La venue d’Harlan Coben en France est toujours un événement. A l’approche des fêtes de Noël 2019, il a été présent durant une semaine, avec comme point d’orgue une soirée littéraire et musicale à l’Olympia, pour la tournée de promotion de son nouveau roman « Ne t’enfuis plus ».
Photo de l’Olympia tirée de la page Facebook de l’écrivain
L’Alsace a eu l’honneur d’une présence sur deux jours, le vendredi 22 novembre à la librairie Kléber de Strasbourg et le samedi 23 novembre au Festival du livre de Colmar.
Sa venue sur les terres alsaciennes tombait à pic (pour ses lecteurs, comme pour lui), puisqu’il a pu assister à l’inauguration du marché de Noël de Strasbourg et à sa mise en lumière.
La rencontre à la librairie Kléber de Strasbourg
Le lendemain, juste avant d’illuminer de sa présence le Festival du livre de Colmar, il a visité le musée Bartholdi, l’enfant de la ville. Normal pour un homme qui est né dans le New Jersey et connaît New-York comme sa poche.
J’ai eu le privilège de passer une trentaine de minutes avec lui. Voici un retour de nos échanges.
Durant son repas de midi lors du Festival de Colmar, accompagné de Pascale Fougère sa traductrice « de voyage » (qui a fait un travail formidable lors des rencontres) et de l’équipe de son éditeur Belfond. Et ensuite en tête à tête enregistré, durant 10 minutes. Une occasion unique de parler de son univers littéraire et de son dernier roman « Ne t’enfuis plus ».
Comme ces échanges ont été en partie informels, je vous retranscris ces discussions au plus près des mots de ce grand Monsieur (par la taille, 1m94. Par son talent, indiscutable. Et par ses ventes, près de 800 000 exemplaires vendus en France rien que l’an dernier, tous titres confondus !).
Son univers et sa manière d’écrire
A ma remarque sur le fait qu’il aime particulièrement les histoires de disparition, il me confirme que c’est une thématique qu’il adore traiter. « Un mort est mort, alors qu’on a toujours l’espoir qu’un disparu réapparaisse ». En termes de ressort dramatique, c’est bien plus intéressant pour lui.
A mon interrogation de savoir s’il n’a pas de difficulté à se renouveler au fil du temps, il me dit que non, qu’il trouve toujours une autre façon de traiter ce sujet.
Nous discutons de sa manière de mettre en scène les relations familiales. « Ce sont elles qui exacerbent les émotions ressenties dans une histoire ». Parler de la condition humaine est une excellente manière d’augmenter le stress d’un récit.
Concernant sa méthode de travail : « Je connais toujours le début et la fin, et quelques points de l’histoire entre les deux. Pour le reste, je me laisse porter ». « L’écriture, c’est comme un long voyage », il fait d’ailleurs un parallèle avec les surprises rencontrées durant cette tournée de promo qui partait de la Normandie pour aller ensuite en Alsace, mais aussi vers d’autres pays européens.
Harlan Coben prend toujours grand soin à bien construire la psychologie de ses personnages secondaires : « chaque personnage a une vie », « et, comme je l’ai appris à mes enfants, tous doivent avoir des espoirs et des rêves ».
Quant au travail sur la fin de ses livres, il adore jouer à nous mettre au défi de la découvrir ! (et sort toujours gagnant).
Ne t’enfuis plus – Le livre
L’idée de départ de son nouveau roman, « Ne t’enfuis plus », lui est venue d’une promenade dans Central Park. « J’ai vu une jeune fille qui massacrait une chanson de John Lennon, et je me suis dit : et si c’était ma fille, disparue depuis des mois ? »
Nous discutons d’une des thématiques du roman, particulièrement dans l’air du temps : les réseaux sociaux et leur pouvoir. « Aujourd’hui, c’est une part importante de ce qui fait notre société, qu’on les aime ou pas. Prétendre qu’ils n’existent pas serait stupide, c’est comme si on niait l’existence du téléphone ».
Nous échangeons sur leur influence sur notre quotidien. « Je me devais de l’explorer dans un livre ».
En lui faisant remarquer que cette histoire est également le choc de deux Amérique, dont l’une est broyée par le système, il me confirme en avoir joué, au point d’avoir choisi un banquier comme personnage principal. Allait-on entrer en empathie avec lui ?
Il insiste pour rappeler qu’il propose avant tout du divertissement. « Ne mélangez pas mes propres opinions avec celles des différents personnages ».
J’insiste tout de même sur le fait que certains dialogues sont sacrément gonflés pour un roman grand public américain, surtout ceux en lien avec la religion. « Ça allait avec cette histoire ».
Tous les points de vue comptent, pour lui : « Les dialogues développent les personnages et permettent de faire avancer l’intrigue ». « Je me suis moi-même posé ces questions sur la religion, je vous les fais vous les poser à votre tour ».
Le sujet de la religion étant très présent aux États-Unis, je lui demande comment de tels dialogues sont perçus. « Personne ne va m’en vouloir, ce sont les personnages qui parlent et je donne les deux points de vue, les deux côtés des arguments ».
