Coucher de soleil crépusculaire sur NYC, avant que les ténèbres ne dévorent tout.
Après la trilogie Hunter / Crow / Freeman, Roy Braverman s’est lancé dans une nouvelle vision personnelle d’une part des USA. Celle de la mégalopole cosmopolite qu’est New York, loin des grands espaces de sa trilogie précédente.
Avec ces quatre romans, l’auteur se frotte à l’Amérique sous toutes ses coutures, y mord profondément, quitte à les déchirer à pleines dents. Braverman, alias Ian Manook, vampirise le pays (ou alors c’est le contraire ?) pour fictionner avec bonheur et talent ses nombreux souvenirs de voyage.
« Fantôme »
Autre décor, autre ambiance. Avec cette ville étonnante qui est un personnage à part entière. Et ce récit qui pulse et palpite justement grâce et à travers les personnages !
Ils sont le sel de cette sombre histoire, et ça pique sur les plaies béantes. Physiquement ou métaphoriquement, ils souffrent. Il vivent, surtout, même les morts.
L’inspecteur Donnelli, en plus de son épatante coéquipière, forme un autre duo totalement atypique avec son ex. Il est beaucoup question d’ex dans cette intrigue, mais celui dont on parle est un « fantôme ». Donnelli « voit » son ex-partenaire assassiné, il lui parle. Rien d’occulte dans tout ça, juste une manière d’exorciser sa peine et sa solitude.
Hard boiled
La réunion des deux compères donne l’occasion à l’auteur de s’en donner à cœur joie dans des scènes décalées, souvent drôles, touchantes aussi, étonnantes toujours, lorsque l’inspecteur vivant parle à son mort à voix haute, devant tout le monde.
Sa mémoire va surtout l’aider à résoudre l’enquête, mais est aussi l’occasion de se plonger dans le passé, les souvenirs, et dans cette ville qui fait partie de sa chair.
L’écrivain protéiforme se frotte au genre bien amerloque du Hard boiled. Avec son protagoniste en enquêteur cynique (mais bien plus complexe qu’il n’y parait). Le genre de dur à cuire qui a tout vécu, tout subi, et qui continue son chemin malgré le tombereau de douleurs qui s’abattent sur lui.
Hommage et réinvention
L’action pourrait sembler être privilégiée par rapport à la psychologie, mais pas dans le cas Braverman. Au contraire, elles vont de pair dans cette intrigue anticonformiste (la scène des deux flics shootés est un sommet, dans ce sens).
Ce qui est certain, c’est que la violence est là et bien là. Des morts, beaucoup. Même un peu trop à mon goût. Une enquête explosive, assez traditionnelle en soi, mais portée par les personnages hauts en couleur qui la font sortir des canons du genre. Et une plume qui s’adapte à l’atmosphère, tour à tour brutale et lyrique.
Roy Braverman sait autant rendre hommage aux classiques du Roman Noir américain, que les réinventer avec sa verve et son cynisme. Sans avoir peur d’aller loin, très loin.
Manhattan Sunset est une tragédie urbaine, à la fois sombre et lumineuse. Bel hommage à une ville étonnante, avec tout l’amour possible pour des personnages singuliers, hors normes, meurtris et profondément attachants.
Lien vers mon interview der Roy Braverman au sujet de Manhattan Sunset
Yvan Fauth
Date de sortie : 04 février 2021
Éditeur : Hugo
Genre : Polar
4° de couverture
Il n’y a pas pire vengeance que ce qui blesse ceux qu’on aime.
À moins qu’on ne les tue.
Il n’y a pas pire obsession qu’un fantôme qui vous hante.
À moins que ce ne soit celui d’un ami.
Il n’y a pas pire crime que de tuer une enfant.
À moins de la tuer deux fois.
Un New York sombre et violent, avec des rues comme des canyons dans lesquels la vie se perd et la mort s’engouffre. Avec fracas parfois, comme lorsqu’elle vient saisir une petite fille, retrouvée assassinée, le corps mutilé, au milieu d’un amas d’épaves de voitures.
En équilibre précaire, accroupi tout en haut d’une pile de carrosseries déglinguées, Pfiffelmann interroge son partenaire, l’inspecteur Donnelli : ” Alors, tu en dis quoi ? ” Un début d’enquête somme toute normal.
Sauf que ” Pfiff ” est un fantôme, qui exige lui aussi la vérité sur les circonstances de sa mort. Comme si Donnelli n’avait pas déjà tout son soûl de crimes, d’obsessions et de vengeances. Comme si la ville ne lui avait pas déjà arraché un lourd tribut.
Pourtant, une fois par an, New York lui offre aussi un instant magique, lorsque le soleil couchant symétrique et flamboyant du Manhattanhenge prend la 42e rue en parfaite enfilade. Une illumination divine, comme la révélation d’un indice éclaire un crime d’une lumière nouvelle. Avant que tout, la ville comme la vie de Donnelli, ne sombre à nouveau dans la nuit.
Catégories :Interviews littéraires
Beaucoup trop de morts ? Hum, alors ça, ça va me plaire ! 😊
Sadique 😉
Meuh non… enfin, peut-être… 😏
Pas le prochain mais le suivant… Hâte de le lire !
Affaire à suivre 😉
Il est dans ma PAL aussi parce que cet auteur, je ne peux que le suivre !