Et quels romans ! Le tueur intime et sa suite directe Le tueur de l’ombre sont deux histoires de serial killer d’une rare intensité et d’une profondeur psychologique hors du commun. Deux bouquins vraiment marquants !
Un grand merci à Claire pour ce bel entretien.
Le tueur intime : ma chronique
Le tueur de l’ombre : ma chronique
Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?
Boule à facettes.
Grâce à internet, on peut récupérer beaucoup d’informations (trop même !) sur le FBI, les armes, comment construire une bombe, la géographie locale… Ensuite, les romans et la télévision permettent de se caler sur une base culturelle et policière commune à tous.
Concernant les tueurs en série, j’ai consulté des sites spécialisés pour me documenter sur le mode opératoire et la signature, pour décider que mon tueur serait sociopathe. Ensuite, j’ai bâti son trauma puis j’ai cherché comment le réfléchir (façon miroir) sur ses victimes. Après plusieurs tâtonnements, j’ai arrêté « sa méthode ». La suite ne représente plus qu’un travail d’imagination et de logique.
Pour ce genre de thrillers, est-il difficile de trouver le juste équilibre entre violence et analyse psychologique, le risque étant de tomber dans une certaine violence gratuite ? (je précise qu’à mon sens, les deux romans sont une admirable réussite à ce niveau)
On parle des « goûts et des couleurs », je dirais que les perceptions des lecteurs sont aussi complexes. Mes fiches de lecture chez « les nouveaux auteurs » décrivaient mes scènes de crime en partant de pudiques jusqu’à insoutenables. La marge entre les deux est pourtant grande.
Le sujet étant ce qu’il est, je ne voulais pas passer sous silence cette partie du récit. Je souhaitais, au contraire, guider le lecteur sur la voie dans une première phase suffisamment explicite pour que son imagination fasse le reste.
Pour autant, chaque scène de meurtre a été écrite pour faire avancer l’intrigue : soit pour expliquer comment le tueur peaufine sa méthode avec l’expérience, soit pour qu’en réaction à un événement extérieur, il se dévoile au travers de dérapages perceptibles par les enquêteurs.
J’insiste sur le fait que vos romans sont d’une rare profondeur psychologique. Vous semblez avoir une grande capacité de projection, mais avez-vous également fait des recherches à ce niveau ?
J’ai effectué quelques recherches sur les fondamentaux psychologiques, pour le reste, j’aime bien le mot projection.
S’intéresser aux autres, les regarder vivre, interagir, interpréter leurs attitudes, spéculer sur leur état d’esprit, imaginer les points de vue de tous les protagonistes d’un événement m’a toujours passionné.
Lorsque j’étais plus jeune, je voulais même devenir psychiatre. La longueur des études m’en a dissuadée. L’idée a simplement germé sous une autre forme.
La psychologie des personnages est admirablement fouillée. Leurs évolutions étaient-elles claires dans votre esprit dès le début de l’écriture, ou leurs cheminements vous ont-ils réservé des surprises au cours de la rédaction des deux bouquins ?
J’établis un plan qui fixe les grandes lignes de l’action et donc forcément de ce que devient chaque personnage durant le livre. Je ne peux pas parler de surprise même si des aménagements ou des éclairs de compréhension sont intervenus en cours d’écriture.
D’où vous vient cette fascination pour les tueurs en série ?
J’ai lu très tôt ce type de romans. C’est devenu mon genre de prédilection.
Pour autant, le mot fascination n’est pas exact. Je ne traque pas les informations sur le sujet. Je ne regarde pas d’émissions dédiées sauf lors de conférences spécifiques données pendant des salons littéraires auxquels j’ai pu participer.
L’histoire de Will n’est en aucun cas une façon de glorifier ces hommes. Il s’agit plutôt de proposer un « pourquoi » et un « comment ».
L’idée de mon deuxième livre est venue en cours d’écriture du premier. Le projet aurait pu se faire indépendamment avec de nouveaux personnages, mais je trouvais plus intéressant d’utiliser ceux qui avaient réchappé au premier tome et d’exploiter leurs faiblesses nées des événements subis.
