Interview – 1 livre en 5 questions : On se souvient du nom des assassins – Dominique Maisons

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1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

Dominique Maisons

Titre : On se souvient du nom des assassins

Sortie : septembre 2016

Éditeur : La Martinière

Lien vers ma chronique du roman (Note : 9/10)

Qu’est-ce-qui t’a ainsi donné envie de te plonger dans le début des années 1900 pour cette nouvelle intrigue ?

En fait, je tourne autour depuis que j’ai commencé à écrire. J’ai de tels souvenirs de lecteur avec des textes comme L’Aliéniste, L’Homme aux lèvres de saphir, Carter contre le diable et La Conspiration des ténèbres que ce choix allait finir par s’imposer à moi tôt ou tard.

Je suis aussi un passionné de roman feuilleton. Pour employer des gros mots, je pense que c’est la matrice de la littérature populaire, et pas que française…

C’est un patrimoine d’une richesse inouïe, dans lequel je me replonge avec délectation.

Il fallait juste que je mûrisse un peu comme auteur, que je prenne confiance en moi, car le niveau d’exigence monte d’un cran quand on décide de se lancer dans une telle aventure.

Des auteurs de l’époque t’ont-ils inspiré en particulier ?

Oui bien sûr. Déjà ceux qui apparaissent comme personnages dans le roman, Gaston Leroux, Alfred Binet, Aleister Crowley et André de Lorde, c’est bien la moindre des choses que de m’être plongé dans leurs œuvres.

Il y a aussi celui dont on ne peut prononcer le nom et qui fait trembler la plume de celui qui doit l’écrire… Lui, je ne peux pas en parler sans dévoiler une partie de l’intrigue, mais son rôle est important dans l’histoire.

Il y a aussi Dumas, auquel Max Rochefort emprunte quelques traits de caractère et Zola, car il est difficile de parler du ventre de Paris sans rendre hommage à Emile… Le livre est truffé de références, discrètes, mais pour les amateurs d’intrigues littéraires, toutes les rechercher peut s’avérer amusant.

J’ai été impressionné par la somme de travail et de recherches qu’a dû te demander cette histoire, pour qu’on ait tant l’impression d’être immergé dans ces années-là…

M’en parle pas, j’en ai bavé des ronds de chapeaux. Il fallait une bonne dose d’inconscience pour s’y lancer. C’est de loin le texte qui m’a demandé le plus de travail, plusieurs années…

Après, c’est comme pour les danseurs de ballet, leur souffrance est quotidienne mais elle ne doit pas apparaître au spectateur, il faut transformer la douleur en grâce. J’espère y être parvenu.

Tout doit sonner juste, du bouton de porte au nœud de cravate, il faut tout vérifier, tout doit s’incarner pour plonger le lecteur au cœur de l’époque. C’est la magie de la littérature de pouvoir refaire vivre un monde, une ville folle et passionnante.

Le Paris de 1909 est tellement riche, moderne, ouvert, c’est une période frontière où tout était possible, le meilleur comme le pire. Et le pire est un excellent sujet de roman policier !

Tu as également transformé ton écriture, pour qu’elle ressemble à celle des auteurs du début du XXème siècle. Hommage ou challenge que tu t’étais fixé ?

Ça s’est imposé à moi dès les premières lignes, les personnages m’ont donné le ton, leur langue. Question de vraisemblance, on ne peut pas écrire une histoire comme celle-là avec une écriture moderne, le fond doit aller avec la forme.

J’ai essayé de trouver un compromis entre le rythme et le style auxquels sont habitués les lecteurs de thrillers contemporains et une écriture conforme à l’époque décrite. Là aussi, le dosage m’a donné du fil à retordre, mais quel plaisir au final !

Et je pense que cet exercice m’a fait énormément progresser comme auteur… On ne progresse que dans la difficulté.

L’ambiance est une chose, mais tu as porté un soin tout particulier à construire des personnages que je trouve inoubliables…

Merci ! J’y ai mis plus d’éléments personnels que dans mes précédents romans. Sur ce point aussi, j’ai mûri, j’ai moins peur de toucher à l’intime, à ma famille.

Un des personnages est directement inspiré par ma grand-mère, je n’aurais jamais osé faire ça auparavant, par pudeur. A part avec Lucy (du Festin des fauves) pour laquelle j’ai beaucoup d’affection et d’empathie, j’ai toujours eu une certaine distance avec mes personnages, je les utilisais comme des pions, des éléments d’une intrigue.

Dans On se souvient du nom des assassins, j’ai mis plus de tendresse, j’ai donné plus de moi, j’ai souffert et aimé avec eux… C’est parfois assez douloureux, mais je pense que ça donne plus de relief, plus de sincérité, et ils sont sans doute plus attachants…

Photo : Kh Dedalus



Catégories :Interviews littéraires

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6 réponses

  1. dealerdelignes – passionnée de lecture et de cinéma ,trés envie de partager mes deux addictions avec vous ;-)

    Deux livres cité par l’auteur que j’ai adoré, du coup cette lecture passe du statut d’envie à obligatoire 😉 Suis très influençable comme lectrice …

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Ahah et tant mieux dans ce cas là 😉

  2. Je ne lis pas ou peu les interviews mais là, vu que je suis en immersion totale … juste une remarque toute personnelle, je trouve que Dominique possède une élégance jusque dans l’écriture !
    Belle interview

  3. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Là, je suis comme Cricri, je suis influençable et je sens la prise de note qui vient…. ouiiiii, ça vient…. je noooooooote ! 😆 Et je sors par la grande porte 😉

  4. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Ce titre est en bonne place grâce à toi !

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