésie, mais aussi si vos lointains aïeuls se sont hybridés avec l’homme de Néandertal. Tout ça dans une petite goutte de votre sang. L’ADN est la véritable machine à voyager dans le temps ! Voilà avec quoi je m’amuse dans Erectus.

Question bonus : tu as eu une surprise de taille en cours d’écriture…

La fiction est devenu réalité ou presque… En 2019, soit après la parution du premier tome d’Erectus, a été annoncée la découverte d’ossements humains hors norme, aux Philippines. Exhumés d’une grotte, ils arboraient des traits si archaïques que les paléontologues en ont perdu leur latin. Baptisée Homo luzonensis et datée de seulement – 50 000 ans, cette nouvelle espèce pratiquait manifestement une bipédie claudiquante et grimpait peut‐être aux arbres. Mais comment expliquer qu’elle présente des ressemblances avec des espèces vivant en Afrique il y a plus de trois millions d’années ?

La réponse des chercheurs laisse sans voix. L’analyse des vestiges « laisse supposer que Homo luzonensis est probablement issu d’une population d’Homo erectus qui a connu des réversions pour un certain nombre de caractères », ont‐ils écrit. Il faut savoir que dans le jargon scientifique, « réversion » équivaut à « régression ». Autrement dit, cette population souche d’erectus avait bel et bien rebroussé le chemin de l’évolution. Pas jusqu’au stade que j’imagine dans le roman, mais elle l’a frôlé de près. Vertigineux, non ?



Catégories :Interviews littéraires

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3 réponses

  1. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Erectus, dernier volet, ce sera pour janvier 2023… de quoi commencer l’année en la rendant…. heu, non, je ne dirai rien, ce serait un mauvais jeu de mot trop facile 😆

    En tout cas, je suis contente d’apprendre que l’on va s’éloigner des virus, qui m’ont bien fait flipper dans le premier !! 😉

  2. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Je n’ai que les deux premiers !

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