1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
ROMAIN PUERTOLAS
Titre : Les ravissantes
Editeur : Albin Michel
Sortie : 30 mars 2022
Lien vers ma chronique du roman
C’est ton troisième roman « à énigme », une fois de plus bien différent des précédents…
Oui, nous voyageons aux Etats-Unis, cette fois-ci. Mais il y a la même volonté de surprendre mon lecteur, de lui faire tourner les pages, haletant, pour comprendre, à la fin, qu’il a tout faux, que je l’ai encore une fois manipulé, en lui donnant pourtant toutes les pistes pour qu’il comprenne lui-même, ce qui est peut-être pour lui le plus rageant…
Qu’est-ce qui t’a poussé à raconter une intrigue se déroulant aux USA et à cette période-là ?
Le mystère. Les Etats-Unis foisonnent de faits divers sordides et énigmatiques. J’adore cette atmosphère. L’époque aussi nous plonge dans un monde mystérieux et flou. Une secte, des mères fortes mobilisant la population pour que justice soit faite. J’adore cette ambiance de village, de shérif, de contrées plates et lisses. C’est une période où subsistaient encore certains mystères, comme les extra-terrestres. Aujourd’hui, tout a été dévoilé.
Dans mon roman, les téléphones portables ne peuvent pas venir au secours des personnages. Une super 8, voilà la seule technologie qui pourra prendre l’empreinte de cette énigme.
Tu joues une fois de plus avec les codes du polar sans en écrire vraiment un, cette fois-ci avec le sujet le plus usité dans le genre : les disparitions…
Je ne connais pas les codes du polar car je n’en lis pas. Je ne sais même pas ce qu’est un polar. Certains lecteurs définissent ce roman comme un « true crime ». J’aime cette appellation.
Parce que c’est ce que j’ai voulu faire, construire un fait divers crédible, en m’inspirant du réel, construire un lieu, l’histoire d’un village, fouiller mes personnages. Pour la première fois de ma vie, vous avez des descriptions poussées qui vous obligent à penser, à chaque ligne, que cette histoire est peut-être vraie… ce qui la rend plus terrible encore.
Une disparition, en outre, est bien plus cruelle, énigmatique qu’un meurtre. Dans un meurtre, il n’y a qu’une seule question à laquelle répondre : qui a tué la victime. Dans une disparition, par contre, le lecteur se pose énormément de questions : les enfants sont-ils partis de leur gré, les a-t-on enlevés ? Dans quel but ? Où sont-ils ? Sont-ils encore vivants ? Etc. Je trouve cela bien plus passionnant.
Pour nous plonger vraiment dans l’ambiance, tu as particulièrement travaillé ta manière d’écrire. Ça fait également partie du jeu…
Oui, le style, les descriptions, les faits, tout est là pour servir l’histoire et sa crédibilité. On n’est plus dans mon style absurde et humoristique d’avant. Tout devient plus sérieux, mais la récompense, c’est une histoire, une énigme, qui vous pousse à tourner les pages pour connaître l’effroyable vérité, celle à laquelle vous ne vous attendiez pas. Une fois que j’ai le twist, je me lance dans l’écriture frénétique de mon roman.
Frénétique comme, je l’espère, la lecture de mon public. Je sais si le truc fonctionne si, après avoir relu mon manuscrit une dizaine de fois, j’ai toujours la même impatience, la même envie, la même frénésie, en tournant les dernières pages pour connaître la vérité moi-même, alors que c’est moi qui l’ai écrit !
Tu as dû vraiment t’amuser à semer des indices tout en faisant tout pour qu’on ne découvre pas l’incroyable vérité finale !…
Oh oui, tu sais, d’abord, je dois m’amuse moi-même, avant le lecteur. Je passe des journées, voire des mois à trouver un bon twist. J’en trouve pas mal, tu sais, mais il y en a que je ne trouve pas assez forts, qui ne me portent pas assez pour vouloir écrire un roman pendant deux mois toute la journée avec des personnages et un lieu précis.
Mais si je pense trouver un bon twist et que d’un coup, mon cerveau commence à édifier une intrigue, des leurres, à établir un jeu avec le lecteur, des pistes, des vraies, bien entendu mais aussi des fausses, alors c’est parti et je sais que je tiens une bonne histoire.
Ensuite, il y a le jeu de l’écriture, où je révèle la vérité au lecteur à chaque page, mais il ne m’écoute pas. À la fin, je lui donne la solution et alors, il pense « Je le savais ! ». Mais en réalité, il ne savait rien du tout. Si à la fin, la solution souffle comme une claque, alors j’ai réussi mon pari.
Crédit photo : Patrice Normand
Catégories :Interviews littéraires
Je ne connais pas l’auteur, mais pourquoi pas, son interview pousse à la curiosité. Merci pour cette découverte.
avec plaisir :-). Ces interviews sont faites pour ça, découvrir auteurs et livres