Les fêlures – Barbara Abel

Ce roman est de la dentelle.

Que ce soit au niveau de l’analyse psychologique, ou de l’écriture, Barbara Abel a brodé une histoire d’une telle finesse qu’elle prend peu à peu le lecteur dans ses filets. Avec autant de sensibilité que d’élégance.

Peut-on encore parler de thriller ? Par cette tension lancinante liée à la découverte du fin mot du récit ou par quelques vraies surprises, sans doute que oui. Mais clairement, nous avons davantage affaire à un roman noir qui fait la part belle aux ressentis des personnages. Ce n’est pas le sentiment d’urgence qui prime, mais bien la profondeur psychologique.

Débute par le drame

Des protagonistes plus vrais que nature, sans que l’autrice ne cherche à surjouer leurs réactions, mais en développant une intrigue suffisamment intense pour que le lecteur ne puisse s’en défaire avant la fin des 400 et quelques pages.

Un vrai travail d’orfèvre sur les émotions de ces personnages tout en clair-obscur, entre ombres et lumières. Où les ténèbres prennent le pas, page après page.

Le roman se présente comme une version de Roméo et Juliette du 21ème siècle, mais qui débute par le drame. Le point de départ de multiples interrogations sur les tenants et les aboutissants de cette tragédie.

L’écrivaine belge nous plonge ensuite dans l’histoire de deux familles bien différentes, d’un milieu social opposé. Mais toutes les deux dysfonctionnelles à leur manière.

Des racines qui coupent les ailes, et qui expliquent beaucoup ce qui va arriver par la suite. Mais rien n’est simple, il suffit de voir les comportements différents entre fratries. Entre inné et acquis, le roman démêle doucement les fils d’une catastrophe.

Plume brillante

Les secrets se dévoilent peu à peu, rien de simpliste ni de manichéen, bien au contraire. L’étoffe se déchire à coups de culpabilité, celle que déclenche le suicide d’un proche.

Il y a de l’exigence dans la manière d’avoir mené cette histoire. Par le souci de sonner juste, par la volonté d’appuyer là où ça fait vraiment mal. Par la manière de raconter aussi.

L’autrice a apporté un soin tout particulier à l’écriture, encore plus qu’à son habitude. On sent un effort encore plus grand pour que la noirceur du récit soit portée par une plume brillante. Au plus près des émotions, mais aussi avec cette exigence stylistique profondément enrichissante. Le travail d’orfèvre est là aussi.

Et pour un final que je trouve juste, subtil et marquant.

On sort épuisé de ce roman, mais rempli d’une foultitude d’émotions. Grandi aussi d’avoir mieux compris les sentiments contradictoires qu’éprouvent ces magnifiques personnages de papier.

Je n’hésite pas à dire, qu’à mon sens et à ce jour, Les fêlures est le meilleur des romans de Barbara Abel. Ce n’est pas peu dire.

Yvan Fauth

Date de sortie : 31 mars 2022

Éditeur : Plon

Genre : Roman noir

4ème de couverture

Qui est le véritable meurtrier d’un être qui se suicide ?
Lui, sans doute.
Et puis tous les autres, aussi.

Quand Roxane ouvre les yeux, elle sait que les choses ne se sont pas passées comme prévu. 

Martin et elle formaient un couple fusionnel. Et puis, un matin, on les a retrouvés dans leur lit, suicidés. Si Roxane s’est réveillée, Martin, lui, n’a pas eu sa chance… ou sa malchance. Comment expliquer la folie de leur geste ? Comment justifier la terrible décision qu’ils ont prise ?
Roxane va devoir s’expliquer devant ses proches, ceux de Martin, et bientôt devant la police, car ce suicide en partie raté ne serait-il pas en réalité un meurtre parfait ? Que savons-nous réellement de ce qui se passe au sein d’un couple ? Au sein d’une famille ? Que savons-nous des fêlures de chacun ?



Catégories :Littérature

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15 réponses

  1. Je l’ai fini dans un état, Yvan. De la dentelle comme tu dis. Quel travail elle a fait là, Barbara.
    Un putain de bouquin. J’ai le droit de le dire, c’est ce que je pense. 😉😘

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Tu as le droit, c’est un cri du cœur 😉

  2. J’ai du mal à passer à une autre lecture. Tout me paraît fadasse. 😉😘

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Tu vas trouver 😉

  3. Celui-ci est sur ma liste depuis que j’en ai lu la première critique, et ce n’est pas ton billet qui va me faire changer d’avis !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Alors, ton libraire t’attend 😉

  4. Yvan a entièrement raison. Fonce Sylvie, fonce. 😉

  5. Que ce soit sur Babelio ou ici, je ne lis que du bien de ce livre et de cette autrice que je n’ai jamais lu pour ma part.

  6. Il faut la lire absolument. 😊😘

  7. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Purée, le meilleur, rien que ça ! Bon, faudra que je vérifie 😉

  8. Oui, vérifie et on en reparle. 😉

  9. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Je suis bien d’accord avec cette analyse très fine du roman : un vrai travail d’orfèvre❤️. En le refermant, je me suis dis qu’il a très peu d’auteurs capables de décortiquer à ce point toutes les émotions de façon aussi juste, et aussi précise. C’est du grand art d’écriture. Vraiment chapeau !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Nous sommes effectivement en symbiose tous les deux concernant ce roman. Ton commentaire résume parfaitement ce qui attend le lecteur. Chapeau bas !

  10. Nath - Mes Lectures du Dimanche – Livres, ongles & Rock 'n Roll

    Aïe, pour une fois, je ne suis pas totalement de ton avis… si j’ai effectivement trouvé l’analyse et la profondeur des personnages parfaitement travaillés comme toujours, il m’a manqué l’essentiel : l’effet de surprise ! tout me semblait logique…

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