1 livre et 5 questions pour permettre à son auteur de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
BERNARD MINIER
Titre : La vallée
Sortie : 20 mai 2020
Éditeur : XO
Lien vers ma chronique du roman
Ce roman peut se voir comme un huis-clos à ciel ouvert, avec des personnages confinés au grand air…
C’est vrai que j’ai toujours aimé enfermer mes personnages, ce qui peut rendre un son étrange après ce que nous venons de vivre. Cela rend tout infiniment plus intense, plus dangereux et plus tendu quand les personnages sont coincés les uns avec les autres et livrés à eux-mêmes. « Confinés », un mot dont c’est à peine si nous connaissions le sens il y a trois mois… Bizarrement, j’ai terminé ce roman cet hiver et il y a dedans des enfants qui ne vont plus à l’école, des parents qui sont au chômage technique, parce que la vallée dans laquelle ils habitent est coupée du monde. « Vous avez dit bizarre » ?
La vie actuelle de Servaz est chamboulée. Elle va l’être encore davantage avec ce qui surgit du passé. Le passé, voilà un sujet passionnant à traiter...
C’est un des ressorts les plus usités du thriller, aussi faut-il en user avec précaution et astuce. Par ailleurs, cela fait des années que lectrices et lecteurs me réclamaient le retour d’un certain personnage disparu après mes deux premiers romans et dont on était sans nouvelles. Et puis, l’enfance, l’adolescence, le passé… on n’en guérit jamais. Ils sont les fantômes qui hantent nos vies, ils n’attendent qu’une occasion pour resurgir. Je précise cependant qu’il n’est nul besoin d’avoir lu Glacé ou Le Cercle pour lire La Vallée.
J’ai eu l’impression que tu avais tout particulièrement soigné le rythme de cette intrigue…
Tu veux dire que ça va plus vite ? Il faut croire que je suis comme tout le monde : à force de vivre dans un monde où on a de moins en moins le temps, où tout doit aller vite, où on s’agace si on met deux secondes de trop à télécharger un fichier, cela finit par avoir une influence jusque sur ta plume. Je m’aperçois qu’à mon corps défendant il y a des œuvres monumentales que je relisais encore sans problème il y a dix ans, des choses comme Guerre et Paix ou La Recherche, et qu’aujourd’hui j’ai de plus en plus de mal à lire… C’est affreux, mais c’est ainsi. Et mes propres romans suivent ce mouvement.
Dix ans déjà depuis le premier roman mettant en scène Martin Servaz. D’ailleurs, je vois un peu ce roman comme un cadeau à tes fidèles lecteurs…
Oui, c’est une histoire très différente de celle de Glacé, mais néanmoins c’est un peu « Glacé dix ans après » : une vallée isolée des Pyrénées, une petite ville, le retour d’Irène Ziegler, des meurtres mis en scène de manière particulièrement « inventive »… Sauf qu’en dix ans, les personnages ont changé, l’auteur a changé, le contexte a changé – ce pays ne ressemble plus à ce qu’il était il y a dix ans, il est bien plus déchiré, divisé, fracturé –, même le rythme du récit a changé, comme on vient de le dire : il est plus endiablé.
En dehors de ton histoire proprement ahurissante, j’ai trouvé les réactions de la population de cette vallée très intéressantes…
Merci ! Tu as l’œil, il ne t’aura donc pas échappé qu’elles font indirectement référence à cette autre crise qui a précédé la crise sanitaire. Je ne porte aucun jugement. Les auteurs ne sont pas là pour ça, mais pour poser des questions, je l’ai souvent dit : pour interroger la société et la France dans laquelle on vit. Ils laissent les réponses aux politiques, quand ils en ont, aux scientifiques, aux idéologues… Mais oui, il y a ce personnage de la mairesse ou de la maire, comme on veut, que j’aime beaucoup, qui tient les rênes de sa petite ville contre vents et marées, qui doit faire face à la colère de sa population à mesure que les meurtres se multiplient ; il y a aussi William, qui prend la tête de cette colère populaire avant d’être lui-même dépassé par elle, etc. Cette vallée et cette petite ville sont à l’image de la société et de l’époque actuelles – ou du moins de la société et de l’époque juste avant le confinement.
Photo : Sophie Marie
Catégories :Interviews littéraires
Hâte de commencer celui- là. Une rencontre où on sent qu’il ne faut pas en dire trop mais quand même un peu …ou l’art difficile de donner envie sans révéler ! Merci 😉
j’espère qu’on y a réussi ! 😉
Wooowwww. Bernard lui même. ❤️ Merci à tous les deux pour ce bel échange. #teamservaz
J’ai du retard dans la série mais j’y viendrai…
Merci Monsieur Minier pour ce nouvel ouvrage où une fois de plus, vous continuez à surprendre. J’ai mis mon avis sans trop dévoiler après la chronique de Yvan Fauth. Vous avez une imagination débordante et l,idée de votre fin est monstrueuse, cruelle et très très inattendues, surtout après avoir lu tous vos livres précédents avec Servaz. Un homme si attachant, humain, comme nous les humains avec nos failles, nos prises de risques dans la vie, nos choix. Merci pour cette présentation ainsi qu’à toi Yvan. Geneviève