Et de la sombre production de romans noirs jaillit le nouveau Jaillet. Avec sa Mauvaise graine, il nous offre son grain de sel et de folie, sans se prendre au sérieux. Et que ça fait du bien !
Thriller et portrait de femme
Voilà bien le genre de roman inclassable, même si c’est bien un thriller. « À mi-chemin entre Kill Bill et Bridget Jones », dit l’accroche commerciale. Et bien, figurez vous que c’est bien vu. Nicolas Jaillet est un touche à tout, et cette caractéristique rend son livre aussi unique et détonnant.
L’histoire débute de manière très classique, mettant en scène une institutrice trentenaire, célibataire, bien ancrée dans sa vie, avec ses amis.
Bon, ça dérape un peu quand elle débute le récit au sortir d’une murge mémorable, après une soirée piquante (au sens premier). Et c’est étrange, les vomissements semblent vouloir durer.
Si on a déjà lu l’auteur, capable d’écrire du Noir comme des romans plus légers, on comprend vite que ses héroïnes ne sont pas des faire-valoir. Il aurait un côté féministe le Jaillet ? Non, je crois plutôt qu’il aime particulièrement ces personnages-là, la preuve sa nana se comporte parfois comme un mec. Même avant qu’elle devienne extraordinaire (et elle va l’être sacrément), Julie est une femme qui ne s’en laisse pas conter.
Les formes
Alors qu’elle découvre être enceinte, bien qu’étant abstinente depuis quelques temps, on se dit que le miracle ne va pas prendre la forme qu’on imagine. Plus son ventre s’arrondit, plus des pouvoirs étranges apparaissent.
L’histoire est prenante, bourrée d’action, les chapitres sont courts, et rendent cette lecture addictive. Mais, clairement, ce qui fait la grande différence, c’est l’écriture.
Les dialogues sont percutants, les descriptions mordantes, la plume piquante et drôle. Un pur bonheur !
Julie n’a rien d’une super héroïne. Elle a du caractère, des valeurs, et l’envie de s’amuser. Mais, les circonstances et certaines personnes, vont faire voler en éclat le monde et les murs qu’elle a essayé de construire. Manque de bol, pour eux, son tempérament de feu se révèle à leur détriment.
Scènes mémorables
Cette intrigue, diablement fun, est donc à prendre à différents degrés, comme un bonbon acide. Parce qu’un certain côté feelgood côtoie des thématiques plus sombre à travers un rythme effréné.
Certaines scènes, parfois chaudes d’autres fois remuantes, sont assez mémorables. C’est tout le talent de Jaillet d’ainsi donner du peps à ces passages.
Mais sous une certaine légèreté, il propose un chouette portrait de femme de notre temps, bien ancrée dans notre société, mais qui décide (ou se retrouve contrainte) de faire un pas de côté et de sortir du système. On y retrouve sa façon de parler de marginalité, de désillusion et de désenchantement.
Mauvaise graine est une histoire haute en couleurs, improbable mais tellement jouissive. Nicolas Jaillet sait rendre sa plume fantasque, drolatique mais aussi humainement touchante. Pour au final un moment de lecture décalé mais pleinement vivant.
Lien vers mon interview de Nicolas Jaillet au sujet de “Mauvaise graine”
Yvan Fauth
Date de sortie : 11 juin 2020
Éditeur : La manufacture de livres
Genre : Thriller / Roman noir
4° de couverture
Jeune institutrice, Julie mène une vie tranquille de célibataire sans histoire. La première surprise, c’est ce bébé dans son ventre, arrivé là mystérieusement et pourtant, elle sait bien qu’un enfant, ça ne se fait pas tout seul. La deuxième surprise, plus grande encore, c’est que cette grossesse développe chez elle d’étranges pouvoirs. Ne lui reste plus qu’à mener l’enquête pour comprendre ce qui lui arrive et régler ses comptes…
À mi-chemin entre Kill Bill et Bridget Jones, Mauvaise graine est un roman fantasque et trépidant à savourer sans reprendre son souffle.
Catégories :Littérature
A offrir à ma fille qui attend un bébé ou il vaut mieux pas ?
C’est totalement décalé, donc pourquoi pas, c’est à lire au troisième degré (et ça défoule)
Entre ta chronique et celle d’Aude, impossible de faire l’impasse… il faut que je découvre cette chose 🙂