C’est une véritable expérience à laquelle nous convient les éditions Argyll. Se plonger dans les meilleures nouvelles de Robert Sheckley est un voyage dans le temps autant que dans l’espace. Avec treize textes publiés entre 1953 et 1960.
On imagine bien que ces nouvelles, d’un âge où l’informatique n’avait pas encore bouleversé le monde, sonnent parfois désuètes. Mais c’est aussi le charme de ce retour en arrière vers un auteur qui mérite qu’on se le remémore.
Parce que Sheckley fait montre d’un ton toujours aussi mordant, tant d’années après, et aussi d’une troublante capacité à prévoir le futur. Comme avec sa nouvelle qui a servi de support au film Le prix du danger d’Yves Boisset où il invente carrément la télé-réalité et ses dérives. En 1958 ! La définition même de l’Anticipation.
Une expérience double pour moi, puisque j’ai lu une partie de ces nouvelles durant mon adolescence dans les années 80. Autant dire que ça a conféré un intérêt supplémentaire à cette lecture qui n’en manque pas.
Ceux qui vont découvrir l’auteur se rendront compte, même si son nom n’est pas très connu, qu’il a inspiré pas mal de ses congénères. Clairement, il était en avance sur son temps, par ses idées mais aussi sa patte.
Ses histoires sont pour la plupart assez décalées, avec une ironie bien présente mais jamais méchante. Où il place ses personnages dans des situations qui tournent assez vite à l’absurde, avec comme point commun une incapacité à communiquer. Entre humains, ou envers d’autres êtres. La lutte des classes vers l’infini et au-delà.
Ces nouvelles de SF ont un charme suranné qui ne les dessert aucunement, parce que c’est bien la dérision et l’inventivité qui ressortent au final. Satirique à souhait, jamais dénué d’une pertinente et piquante analyse des mœurs.
C’est une vraie bonne pioche que cette anthologie du meilleur de Robert Sheckley, il est vraiment bon Le temps des retrouvailles avec un auteur qui mérite d’être remis en lumière.
Yvan Fauth
Date de sortie : 03 février 2022
Éditeur : Argyll
Genre : Nouvelles SF
4ème de couverture
Voici venir le temps des retrouvailles avec un auteur qui, à l’instar de son compatriote Philip K. Dick, aura été de son vivant plus apprécié en France que dans son propre pays, la faute à une œuvre singulière et sans concession, souvent incomprise. Toutefois, la comparaison entre ces deux géants s’arrête là : les textes de Robert Sheckley sont drôles et mettent en jeu des personnages qui se débattent pour survivre à des situations absurdes. Avec l’humour féroce et moqueur qui constitue sa marque de fabrique, l’auteur y déploie autant de visions à la fois lucides et déformées de notre réalité et des étranges êtres qui la peuplent.
Le cinéma international ne s’y est d’ailleurs pas trompé, l’adaptant à de multiples reprises : aux États-Unis (Freejack, Geoff Murphy,1992), en France (Le Prix du danger, Yves Boisset, 1983) ou encore en Italie (La dixième Victime, Elio Petri, 1965).
Le présent recueil regroupe treize textes publiés entre 1953 et 1960 – la meilleure période de l’auteur selon certains. Et soyons honnêtes : si Sheckley fait moins rire aujourd’hui, c’est moins la pertinence de ses textes qui est en cause que les dérives de notre propre monde. Comment, en effet, ne pas tomber sous le charme d’un auteur qui imagine en 1958 les dérives de la télé-réalité ?
Catégories :Littérature
J’avais prévu de lire ce recueil : tu me confortes dans cette décision. Merci.
tu ne devrais pas être déçu
Les nouvelles, ça a dûjolie chronique. Une de plus. 🙏😉😘
Mon dieu, mon clavier m’a bouffé la moitié de mon texte. Je suis damnée. Pardon Yvan. Je disais donc que les nouvelles, ça a dû te plaire. 😉😘🙏
ahah un clavier cannibale ! ;-). Tu l’as bien dit, la nouvelle ça me plait et ça plait de plus en plus à d’autres, j’en suis heureux !