Interview Fabrice Papillon – La conjuration de Dante

1 livre et 5 questions pour permettre à son auteur de présenter son œuvre

5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger

Editeur : Seuil

Sortie : 08 mars 2024

Lien vers ma chronique du roman

Avec ce nouveau roman, tu nous plonges au sein du secret ultime, celui de la mort. Mais pas seulement…

La mort est effectivement un thème sous-jacent, puisqu’il est question de l’âme et de son destin au moment de mourir. Mais plus encore, c’est la question même du fonctionnement intime de notre cerveau qui est au cœur de l’intrigue. Avec ce tiraillement permanent entre le haut et le bas ; la cognition, nos pensées, nos fonctions supérieures ; et nos émotions, nos pulsions, qui sont justement régies par des noyaux obscurs, enfouis au fin-fond de notre cerveau, dans un système qui porte bien son nom : le système limbique. Les limbes, c’est une zone tampon aux portes de l’enfer ! Quelle meilleure dénomination ! C’est le lien permanent, sémantique et fonctionnel, entre la Divine comédie de Dante, du paradis à l’enfer, et la réalité de la structure et du fonctionnement de notre cerveau, qui m’a fasciné. La comparaison est incroyablement efficace. C’est à croire que Dante voulu décrire notre cerveau en écrivant la Divine comédie ; il a dévoilé le fonctionnement intime de nos pensées, depuis notre raison, la plus noble, jusqu’à nos pulsions les plus sombres. Et ce des siècles avant que les anatomistes et les scientifiques ne décrivent notre encéphale ! Et c’est sur cette architecture, cette idée, que j’ai construit l’ensemble de l’intrigue. J’ai voulu revisiter une thématique qui me passionne depuis des années, à travers, notamment, les documentaires que j’ai produits : celle de l’organe le plus noble et le plus mystérieux de l’être humain.

 » C’est la question même du fonctionnement intime de notre cerveau qui est au cœur de l’intrigue « 

On y retrouve le personnage de Louise, même si ce roman est indépendant…

Oui, j’étais très attaché à ce personnage apparu dans Alienés, cette commandant de police devenue commissaire un peu malgré elle. Sa personnalité volcanique, sa gouaille, son culot, mais aussi sa sensibilité à fleur de peau et ses addictions la rendent particulièrement humaine et proche de nous. En tout cas elle est très proche de moi, de manière un peu paradoxale : elle est un peu mon négatif, et je l’admire pour ça ! Elle est personnellement impliquée dans l’intrigue, pour des raisons familiales et traumatiques. Ce qui donne évidemment tout son sel à son investissement, corps et âme – c’est le cas de le dire – dans cette enquête. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne la ménage pas, et qu’elle subit le pire dans ce livre. Mais je n’en dirai pas plus :-).

 » J’ai l’impression d’avoir trouvé mon équilibre « 

Avec toujours ta marque de fabrique, une somme de recherches ahurissante pour préparer cette intrigue incroyable. Mais tu as aussi veillé à travailler son rythme…

Oui, j’ai voulu faire la synthèse entre mes deux premiers romans, Le dernier hyver et Régression, avec une documentation foisonnante tous azimuts, historique, scientifique et philosophique, et une approche beaucoup plus instinctive et rythmée, telle que dans mon troisième roman, Alienés. J’ai l’impression d’avoir trouvé mon équilibre entre les deux. J’ai toujours besoin d’être rigoureux dans mes références, pour donner sa crédibilité à l’intrigue, malgré ses facettes ésotériques ; et en même temps, je suis beaucoup plus à l’aise avec la psychologie des personnages, leurs émotions, et le rythme du récit. J’espère continuer de m’améliorer dans ces registres, j’ai conscience que c’est important.

Tu joues à faire participer activement des personnages illustres à l’intrigue…

Oui, là encore, je renoue avec mes deux premiers romans. J’avais abandonné ces sauts dans le temps dans Alienés, car l’intrigue ne s’y prêtait pas. Mais ici, c’était très logique, et je me passionne toujours autant pour le récit historique, en changeant d’époque, de décor, mais aussi de vocabulaire pour rester au plus près de l’atmosphère du passé. Cette fois, j’ai intégré moins de passages historiques que dans mes premiers romans ; ils sont aussi plus liés les uns aux autres, en particulier parce qu’on suit des tribulations du cerveau d’Einstein depuis son vol jusqu’à nos jours. Tu as raison, on croise aussi Descartes (enfin son squelette) ou encore Spinoza ; mais aussi des savants moins connus qui ont pourtant laissé une trace indélébile dans l’histoire. Et tout ceci nourrit bien entendu l’enquête. Grâce à ces passages historiques, les lecteurs ont des indices que les policiers n’ont pas. L’Histoire est vraiment l’une de mes passions, et ma formation universitaire ; je prends toujours un énorme plaisir, avec la science et la philosophie, à me plonger dans des archives pour pouvoir relater des épisodes croustillants, et généralement tout à fait réels du passé.

