Ce livre est un mystère. Il serait criminel de dévoiler les tenants et les aboutissants de La dernière maison avant les bois de Catriona Ward. A tel point qu’il est presque impossible d’en raconter quoi que ce soit.
Les éditions Sonatine sont restées très évasives sur la quatrième de couverture, tout en dégainant les superlatifs, parlant d’une des histoires les plus inattendues depuis longtemps. Et s’appuyant sur les propos élogieux d’autres écrivains, comme Chris Whitaker auteur de l’inoubliable Duchess.
Renouvellement de genre(s)
Et de Stephen King également, qui a dit n’avoir rien lu d’aussi excitant depuis Les apparences de Gillian Flynn. De l’artillerie lourde !
Ce livre de Flynn avait été le déclencheur de vagues successives et ininterrompues de thrillers psychologiques. Jusqu’à la nausée. Avec l’impression que ce sous-genre tournait en rond depuis un bon moment.
Mais, si vous achetez ce livre, dites-vous que vous tiendrez bien entre les mains un roman à part. Et que je m’associe aux louanges précédentes. Et il m’en faut beaucoup pour être encore surpris.
Petit conseil d’ami, laissez-vous porter par la narration. Car la forme interpelle rapidement, Catriona Ward prenant le pari d’écrire ce récit à plusieurs voix. Vous serez déstabilisés et intrigués. Jusqu’à même vous demander ce qui se déroule réellement sous vos yeux.
Faites confiance à l’autrice, laissez la poser les pièces du puzzle (et ses pièges), et développer son intrigue protéiforme.
En pleine tronche
Pas d’action effrénée, on est bien au plus près de la psychologie, avec des personnages plutôt dévoyés.
Sur le papier, on pourrait se dire que c’est une énième disparition d’enfant. Et qu’au fil des pages le « principe » retenu a déjà été largement utilisé dans le genre (livres et films).
En soit ce n’est pas faux, sauf que… Catriona Ward arrive réellement à renouveler le propos, et son habileté et son audace forcent le respect. A l’image de la toute fin et des explications que vous prendrez en pleine tronche.
A la différence d’une foultitude de thrillers, je peux vous assurer que vous garderez trace en mémoire de cette histoire et de ses personnages, pour longtemps. Un gros, très gros supplément d’âme y plane.
La dernière maison avant les bois est une intrigue qui joue avec les peurs, à l’ambiance pesante autant qu’étrange, au plus près de personnages, les plus déconcertant soient-ils.
Risques
Vous vous direz sans doute, de chapitre en chapitre, que vous avez compris le sens de l’histoire, que vous savez à quoi vous en tenir. Oui, vous placerez rapidement quelques pièces, sauf que les plus importantes seront invisibles à vos yeux (même habitués), ou se présenteront sous une forme différente de ce que vous aurez pu anticiper.
L’écrivaine a pensé son intrigue et ses protagonistes avec un très grand soin. Ce qui parait fou au départ se révèle ensuite d’une grande finesse et d’une belle intelligence narrative. Elle provoque le lecteur, le heurte, le perturbe, le met mal à l’aise. En prenant des risques.
Mais rien n’est gratuit, tout fait sens, le grand tout se montre d’une puissance émotionnelle insoupçonnée.
La dernière maison avant les bois est bien ce suspense inattendu à ne pas rater. Je plussoie avec force. Catriona Ward a un talent singulier et son approche du thriller psychologique (mais pas que) est à couper le souffle. Malsain et humain, poignant et jubilatoire.
Yvan Fauth
Sortie : 16 février 2023
Éditeur : Sonatine
Genre : Thriller psychologique
Traduction : Pierre Szczeciner
Prix : 23 €
Lien vers la page du livre sur le site communautaire Babelio
4ème de couverture
Un terrible secret hante ces murs…
Dans l’impasse de Needless Street se dresse une maison isolée et solitaire, à l’image de son propriétaire, Ted Bannerman, un étrange personnage. Dee, qui vient d’emménager dans la maison voisine, est persuadée qu’un terrible secret pèse sur les lieux. Ted aurait-il un lien avec cette disparition d’enfant survenue onze ans plus tôt dans les environs ? Que se passe-t-il vraiment derrière la porte de la dernière maison avant les bois ?
Quelque chose est bien enterré dans la forêt. Mais ce n’est pas ce que vous pensez… La Dernière Maison avant les bois est en effet l’un des romans les plus inattendus qu’on ait lus depuis longtemps – et certainement celui dont vous aurez le plus envie de parler cette année.
Catégories :Littérature
Du lourd, du très lourd chez Sonatine. Cette pile de lecture commence sérieusement à pencher. Merci Yvan.
oui du très lourd chez Sonatine pour commencer l’année ! Avec 3 livres indispensables que sont le Ellory, le Natt och Dag et le Ward. La pile penche 😉
Ce livre renouvèle le genre, je pensais avoir deviné mais grosse erreur de ma part. Un livre brillant
on est en phase (comme souvent) 😉
Ça va, ça va, j’ai compris ! Je suppose que la chronique de Aude enfoncera le clou que vous avez déjà planté tous les deux 🙃
Remarquable du début à la fin !
Même pas mal. Merci pour le chronique Yvan. 🤗😘
Si c’est comparable à celui de Gillian Flynn, que j’avais adoré, il y a peu de chances que je ne craque pas…
Oh, ta chronique éveille vraiment ma curiosité pour ce roman ! Je note 🙂
je suis content d’avoir réussi à titiller ta curiosité ;-). ça en vaut la peine
Ok, je ne l’avais pas retenu, ni même vu, mais là, tu me donnes envie (et je suis fâchée sur toi, tu me connais 😆 ).
Si je le lis, je me laisserai porter et ne penserai pas avoir tout saisi 🙂
voilà 😉
Bon ben j’ai pas le choix je note !
Et j’achète pour la biblio 🙂
oh, oui, il mérite qu’on s’y attarde !
noté
J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman également, et le parti pris original de l’autrice pour traiter son sujet. Un livre vraiment surprenant, dont les personnages vont me marquer longtemps.
content que tu ais persévéré, merci d’avoir fait confiance aux potes ;-). Tu vois que ça valait sacrément le coup !