5 continents – 10 livres

Geneviève, la cheffe de meute du blog Collectif Polar a lancé un appel à mettre en avant des romans autour du thème : cinq romans, cinq continents. Plusieurs de ses chroniqueuses ont déjà rendu leurs copies. j’ai voulu aussi me prêter au jeu.

Je suis très respectueux des règles en général, mais quand elle ne sont qu’un prétexte j’aime bien jouer avec ;-). Voici donc mon : dix romans pour cinq continents (enfin, onze…).

Une manière aussi pour moi de montrer combien les écrivains francophones de romans noirs sont particulièrement ouverts sur le monde.

AMÉRIQUE

Stephen King – 22/11/63

Quel livre représente le mieux les USA dans la lecture de l’imaginaire ?

Le King nous propose là une œuvre foisonnante, pleine de pages, d’idées et d’émotions.
22/11/63 est un roman d’ampleur, par sa taille et son sujet. Mais c’est également une œuvre d’ampleur par l’émotion qu’elle suscite auprès du lecteur.
936 pages, cela peut paraître démesuré, mais croyez-moi, si vous arrivez à plonger comme moi dans ce récit, elles vous paraîtront presque insuffisantes. Cette histoire respire par tous ses pores. Elle respire d’intensité, de crédibilité et d’émotion. Parce que, oui, Stephen King fait la part belle à l’émotion dans ce roman, loin de ses anciens récits horrifiques. Et il touche en plein cœur.

David Zukerman – San Perdido

San Perdido est un livre rare, à tous points de vue. C’est un premier roman, il restera pourtant gravé dans la mémoire de nombre de lecteurs.

David Zukerman est un conteur extraordinaire, et son récit est unique, entre audace et pudeur, sublimée par une plume profondément humaine.

San Perdido est une formidable aventure. Exotique, émotionnelle et humaine. L’histoire est passionnante, les personnages inoubliables et l’écriture aussi vivante que poétique. Un roman sombre, littéralement transpercé de traits de lumière.

Quand un auteur français sublime l’Amérique du Sud des années 40-50.

ASIE

Paolo Bacigalupi – La fille automate

En arrière plan : un avenir proche, un monde ravagé par des maladies génétiquement modifiées, un krach énergétique ayant fait se recroqueviller les civilisations à l’intérieur de leurs frontières (psychologiques et géographiques).

L’auteur (américain) aurait pu tomber dans la facilité et prendre pour scène une Amérique effondrée. Mais non : l’action se déroule en Thaïlande et le dépaysement est tout autant temporel, qu’environnemental et sociétal.

On découvre, médusé, une société thaïlandaise retournée par la force des choses à ses traditions et Paolo Bacigalupi nous y plonge au plus profond avec un énorme talent.

Ian Manook – Yeruldelgger

Ce roman, d’une richesse rare, vous plongera au plus profond de la Mongolie d’aujourd’hui, un pays qui se modernise mais où les traditions sont ancrées, consciemment ou non, dans chacun de ses habitants. Un voyage totalement dépaysant, loin de beaucoup de nos certitudes occidentales.

Le tout est mis en mots et en images avec maestria par l’auteur, grâce à son style très riche et expressif. Tantôt cynique ou poétique, tantôt drôle ou cinglant, ce roman est une claque tant dans la forme que dans le fond.

Éblouissant et inattendu, noir et touchant, éprouvant et intelligent, original et dépaysant. Avec ce roman, Ian Manook s’est imposé, dès son arrivée dans le milieu du polar, comme un Khan.

AFRIQUE

Jérôme Camut et Nathalie Hug – Et le mal viendra

Jérôme Camut et Nathalie Hug ne font jamais les choses comme les autres. Avec Et le mal viendra, ils vont encore plus loin, font encore plus fort et plus original. Vous n’avez jamais lu un livre de cette nature, ni dans la forme ni dans le fond.

L’action se déroule en grande partie en Afrique, mais pas que. Mais les thématiques donnent tout leur sens au fait d’en parler ici. La guerre de l’eau est la goutte qui nous pend au nez.

Jérôme Camut et Nathalie Hug sont des inventeurs visionnaires. Des alchimistes du noir, créateurs d’émotions et de réflexions. Et le mal viendra est une œuvre unique, atypique, prenante, choquante parfois. Impossible d’y rester insensible.

Laurent Guillaume – Doux comme la mort

Voilà bien un écrivain français de romans noirs qui a toute sa légitimité pour parler de l’Afrique (allez voir sa bio, vous comprendrez).

Un mélange détonnant de vengeance, de trahison, de violence, d’action, de complot politique, dans une histoire qui ne ménage pas ses effets (toujours à bon escient).

L’auteur a son style propre, son bagage d’ancien flic et son expérience au Mali sont parfaitement utilisés pour donner crédibilité à ce récit ambitieux.

OCEANIE

Paul Cleave – Un employé modèle, Un prisonnier modèle

Plongée noire en Nouvelle-Zélande.

