1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
CLAIRE FAVAN
Titre : De nulle part
Editeur : HarperCollins
Sortie : 05 octobre 2022
Lien vers ma chronique du roman
En dix romans, ce n’est que le deuxième qui se déroule en France…
Ce roman mélange plusieurs thèmes que j’avais envie de traiter, la fatalité, la gémellité, et d’autres encore. Pour lui, je n’avais pas d’a priori pour que l’intrigue se passe en France, bien au contraire. Mon fameux « quand je pense à la France, tout devient plat et gris dans mon imagination » collait parfaitement au rendu que je voulais donner à ce récit. Donc go ! Sans compter que les faits que je mets en scène se passent bien ici, sous notre nez.
En toile de fond, tu parles donc du sort terrible des enfants placés ou en foyer, et de leur peu de chance de se sortir de la misère. Avec des faits révoltants…
L’histoire devait débuter au moment où Tony sortait des foyers et raconter son parcours du combattant pour la suite. Pour donner un peu de consistance et d’épaisseur au personnage et à son amitié avec Chris, j’ai regardé des reportages, lu des articles. Et ce que j’ai découvert m’a fait revoir totalement mon intrigue. En découvrant cet enfer (et encore ! On parle ici des foyers d’un pays dit civilisé…), je n’ai pas pu faire l’impasse. Et plus je visionnais des reportages, plus je lisais des articles, plus je regardais des témoignages, plus je me sentais horrifiée. C’est simple, j’ai passé environ la moitié de mon temps de collecte d’informations et d’écriture de l’enfance de Tony à pleurer. Je n’ai qu’une seule appréhension : que mes mots soient à la hauteur des faits que je veux dénoncer. Parce que malheureusement, rien dans ce que j’ai écrit n’est inventé. Tout est issu de mes recherches et la réalité dépasse largement la fiction, ce que je trouve personnellement désespérant.
J’ai condensé, bien sûr, je n’ai pas tout développé, mais j’ai essayé de placer tout ce que j’ai pu lire : les fugues, les abus, la prostitution, la loi de la jungle, le manque de moyens, la violence, la maltraitance, les abus de biens sociaux… Je me suis alors demandé si un enfant placé pouvait vivre tout cela à la fois. En discutant avec mon éditrice, Marie Eugène, j’ai alors découvert qu’un des porte-paroles des enfants issus des foyers, Lyes Louffok, faisait partie de la team HarperCollins. Un téléfilm basé sur sa vie, l’enfant de personne, passait peu de temps après à la télévision. Et j’ai compris alors que la réponse à ma question était oui, malheureusement.
Ce roman est aussi un formidable thriller qui joue avec le thème de la gémellité…
D’une part, la gémellité est un thème que j’adore dans les thrillers. Même si on tourne un peu en rond (pour ceux que j’ai lus) avec l’un des frères qui a payé pour les crimes de l’autre et le retour de bâton qui s’en suit. D’autre part, j’explique à la fin du livre, en quoi ce thème est particulièrement ancré dans mon histoire familiale et pourquoi je voulais le traiter.
Du coup, ton roman parle aussi de manipulation et d’influence…
Sommes-nous les produits de notre enfance ? Pouvons-nous échapper à la fatalité qui pèse sur nos épaules ? En prenant deux jumeaux identiques en apparence et en les séparant à la naissance (expérience qui a, pour info, déjà été tentée aux USA avec des triplés), leurs chances seront-elles identiques ? Est-on le résultat des forces et des défauts de nos parents, de notre environnement social, de nos choix ou de ce que nous subissons et de notre façon de nous relever ? Vaste débat.
Pour Tony, en tout cas, les chances de s’en sortir sont minces, quand son contrat jeune-majeur se termine. A partir de ce moment, il doit lutter contre la fatalité, son environnement, la facilité et les raccourcis. Malheureusement, les compromis sont obligatoires dans sa situation.
Son placement en foyer a fait de lui un survivant. Et par définition, les survivants ont traversé l’enfer, ils ont dû perdre de leur humanité en chemin, à cause de ce qu’ils ont vu, subi, encaissé, ou fait.
Alors, oui. Tony est prêt à tout pour survivre. Quel qu’en soit le prix.
Cette incursion française te donne-t-elle envie de poursuivre sur cette voie, ou l’appel de l’Amérique est-il toujours aussi fort ?
Je pense qu’on peut à présent constater que les thrillers que j’écris se passent aux USA et les romans plus sociaux se déroulent en France. En fonction de ce que je souhaite aborder ou dénoncer, j’aviserai. Je ne me ferme aucune porte.
Catégories :Interviews littéraires
Interview très intéressante surtout la partie « nous sommes une partie de nos parents jusqu’où ?», mais c’est ma quête personnelle…
Si il y a du vrai dans cette fiction, alors il ne faut pas se voiler le regard… Je l’ai commandé à ma librairie préférée.
Que l’auteure se rassure, ses mots ont été justes et bien placés, savamment dosés, ni trop, ni trop peu…
merci pour cet article très intéressant. Il me tarde de découvrir le livre
bonne future lecture alors !
Cette Louve. ❤️