Réutiliser le même tueur m’a aussi permis d’amplifier les perceptions des lecteurs. Puisque voir Will, si monstrueux et dominant, en difficulté dans le second tome avait forcément plus d’impact qu’avec un nouveau personnage.
Votre méthode de travail est-elle bien rodée et n’est-il pas compliqué de concilier vie professionnelle, vie familiale et vie de romancière ?
Pour faire court, je lis pendant mes deux heures de trajet quotidien, je travaille la journée dans la finance, je m’occupe de ma famille jusqu’au coucher de mon fils et ensuite j’écris trois ou quatre heures plusieurs fois par semaine.
Ma vie est compartimentée et les priorités fixées. L’ensemble tourne plutôt bien.
Pouvez-vous nous parler de vos autres projets, et par exemple de votre participation au recueil de nouvelles « Santé ! » ?
Quand Fabien Hérisson m’a proposé de participer à Santé !, j’ai immédiatement dit oui. L’écriture est une passion solitaire et égoïste. Là pour une fois, il s’agissait de faire une bonne action, alors pas d’hésitations.
J’ai également participé à la saison 3 de l’Exquise Nouvelle qui paraîtra prochainement.
J’ai des idées de romans plein la tête.
Vous êtes proche de vos lecteurs, sur internet et très accessible lors des salons littéraires. Ce contact direct est-il important pour vous ?
Important, oui et non. Je dirais plutôt naturel.
Si un auteur ne veut pas rencontrer ses lecteurs, il reste chez lui. Si au contraire, il fait le déplacement, c’est dans le but de partager, donner, recevoir.
Et le prochain projet, où en est-il et de quoi parle-t-il ?
Mon troisième livre paraîtra début 2014 chez mon nouvel éditeur. Pour le moment, le travail éditorial est en cours. Je viens d’ailleurs de recevoir le projet de couverture. J’ai fait des bonds toute la journée !
Il s’agit d’une nouvelle histoire de tueur en série, sans doute plus accessible que mes deux premiers romans.
Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou nous citer votre dessert préféré…
Vivement 2014!!!
Claire et une belle brochette d’auteurs lors du salon de Saint-Maur en poche 2013
Catégories :Interviews littéraires
Comme de coutume, une très bonne interview, qui nous dévoile une auteure de qualité et nous donne envie de la connaître mieux, après avoir apprécié ses romans.
Sans aucun doute, Claire Favan est une grande dame du thriller.
Content de voir que tu partages mon avis sur le sujet mon cher Vincent 😉
Non, non, non, Yvan ! Ça ne va pas ! À quand la journée de la daube ? Voilà encore des livres que je veux lire, mais comment vais-je y arriver sans retourneur de temps ?? 🙂
Excellente interview, comme d’habitude.
Ce n’est quand même pas ma faute s’il existe des auteurs de grand talent injustement méconnus 😉
J’adore le coté “boule à facettes”. D’une part parce que Claire est un vrai rayon de soleil qui nous renvoie sa bonne humeur. Et d’autre part, à mon avis, Claire me nous a pas encore montré toute l’étendu de son talent.
C’est un vrai bonheur de la retrouver dans ton belle interview Yvan.
C’est pêchu et cela nous rend guillerets.
Merci à vous deux donc. Et vive 2014 que l’on retrouve l’écriture de Claire Favan.
J’ai adoré sa réponse sur la boule à facettes ;-).
Très bien trouvé !
Oui vivement 2014 !
Boule à facettes : hahaha, j’adore ! C’est le surnom de ma fille …. mais je pense pour d’autres raisons ! hihihihi
Ma soeur est une grande fan de Claire et possède ses romans. Chouette ! Désolée, pour Claire ! Je ferai un emprunt pour découvrir son univers. Mais je saurais la conseiller en cas de séduction et la prévoir dans mes futurs achats. En tout cas, les boules à facette, c’est bôôôô !
J’ai adoré aussi cette réponse 🙂 merci pour ton message !
Les deux titres sont dans ma PAL grâce à un excellent ami 😉 … ne manque plus que le moment adéquat…
Je ne vois pas du tout de qui tu parles 😉
Tu veux un nom??? 😉