Techniques, motivations et mystères
Un mot sur ces textes de présentation, tout aussi passionnants que les nouvelles elles-même. L’auteur y fait preuve d’une telle proximité avec le lecteur qu’on a littéralement l’impression qu’il s’adresse directement à nous. Comme s’il nous susurrait à l’oreille la genèse de chaque histoire. Ça permet de poser un œil différent sur son travail et ce qu’il a voulu proposer, et une autre perspective sur son inspiration. C’est juste fabuleux d’ainsi entrouvrir la porte de l’esprit du King et de découvrir techniques, motivations et mystères de son écriture.
Vingt histoires donc, certaines courtes, d’autres proches de la novella. Du King pur jus mais pas seulement, du King à l’ancienne mode ou plus moderne, du King défendeur et intercesseur de la littérature américaine aussi.
L’auteur s’amuse dans ce bac à sable qui porte bien son nom. Un bazar, un bric-à-brac où l’on découvre pêle-mêle des univers aussi variés que ludiques, aussi étonnants que sombres.
Vieux terreau, modernisme et exercices de style
Certaines histoires sentent fort le terreau des premiers amours de l’écrivain, alors que d’autres explorent des contrées inédites pour lui. Il ne s’en cache pas et propose pour certaines de véritables exercices de style où il s’amuse à écrire « à la manière de » sans jamais perdre sa spécificité, ni singer. C’est sa manière de déclarer son amour pour la littérature américaine, ancienne ou contemporaine, traditionnelle ou de genre. Son amour fou des livres et des histoires des autres.
Mine de rien, ce fut un bel exercice pour moi aussi, en tant que lecteur. Découvrir ou me confirmer les styles d’écriture que j’aime et ceux que j’aime moins, tant il sait passer de l’emphase au style sec avec talent. Le bazar des mauvais rêves ou un pur moment ludique tout autant qu’un voyage dans toutes les littératures, dans LA littérature tout court.
Chacun aura ses préférences tant les récits sont diversifiés, tant les émotions sont de couleurs diverses (avec une prédominance pour les teintes sombres, bien évidemment).
Propre personnalité
J’ai été touché par sa Morale (huitième histoire du recueil), emballé (c’est pesé) par son Après-vie, électrisé par son Nécros spirituel (qui a reçu le Prix Edgar-Allan-Poe 2016 de la meilleure nouvelle). Et j’ai applaudi des deux mains pour sa nouvelle Ur qui est tout autant un magnifique hommage aux auteurs qu’il adore (dont Hemingway) qu’un récit franchement provocateur. Il fallait oser proposer un texte sur l’amour des romans et du pouvoir de la littérature au travers d’une histoire sur… la Kindle d’Amazon. Sacré King !
Qu’ils soient basés sur un fait divers ou d’inspiration plus fantastique, qu’ils parlent de douleur ou de relations humaines, les récits de ce pavé de 600 pages ont tous (à des degrés divers) leur propre personnalité. Avec comme point commun le talent unique de Stephen King. Le bazar des mauvais rêves n’est en rien une plongée poussiéreuse dans d’obscurs textes, mais bien de nouvelles preuves du talent protéiforme et unique du Maître.
Sortie : 13 octobre 2016
Éditeur : Albin Michel
Traduction : Océane Bies et Nadine Gassie
Genre : Nouvelles noires
Mon ressenti de lecture :
Profondeur : 8/10
Psychologie : 8/10
Qualité de l’écriture : 9/10
Émotions : 8/10
Note générale : 8,5/10
4° de couverture
Un homme qui revit sans cesse sa vie (et ses erreurs), un journaliste qui provoque la mort de ceux dont il prépare la nécrologie, une voiture qui dévore les badauds…
20 nouvelles pour la plupart inédites, précédées chacune d’une introduction du maître sur les coulisses de leur écriture.
Catégories :Littérature
Quelle qualité d’écriture dans ta critique. C’est simple tu m’as littéralement donné envie de l’acheter. Je cours dans la journée finaliser cette envie. Merci donc et longue vie à ton blog.
Merci Gilles ! Bonne découverte du bazar
Je pense que c’est d’autant plus l’introduction à chaque nouvelle par le King qui me donne envie de lire ce recueil…
Et tu fais bien, Marion ;-). Personnellement, c’est ce qui m’a le plus passionné
Merde, tu l’as lu avant moi ! 😈 Tu en parles tellement bien que je n’ai plus besoin de lire le King… Ok, je sors et je vais le lire après Charlie 😉
Il a beaucoup évolué entre ces deux ouvrages 😉
Normal ! J’apprécie Charlie même si je ne comprend pas l’appellation d’épouvante sur la vieille couverture.
Les vieux prenaient peur pour un rien, avant 😉
Et maintenant plus ?? 😀
Un chouette livre mais moins fouteur de trouille que Simetierre.
Oh oui rien à voir !
Mais charlie est plaisant !
Je me le note……….
C’est le prochain au programme.
Je ne suis pas vraiment fan des nouvelles mais il faut bien reconnaître que c’est un domaine dans lequel SK excelle.
En plus des deux nouvelles non-inédites, il y en a deux autres que j’ai lu en fan-trad. Curieux de voir ce que ça donne en VF “officielle”.
Je lis tout de King mais je n’aime que très rarement ses recueils de nouvelles courtes. Je le préfère sur la longueur. Mais ta chronique me donne envie de le tenter quand même 😉
Qu’il est fort cet Yvan 💖
Je suis comme toi, j’ai ses novellas surtout. Mais il y a vraiment des textes étonnants dans ce recueil
Oui c’est ce que j’ai lu dans ta chronique. Du coup je vais le prendre quand même 😊
Et tu es trop bon, mon ami 😉
Jamais assez 😉
J’ai hâte de renifler ma dose annuelle de King 🙂
Droguée, va ! En ce moment c’est deux doses par an 😉
ce sera encore meilleur! 🙂
Belle chronique mon ami. Le King t’inspire toujours autant, à ce que je vois. Bon, tu ne m’en veux pas si je passe mon tour, malgré tout le bien que tu en dis ?
tu ne peux pas tout lire ! Va continuer à nous faire découvrir de nouveaux auteurs !
Heu, oui, mais pas que !
Non, pas que 😉
😉 🙂
Comme d’habitude je suis tentée, et j’aime bien le fait de l’introduction par l’auteur .. il est dans la liste 😉
oui ces introductions sont passionnantes et on a vraiment l’impression qu’il nous parle en direct 😉