Le concept du tueur en série caché derrière une personne bien sous tout rapport est très à la mode. Ce serait cependant faire injure à ce livre que de le noyer dans la masse.

Détonant, et décalé.

Les histoires permettent de développer des thématiques profondes, entre notions du bien et du mal, processus de deuil, loi du talion ou encore questionnement sur la peine de mort. Et tout ça, tout au long d’une intrigue particulièrement jouissive, écrite de main de maître par un Cleave qui s’en donne à cœur joie avec son humour très noir qui est sa marque de fabrique. Paul Cleave est un génie.

Maud Mayeras – Lux

La plus douée de sa génération pour moi, sans aucun doute ! Bienvenue dans l’Australie profonde…

Les mots de Maud Mayeras sont comme des tentacules. Ils t’enveloppent, s’en est presque douillet parfois tant ils sonnent justes et vrais. Ils t’enserrent ensuite. Fort, de plus en plus fort, jusqu’à arriver au stade de l’étouffement.
Les mots de Maud, tu les prends aussi en pleine tronche, certains comme des gifles. Ces mots, tu les ressens au plus profond de ton être, ils te tordent les tripes, te fendent le cœur. Mais comment fait-elle pour toucher ainsi ce qu’il y a de plus profond en toi, de plus personnel, de plus humain, de plus inhumain ?

Lux ne se lit pas, il se ressent ; hypertrophie émotionnelle. Ces mots-là, cette histoire-là, se dégustent. Et sans que tu n’y prennes garde ils se retrouvent tatoués en toi. Indélébiles, omniprésents même lorsque le livre est refermé.

EUROPE

Olivier Norek – Entre deux mondes

Notre monde, notre pays, maintenant…

Entre deux monde est sans aucun doute l’un des romans qui m’aura fait vivre le plus d’émotions fortes et contradictoires depuis des lustres. Autant de lumière dans ces ténèbres, autant de frissons, autant de larmes qui montent, c’est très rare. Une boule dans la gorge qui n’est pas près de disparaître.

Olivier Norek n’y va pas avec le dos de la cuillère. C’est plutôt un récit qui inflige des coups de bâtons à répétition. Direct, dur, sans concession, sans moralisation déplacée. Personne n’est épargné. Certaines scènes sont terribles, et l’ambiance souvent irrespirable. Mais avec l’humain toujours au centre.

Michaël Mention – Adieu demain

Parce qu’on parle de l’Europe et non de la France. Même avec un auteur français. A l’heure du Brexit, parlons de l’Angleterre d’avant.

Il y a les livres que vous lisez avec intérêt, mais que vous oubliez très vite. Et il y a les autres, ils ne sont pas légion…

Ceux qui s’insinuent dans votre esprit ligne après ligne, page après page. Ceux qui vous obsèdent… omniprésents.

Ceux qui vous chamboulent… différents.

Adieu demain est de ceux-là. Car ce roman de Michaël Mention mérite une palme dans la production noire actuelle !

Pas facile d’en parler et tant de choses à dire sur ce roman noir assez inclassable. A la croisée des chemins du polar, de la chronique d’actualité et du roman psychologique, il vous bringuebale et vous fait tanguer jusqu’à faire vibrer vos fondations les plus profondes.



Catégories :Littérature

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9 réponses

  1. J’en ai lu un (Paul Cleves que j’avais trouvé terrible !!) 3 sont dans ma pal depuis un moment et… Je note les autres !! San Perdido me tente tout particulièrement.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Laisse toi tenter oui 😉

    • Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

      Nath San Perdido est une superbe découverte !
      Il faut le lire

  2. Rhaaaaa San Perdido
    Ce sera mon coup de coeur ❤ de l’année
    Sauf si un autre pointe le bout de son nez avznt ka fin de l’annee

  3. Très heureuse de découvrir San Perdido dans ta sélection…et je te rejoins totalement: “La Mano” empoigne ses lecteurs et n’est pas près de les lâcher…!!

  4. Marie-Christine – Antibes – Bonne maîtresse de deux chats, Agathon et Miranda, Agathon est chat écrivain, il écrit son blog depuis environ 10 ans. J'aime lire, faire des photos, dessiner... Agathon n'est plus de ce monde depuis le 18 juin, il a succombé à l'âge de 15 ans à la maladie cardiaque dont il souffrait depuis dix ans. Pour combler le vide qu'il laissait, une petite chatte tricolore est entrée dans notre vie, elle s'appelle Agathe et est très coquine! Miranda aussi nous a quittées, en juin 2019, victime d'une maladie incurable, Pollux, chaton roux lui a succédé, un gentil chaton, plein de ressources!

    Une sélection intéressante, des livres que je ne connaissais pas!

  5. Ma Lecturothèque – Blogueuse littéraire

    “La fille automate” me tente bien 🙂

  6. Ah ahhh, j’en ai lu 7! superbe sélection

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Que 7 ? Quelle déception 😜😁

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