Saint-Quay-Portrieux, son port de plaisance, endroit bucolique. On rembobine.

Saint-Quay-Portrieux, son port, porte ouverte au trafic.

La vision qu’on se fait de ce coin touristique de Bretagne en prend un coup au travers cette intrigue policière prenante. Denis Lépée nous fait passer derrière le rideau de brume pour nous dresser un tout autre portrait de ce qui peut se dérouler sur les embarcadères.

En parallèle

Le tout débute, en haute mer, à plus de 16 km des côtes bretonnes, là où en 2013 se met en place un immense parc de 62 éoliennes. L’auteur profite de cette réalité pour nous plonger, littéralement, aux racines de ces monstres des mers. Une scène d’introduction forte qui voit la disparition d’un plongeur dans cette zone interdite.

En parallèle, une travailleuse sociale est retrouvée assassinée, visiblement durement torturée.

Deux affaires diamétralement opposées que le commandant Alex Dumas cherche à suivre, officiellement ou non, mais qui vont avoir un point commun : on essaye de l’en éloigner.

Gangrène

Denis Lépée a du talent, protéiforme, lui qui est passé des romans historiques au roman noir finlandais (cf le formidable Les engloutis), en passant par des biographies de personnes illustres (Winston Churchill, Frank Sinatra et Ernest Hemingway).

Si vous êtes à la recherche d’un bon polar, certes classique mais bien mené, Rester le chasseur a les qualités pour répondre à vos attentes. Rien d’exotique pour le coup, les terres bretonnes sont proches de nous. Et pourtant… L’auteur nous les fait regarder d’un autre œil, à travers un autre prisme.

Avec le trafic de drogue qui gangrène le pays partout, pas seulement les grandes villes. C’est même devenu un fléau de nos campagnes. Et comme un port est une excellente porte d’entrée ou de sortie, je vous laisse imaginer le potentiel d’une telle intrigue.

Cases cochées

Un récit qui coche les cases du bon polar, tendu sans jamais en faire des tonnes, précis et carré. Avec un flic, héros du quotidien, attachant et qui n’hésite pas à flirter avec la ligne pour défendre ce en quoi il croit et ceux qu’il aime. Pour ne jamais perdre la main, rester le chasseur.

L’auteur a beaucoup travaillé son arrière-plan pour que tout sonne juste. L’enquête est documentée et l’environnement très visuel.

Il faut dire qu’il y a mis beaucoup de lui, partageant à travers cette histoire son amour infini pour la Bretagne et la plongée sous-marine.

Les trafics qui corrompent nos contrées sont passés au fil de (Denis) Lépée. Rester le chasseur est un polar sobre, mais tranchant et qui sonne juste. Une fiction qui parle de la réalité, mais bien romancée pour le plaisir (et l’éclairage) des amateurs du genre.

Lien vers l’interview de Denis Lépée au sujet de “Rester le chasseur”

Yvan Fauth

Sortie : 20 septembre 2023

Éditeur : Fayard

Genre : polar

Prix : 19 €

4ème de couverture

Un corps mutilé sur un bateau
Un plongeur disparu en haute mer
Une nouvelle drogue mortelle le long des côtes bretonnes

Lorsque le commandant Alex Dumas apprend qu’un corps de femme a été retrouvé sur un chalutier, il pense immédiatement à sa source, Nolwenn. Elle devait lui livrer des informations concernant un nouveau réseau de drogue implanté près de Saint-Brieuc. Rongé par la culpabilité de n’avoir pas su la protéger, Alex Dumas est plus que jamais résolu à mener l’enquête. Mais il en est aussitôt dessaisi.
Le même jour, il reçoit un appel : Romain, son compagnon de plongée, l’informe qu’un ami commun, Marco, a disparu en mer. Là encore, Alex Dumas est empêché par sa hiérarchie, sans explication. Ces deux affaires sont-elles liées ? Et si oui, pourquoi est-il tenu à l’écart ?
Entre désir de vengeance et quête de vérité, Alex Dumas décide d’ignorer les ordres et de poursuivre ses recherches en dépit du danger. Menacé de toutes parts, il se rend compte que l’ennemi n’est peut-être pas celui qu’il croyait.
Face aux tentatives d’intimidation, il n’a qu’un mot d’ordre : rester le chasseur.

Catégories :Littérature

Tags:Denis Lépée, Fayard, lu en 2023, Polar