Ces dialogues sont le fait des personnages sombres dans le roman, des bad guys : « Ils sont effrayants par leur manière d’être si décontractés, et ce sont loin d’être des personnes stupides ».
J’évoque alors une citation tirée de son livre et qui m’a marqué : « L’Amérique a une capacité de concentration proche de zéro ». « Comme en France ! » me rétorque-t-il en riant ! Il me dit parler de ce qu’il connaît le mieux, les USA, mais que c’est quelque chose qu’il constate dans tous les pays qu’il visite.
Nous parlons de la fin de ce roman, incroyable, formidable, et impossible à deviner. Y compris jusqu’aux derniers mots. Il me confirme sa méthode : « Je connaissais cette toute dernière page depuis l’écriture de la première ».
Je salue sa capacité à surprendre : « It’s my job », avec un sourire en coin.
Lien vers ma chronique du roman « Ne t’enfuis plus »
La relation avec le public français
Lui disant qu’il semble avoir une relation privilégiée avec le public français, il confirme : « J’aime venir en France, visiter le pays, y travailler. J’aime vos villes, votre sensibilité ».
Nous discutons du public qui vient le voir en nombre. Je lui dis avoir vu venir à la dédicace de Strasbourg beaucoup de générations, mère-fille, père-fils. « Souvent même trois générations ! », s’enthousiasme-t-il.
Il s’étonne toujours autant de voir des lecteurs se présenter avec plusieurs exemplaires du même livre pour le faire dédicacer, pour plusieurs membres de la famille ou des amis.
Les adaptations au cinéma et à la télévision
De nombreuses adaptations de ses livres à l’image sont sorties depuis peu. D’autres vont apparaître prochainement, puisque l’écrivain a signé un contrat de 5 ans avec Netflix pour l’adaptation de 14 de ses romans ! Le premier est tourné par Netflix USA et tiré du livre « Intimidation ». Le second est en cours de tournage par Netflix Pologne, autour de « Dans les bois ». Il compte sur Netflix France pour suivre de près.
Il explique être très impliqué dans toutes les adaptations, même celles tournées à l’étranger. Il est très fier des films réalisés : « Si vous n’aimez pas, c’est totalement de ma faute ».
Je lui fais remarquer qu’il est étonnant d’avoir dû attendre tant de temps pour voir apparaître les premières adaptations en langue anglaise de ses livres. Il confie qu’il n’était pas aussi impliqué dans les projets par le passé. Et que « Hollywood est un lieu particulier » (a tricky place).
Et puis, ses livres contiennent trop d’ingrédients et sont difficiles à adapter dans le cadre d’un seul film de 1h30 ou 2h. « Mes histoires sont faites pour être traitées en 6 ou 8 épisodes ».
Pour finir
Cette rencontre avec Harlan Coben aura été un échange décontracté et convivial. Pour preuve, il s’est intéressé à ce que je faisais, en particulier au projet de recueil de nouvelles Ecouter le noir, et nous avons échangé sur la différence entre écrire une histoire courte et un roman. « Un tout autre exercice », me confirme-t-il.
Une belle rencontre. Un grand Monsieur du Noir, définitivement.
A votre santé !
Catégories :Interviews littéraires
Quel beau moment d’échange tu nous propose là mon ami !
Merci, merci, merci 🙂
rencontre unique 😉
Oui j’imagine
Holala…. J’ai adoré cet échange, mais je te jalouse un minuscule tout petit peu quand même 😋
Non sans rire, merci beaucoup pour cet échange ! Tu le sais déjà, mais Harlan est vraiment l’un de mes auteurs préférés !
Content de t’avoir fait plaisir alors ! ;-). C’est mon but. Et oui, à titre personnel, c’était un moment inoubliable
J’imagine ! Je l’ai rencontré 2 minutes en 2017 et franchement en 2 minutes, sa gentillesse et son sourire, sa disponibilité ont achevé de me conquérir !
ça marque comme rencontre, hein 😉
Un bel échange, et une photo très sympa !
Il fut un temps où je lisais tout de lui, ça fait longtemps que j’ai arrêté je ne sais pas trop pourquoi, mais tu me donnes envie de m’y remettre avec ce bouquin.
Tu peux te lancer dans le dernier, c’est du bon ! Photo à la volée, il aurait fallu une bonne photographe comme toi pour immortaliser le moment 🙂
Merci pour ce partage d’un moment magique
merci de ton intérêt 😉
Quelle rencontre ! Merci à toi Yvan, de toujours partager ces moments, à te lire c’est comme si j’avais été là ! Merci, merci, merci!
Toi tu es de toute façon toujours avec moi quelque part, mon amie ;-). Oui j’ai essayé de vous le faire vivre par procuration
Merci pour cet échange ☺️
Quelle chance, merci pour ce moment magique!
merci d’être venue le partager 😉
Un bon moment, très intéressant!
merci pour ton intérêt ! 😉
Magnifique échange. Bravo Yvan. Ça a du être un grand moment !! Merci de nous le faire partager.
Si j’ai le temps, je reviendrai à Harlan avec ce roman. À cause de toi, une fois de plus ! :p