1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
Maud Robaglia
Titre : Les fragiles
Editeur : Editions du Masque
Date de sortie : 06 janvier 2021
Lien vers ma chronique du roman
La dépression est l’une des maladies du siècle. Surtout dans une société qui fait sans cesse l’éloge du bonheur, de la réussite, au détriment de l’ennui…
Je ne crois pas que la dépression soit particulièrement un mal de notre temps. Elle existe partout et depuis toujours comme une conséquence malheureuse de notre condition humaine. Ce qui est peut-être plus caractéristique de l’époque, c’est notre incapacité à gérer le tragique, le mal-être, quand les incantations des uns et des autres, des marques ou des médias, font du bonheur plus qu’un droit, un devoir.
Voyez-vous votre texte comme un roman d’anticipation, un conte ou une satire ?
Je n’ai jamais pensé ce roman comme une dystopie. Si l’histoire a une prémisse fantastique, une inexplicable et massive vague de suicides, elle s’inscrit dans un cadre actuel et même quotidien. L’univers décrit est celui d’une société tristement banale qui dérape devant une crise inattendue, jusqu’à l’absurde. Je tire un fil du plaid un peu rêche qui recouvre notre époque et regarde ce qui se passe. On peut dire que l’action se déroule dans une réalité distordue, dans un monde qui n’est ni tout à fait le nôtre, ni tout à fait différent. Mais je préfère parler de conte plutôt que de satire car j’ai essayé de traiter mon sujet sans cynisme.
Il est davantage question de folie collective que de folie individuelle, au final. Comme pour souligner l’absurdité avec laquelle la société traite le mal-être…
Bien sûr ! Le mal-être personnel peut avoir plein de raisons différentes, c’est un état naturel qui peut tous nous toucher et heureusement se gérer, voire même se guérir. Le plus inquiétant finalement, c’est le mal-être des bien-portants du livre face à la possibilité du malheur, et ce qui en découle : la peur, la cruauté. Ce sont eux les vrais Fragiles.
Cette histoire est aussi celle d’un personnage particulièrement touchant par sa fragilité…
Comme je l’ai dit, je n’ai pas abordé ce livre comme un roman d’anticipation, ni même un roman noir. J’ai simplement voulu raconter l’histoire de Jérémiade, une femme qui a une araignée au plafond. Jérémiade n’est pas un archétype, mais un personnage aux motivations et aux sentiments complexes, troubles, et même paradoxaux. Tout le contraire du prénom qu’elle porte, qui est en soi une injonction, une laisse dont elle tente, parfois maladroitement, de se dégager, jusqu’à démontrer une forme de courage.
Au-delà des thématiques, j’espère surtout que les lecteurs y découvriront le destin d’un personnage attachant.
Ce qui frappe dans ce texte, c’est le soin apporté à l’écriture, audacieuse, et où chaque mot semble être réfléchi…
Merci. Je réécris beaucoup, beaucoup mes textes, avec, en ligne de mire, ce que Bukowski décrit comme « Une clarté plus près de l’os. », puis, il ajoute « Aussi longtemps que je tâterai du ruban je ne devrais pas perdre cette chose de vue. ».
Et c’est aussi mon souhait.
Crédit photo : Zacharie Ellia
Catégories :Interviews littéraires
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