Olivier Norek s’est fait un nom, au sein de la prolifique scène du polar français, en l’espace de seulement deux romans. Deux récits qui ont marqué les lecteurs et dont le succès populaire continue à se propager (pour preuve, le récent prix des lecteurs pour Code 93 au salon Saint-Maur en poche 2015).
Il faut dire que l’auteur sait de quoi il parle quand il place ses intrigues dans les banlieues du 93, puisqu’il y a été lieutenant de police judiciaire. Et comme il a un talent fou pour déployer ses histoires, ce succès n’est vraiment pas une surprise.
C’est un immense plaisir pour moi de pouvoir échanger avec Olivier Norek, d’autant plus que l’homme est aussi sympathique que talentueux. Voici donc son interview, une belle occasion de parler de son parcours et de son dernier roman : Territoires.
Question rituelle pour démarrer mes entretiens, peux-tu te définir en trois mots, juste trois ?
Curieux (trop) – Solitaire (trop) – Ambitieux (mais honnête).
J’ai l’impression d’avoir perdu une bonne part de ma naïveté après avoir lu Territoires…
Alors le job a été fait ! C’est toujours effrayant de regarder dans la boite de Pandore…
Comment travailles-tu le lien entre toutes tes idées, entre fiction et réalité ?
La réalité est la base de mon récit… puis je la transforme parfois pour la romancer et y intégrer mes personnages et mon histoire.
C’est une sorte de toile de fond. Elle permet de pouvoir penser que si le décor est vrai alors le reste l’est, d’où la difficulté de discerner le vrai de la fiction.
Penses-tu que le polar peut à la fois distraire et alarmer ? C’est l’impression que me donnent tes romans en tout cas…
C’est toute la question de l’Art que tu poses là. L’Art n’est il que beauté ? L’Art est il politique ? Social ?
Les polars sont des livres d’Histoire en avance. Si vous voulez savoir comment fonctionne une cité, un quartier défavorisé perdu dans une ville, alors Territoires vous en apprendra plus qu’un reportage.
Pourquoi ? Tu connais des gens totalement bons ou totalement mauvais ? Malgré 15 ans de police, je n’en ai jamais rencontré !
Pas de caricature, pas d’angélisme, juste du vrai. Et c’est justement par ce que les méchants ont une âme qu’ils sont intéressants. Inversement, c’est parce que les bons ont une part sombre qu’ils sont attachants.
Le travail d’équipe des personnages de flics que tu mets en avant est très fort. C’est important pour toi et c’est comme ça dans la vraie vie aussi ?
Il n’existe pas, en France, de flics solitaires à l’américaine. Nous travaillons en équipe et le fait d’avoir eu peur ensemble, d’avoir espéré ensemble, d’avoir vécu ce que la société et les hommes offrent de pire, mais toujours ensemble, nous lie d’une manière indéfectible.
Nous avons, au bout de quelques années, la même relation fraternelle qu’ont les soldats qui sont montés au front.
À force de mettre les pieds dans le plat, n’as-tu pas eu quelques soucis ou fait l’objet de pressions ?
Si j’avais menti dans mes livres, j’aurais laissé alors la possibilité à ma hiérarchie de pouvoir m’ennuyer. Malheureusement pour ceux qui m’en voudraient, je n’ai raconté que la vérité.
Quand on se bat contre la vérité, on ne la fait pas taire, on la rend encore plus bruyante. Alors comme 90% de mes bouquins sont tirés de la réalité, je suis quasiment inattaquable !
Tu t’es mis en disponibilité de ton métier de lieutenant de police. Qu’est ce qui te manque le plus de cette autre vie ?
L’équipe, en premier. L’impression d’appartenir à un clan, solide et protecteur.
L’adrénaline ensuite. Ce moment suspendu dans le temps, juste avant de péter une porte et d’interpeller un criminel…
Cet autre moment, quand au bout de plusieurs heures d’audition, vous sentez que le type va craquer et avouer…
Tu travailles également pour la télévision, quelques mots sur tes projets en cours ?
En octobre de cette année, la diffusion sur France 2 de Flic tout simplement. L’histoire de Martine Monteil et de la traque de Guy Georges.
Un film aussi, un thriller, en cours d’écriture avec un tournage prévu pour juin 2016, croisons les doigts.
Et l’année prochaine, la diffusion de la saison 6 d’Engrenages dont j’ai inventé l’histoire avec le pool de la boîte de production Son et Lumière.
Quand on lit tes deux romans, on les imagine facilement transposés à l’écran. Mais ces projets ne sont pas si faciles à mettre en place, si j’ai bien compris…
Money, money, money…
Mes histoires sont compliquées, avec beaucoup de personnages et pas mal d’action. Elles sont aussi assez sombres, ce qui fait peur aux diffuseurs télé.
Si elles voient le jour sur écran, ce sera certainement un grand écran.
Oui. On retrouve des potes auteurs, on se vanne, on se marre. Tout est organisé comme si on avait 8 ans et on se quitte avec plein de promesses… de vraies vacances.
Tu as le choix entre nous donner le mot de la fin ou ton dessert préféré…
Je profite toujours des interviews pour parler de mes potes auteurs, alors comme mot de la fin, je ne peux que vous dire de laisser une chance aux auteurs français.
