On pensait que le commandant Michel de Palma, alias le Baron, avait migré définitivement vers une retraire loin des affaires. Voilà pourtant que l’une d’elles se rappelle douloureusement à lui. La mort d’un ancien amour est trop personnelle, ses gênes endormis se réveillent (une dernière fois ?).
Ouvrir les yeux
Que vous connaissiez déjà ce personnage de fiction n’est guère le plus important. Bien que son enquête en sous-marin le concerne directement, ce n’est qu’une partie de l’intrigue, et je suis convaincu que ce livre se lit isolément sans aucun problème.
Xavier-Marie Bonnot aurait pu parler de son sujet de fond d’une autre manière. Il a décidé, avec finesse, de plonger son personnage récurrent dans un sujet qui le dépasse. L’ex-flic ne voulait plus faire de vagues, le voilà se prenant la question migratoire en pleine tronche, tel un tsunami.
On ne veut pas voir, on détourne les yeux, on se bouche les oreilles. On ne veut pas chercher à comprendre, surtout. L’écrivain n’a en rien écrit un pamphlet sur un sujet difficile, c’est bien une vraie fiction policière doublée d’une aventure humaine.
Voyage et non refuge
Par cette histoire, il personnifie le sort de nombreux réfugiés, à travers Amira, jeune syrienne qui deviendra le but des recherches. Pour expliquer.
Le roman est entrecoupé d’extrait d’un livre en cours, écrit par une militante de Mare Nostrum. Pour nous faire vivre au plus près le sort d’Amira. Pour déconstruire sa trame narrative comme pour mieux parler de ces vies explosées.
C’est donc un voyage à travers la souffrance, auquel nous convie Bonnot. Celle de la perte, à tous les niveaux, pour son personnage comme pour ceux qui tentent de survivre. Le vieil ours de Palma va se laisser embarquer par ses sentiments, et nous embarque par là même. Et c’est enfin un joli cri d’amour à la ville de Marseille.
Confrontation
Mais l’écrivain creuse encore plus loin, dans le passé pour mieux appréhender le sujet, dans la mouvance de l’ultra droite également. Cette confrontation entre des personnes se battant pour les autres et ceux luttant contre les autres est à la fois dure et pleine de sensibilité. De froideur aussi, quand il faut tenter d’expliquer les comportements et l’Histoire.
Xavier-Marie Bonnot s’engage mais ne pense pas à la place du lecteur. Il donne des clés à travers une intrigue policière, et surtout raconte une histoire de personnages touchants. Il rappelle juste à tous que Les vagues reviennent toujours au rivage, qu’on veuille le voir ou non.
Lien vers mon interview de Xavier-Marie Bonnot au sujet de ce roman
Yvan Fauth
Date de sortie : 21 janvier 2021
Éditeur : Belfond
Genre : Roman noir / Polar
4° de couverture
Depuis qu’il est retraité de la police, Michel De Palma, alias le Baron, vit sur un bateau et a tiré un trait sur ses années de brigade criminelle pour se consacrer à la voile et au violon. Quand il apprend l’étrange suicide de Thalia Georguis, c’est un grand amour de jeunesse qui ressurgit. Thalia avait voué sa vie aux missions humanitaires en Méditerranée et reçu pour cela des menaces de l’extrême droite identitaire. Elle laisse aussi derrière elle un manuscrit retraçant le parcours d’Amira, réfugiée syrienne, ombre parmi les ombres qui risquent tout pour fuir la guerre. Cavalier seul, De Palma va tout mettre en œuvre pour retrouver cette jeune femme qu’il considère comme un témoin clé. Quitte à parcourir le camp de la honte de Moria sur l’île de Lesbos et à affronter la monstrueuse violence qui sévit en Méditerranée, cet abandon de l’humanité qui semble sans fin, comme les vagues qui reviennent au rivage.
Avec le grand retour du commandant De Palma pour son enquête la plus intense et personnelle, Xavier-Marie Bonnot, écrivain engagé, rend hommage à la mare nostrum, ce berceau des grandes civilisations que la crise migratoire du xxie siècle a transformé en plus grand cimetière marin du monde.
Catégories :Littérature
J’ai encore bien fait de lire ta chronique Yvan. Et hop hop sur ma whislist. Merci à toi 🙏😘
Suis entrain de le lire ! Beau retour sur cette enquête du Baron. 😉 Quel titre !
Tu te doutes bien qu’avec ta chronique, Marseille et ces thèmes, je vais noter cette lecture direct dans ma wish…;) ✨🧚🏻♀️
chauvine ! 😉
Mdr. Mais naaaaan…Mais allez l’OM…;)