 » Un rythme de page turner, mais toujours en distillant des connaissances « 

C’est un parfait exemple d’un thriller qui sait divertir, stimuler et enrichir…

Tant mieux si c’est ce que le lecteur ressent, c’était en tout cas, comme chaque fois, mon but profond : proposer de vraies intrigues originales, avec un rythme de page turner, mais toujours en distillant des connaissances, et en reliant des faits qui n’ont apparemment strictement rien à voir entre eux. Montrer des passerelles invisibles, peut-être occultes, qui sortent de mon imagination, mais qui permettent aux lecteurs de se projeter dans des univers parallèles, ou dans une quatrième dimension inattendue, tout en se référant à des choses très connues et bien réelles. Tout ceci agrémenté de meurtres souvent sordides, de la quête d’une énigme tordue, et je l’espère, en entretenant le suspense du début à la fin. C’est toujours ce qui me motive, c’est mon but ultime, car je déteste l’idée d’ennuyer le lecteur. Je suis un lecteur moi-même, et j’ai besoin d’être réveillé à chaque page pour rester impliqué dans un roman. Enfin, j’ajouterais que la fin est extrêmement importante. Nous avons tous vécu des moments de déception en lisant de bons romans, mais dont la fin tombe à plat, et fait « pshiiit ». Je m’efforce, dans mes romans, de toujours proposer une fin inattendue, de grande ampleur – elle impacte souvent une bonne partie de l’humanité ! – en espérant qu’elle surprendra le plus possible le lecteur.

J’ajouterais un dernier mot : MERCI du fond du cœur Yvan pour ton soutien indéfectible depuis le début, et l’incroyable chronique que tu as écrite sur mon livre. Je ne m’en remets toujours pas ! Et puisque j’en suis aux remerciements, je souhaite une nouvelle fois remercier Franck Thilliez, que j’admire énormément, d’avoir lu et tellement apprécié mon roman qu’il m’a fait l’honneur de commentaires élogieux, dont on retrouve quelques mots en 4è de couverture. Avec des soutiens tels que vous, je suis vraiment verni !!

Crédit photo : © J. Panconi



Catégories :Interviews littéraires

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13 réponses

  1. Merci pour ce bel échange 🙏 😘

  2. Caroline - Le murmure des âmes livres – Lectrice enthousiaste et éclectique, je lis de tout, partout et sur tout type de support. J’ai créé ce blog en juin 2021, pour y parler de mes découvertes littéraires, avec sincérité et passion. Mes lectures peuvent varier en fonction de mon humeur ou encore des saisons, même si j’ai une préférence pour les romans à suspense et les romans noirs. Depuis ma première écoute en 2014, le livre audio est devenu mon format de prédilection.

    Une rencontre très intéressante, merci ! Il me reste à lire le livre maintenant ! 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      bonne future lecture alors Caroline !

  3. Lilou – passionnée d’égyptologie, amoureuse du Québec, adore les arts et la culture, lectrice compulsive, chroniqueuse...

    Merci Yvan pour cette rencontre, j’aime ce que tu nous fais découvrir en t’entretenant avec les autrices et/ou auteurs. En relisant ma chronique d’Aliénés, je me rends compte que le personnage de Louise m’avait passablement agacée ! (je ne m’en souvenais plus, d’où l’intérêt de Babélio !!) Et je vois qu’elle est de retour dans celui-ci, hummm j’espère qu’elle ne va pas continuer à m’énerver 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Elle est attachiante ;-). Franchement, elle prend une place étonnante dans cette histoire, mais elle est loin d’être seule.

      • Lilou – passionnée d’égyptologie, amoureuse du Québec, adore les arts et la culture, lectrice compulsive, chroniqueuse...

        Ouii 😆 je vais bien sûr tenter car il a l’air vraiment bien !!!

  4. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Passionnant !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est sans aucun doute la personne la plus passionnante que j’ai pu rencontrer dans mes pérégrinations littéraires. Et qui garde une vraie humilité, malgré qu’il soit un puits de science

  5. Nath - Mes Lectures du Dimanche – Livres, ongles & Rock 'n Roll

    Merci pour cet éclairage !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      merci pour ta curiosité !

  6. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Je lirai votre entretien après avoir lu le roman histoire de ne pas être influencée 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      oui, reviens plus tard, tu sais combien l’auteur est passionnant !

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