Il y a une merveilleuse école du polar en France et leurs meilleurs élèves ne sont pas encore assez connus, donc lisez, lisez, lisez : Nicolas Lebel, Claire Favan, Jacques Saussey, Laurent Scalese, Romain Puertolas, René Manzor, Barbara Abel, Sandra Martineau, Sophie Loubière, Camut et Hug, Alexis Aubenque, Laurent Guillaume…
Et sinon, le Kouign Amann en dessert !
Catégories :Interviews littéraires
Excellent choix le kouign amann, une bonne raison de plus pour moi d’adorer cet auteur.
Par contre j’ai un peu de mal à considérer Romain Puertolas comme un auteur de polar… même si j’aime beaucoup ce qu’il fait.
C’est juste une histoire de potes, pas grave s’ils ne sont pas dans le même genre littéraire 😉
Nomdidjou Olivier ! Barbara est belge !
Très chouette interview, cela dit 🙂
Et Puértolas ne fait pas de polar, mais c’est pas grave la famille est grande et internationale 😉
Voilà, une belge talentueuse et les français nous la chipe, la déclarant française d’office sans qu’elle doive se naturaliser ! 😆
Ah quelle belle interview, toujours aussi instructive et passionnante 🙂
Vraiment un dieu grec ce Norek !
eheh merci pour lui 😉
Et voilà, c’est pour ça qu’on l’aime “notre” Olivier, il est cash !! Ses interviews sont toujours enrichissantes et authentiques !! Merci Yvan pour ce moment !! 😉😉😉
Il est parfait ce Olivier, plein de qualités décidément 😉
Bon moi il me reste encore à le découvrir , LUI. Je me suis fixé cet objectif pour dans l’année…..Et ensuite j’ajouterai tous ceux qu’ils citent…..Mais moi un auteur qui dit la Vérité , rien que la Vérité, ca ne peut que me plaire!!!!!;)
oui oui tu peux en rajouter quelques uns dans ta liste 😉
Elle se rallonge vachement quand je passe chez toi!!!!!;)
Je peux t’aider à liquider ses deux romans de ta PAL 🙄
On se fait une LC tu veux dire???? sur Code 93 et territoires? Tu ne les as pas lu ????
une double LC ? rien ne vous arrête 😉
Ah nous tu le sais, on part au quart de tour!!!!;) Donc voilà, Norek est bien prévu dans mon programme de lecture maintenant!!!!!;) Un doublet de LC……;)
Non, pas lu du tout ! et comme on avait parlé de se faire territoires, je me suis dit, autant commencer par le début… et si tu n”as pas lu code 93, ni territoire, je suis partante pour août septembre ! 😉
Banco!!!!!!!;)
Vendu !
Merci pour l’interview.
J’ai commencé “Territoires” hier, après avoir dévoré “Code 93”, et c’est vraiment excellent.
Le seul reproche que j’aurai est le suivant: pourquoi tant de haine envers nos amis les bêtes, et les chats en particulier ? La scène est vraiment énorme!
Content aussi de savoir qu’Olivier travaille sur la nouvelle saison d’Engrenages, il y a encore trop peu de bonnes séries Françaises, mais celle-ci en fait partie et les acteurs sont excellents; on en retrouve aussi certains dans “Un village Français”. On retrouve bien cette notion d’équipe dans Engrenages, et de même: personne n’est tout blanc ou tout noir.
Parmi les recommandations d’auteurs de polars Français, Hervé Le Corre et Antonin Varenne auraient bien sa place aussi après leurs respectifs “Après la guerre” et “Trois mille chevaux vapeur” (quoiqu’un peu plus axé “aventures”).
bien d’accord sur Varenne, d’ailleurs c’est le prochain à apparaître sur le blog ;-). merci pour ce message plein d’enthousiasme !
Code 93 sera mon prochain achat, je n’entend que du bien de cet auteur et ton itw m’a convaincue. Merci.
super, bonne lecture alors Cathy ! 😉
Bon j’ai compris, j’ai compris… il faut vite que je lise mon Code 93 dédicacé lors de SMEP 2015 😉
ben oui si déjà il est acheté, ça ne sert à rien d’attendre 😉
super interview, pour un super auteur 😉 Bravo Yvan!
bien d’accord Leila 😉 merci !
Je suis convaincue, depuis tes articles, qu’il faut que je le lise. Et en plus, même si cela n’ajoute rien à la valeur de son écriture, il a de très beau yeux cet homme là ! 😉
il fait des ravages, par son talent et par son physique (et aussi sa gentillesse !) 😉
Très chouette interview ! J’ai ses deux livres sur liseuse y a plus qu’à 😉
oui y a plus qu’à 😉 Bonne découverte !
Excellent ! J’ai adoré lire cet interview et ça me fait penser que ses deux ouvrages prennent des vacances prolongées sur mes étagères… oups !
Mais je ne sais toujours pas si le “kouign amann” est un dessert, une position sexuelle thaïlandaise, ou un poison violent qui tue sans laisser de traces… *intéressée*
faut que je t’emmène en Bretagne un jour alors, pour te sortir de ton plat pays 😉
Je suis pour !! Ils pratiquent cette position un peu bizarre, là-bas ?? Tu as des images de la chose ??
je t’enverrai un photo par mail, je ne veux choquer personne (c’est du pur beurre !) 😉
C’est parce que tu ne connais pas les 1001 vertus du beurre !! ;-))
Cet auteur a beaucoup de talent! Déjà dévoré ses deux livres….En plus, il est adorable hein! 😉
absolument, absolument (je réponds à tes deux commentaires) 😉
Waouh t’es trop fort ahahahha