1977
NYC
Black-out
Miles Davis
Quatre ingrédients pour un roman à nul autre pareil.
Vous. N’avez. Jamais. Lu. Ça.
Miles Davis était un fou génial, roi des expérimentations. J’ose affirmer que Michaël Mention l’est tout autant.
Vous vous attendez à une bio romancée du musicien ? Oubliez…
Vous pensez lire un roman noir classique ? Oubliez…
Vous pensez vivre une banale déambulation dans New York ? Oubliez…
Je n’ai pas les mots. Pas les mots pour formuler tout ce que j’ai pu ressentir à cette lecture, images, sons, émotions. Frissons…
Imaginez le contexte : le 13 juillet 1977, en pleine canicule, la foudre plonge 8 millions de new-yorkais dans la pénombre. 36 heures de coupure et une nuit complète qui engendrera pillages, émeutes et chaos. 4 000 personnes seront arrêtées durant cette seule nuit d’enfer.
A cette époque, Miles Davis a quitté la lumière depuis deux ans, retiré de la musique.
C’est l’époque où le tueur en série Fils de Sam sévit dans la ville.
Comme point de départ, l’écrivain imagine le musicien cloîtré chez lui, en manque de substances illicites, et obligé de sortir dans le noir total. Point de départ d’une course folle qui va durer toute la nuit.
Quand Michaël Mention décide de se plonger dans la vie du musicien, ce n’est pas du pipeau. Ses recherches ont viré à l’obsession, au point de ne plus écouter d’autres musiques que celle du trompettiste (un comble, pour le fan de rock qu’il est). Pendant deux ans…
C’est bien une fiction, qui met en scène deux personnages réels. Davis. Et NYC, qui est vraiment un personnage à part entière. Mention déshabille ces deux protagonistes pour gratter jusqu’à l‘os et toucher leur quintessence.
Manhattan Chaos n’a rien d’un documentaire et pourtant on y apprend des faits ahurissants. Parce que le roman est aussi l’occasion de s’immerger au plus près de moments qui ont marqué New York au fer rouge. Ce qui s’est passé dans cette ville est proprement ahurissant. Ces événements donnent lieu à des scènes hallucinées, que j’ai suivies avec les yeux exorbités (ils sont très rares les livres à avoir cet effet sur moi). Ils vont vous donner l’envie de faire quelques recherches sur internet, tant ils paraissent invraisemblables. Ils sont pourtant vrais.
C’est donc hyper documenté, mais totalement intégré par petites touches dans l’intrigue. Une confrontation entre passé et présent, qui fait comprendre nombre de choses. Du grand art.
Des liens forts sont tissés avec certains des précédents romans de l’auteur. Ici les seventies, et la désillusion suite aux espoirs engendrés la décennie précédente par les Black Panthers, fait écho à Power (Lauréat du Grand prix du Festival Sans Nom de Mulhouse). Et puis, il y a le Fils de Sam qui rode, celui-là même qu’avait décortiqué l’auteur dans une docu-fiction.
Inédit, même s’il sort directement en poche chez 10/18, le roman l’est aussi par sa forme et son contenu.
New York vit, le temps d’une nuit, l’insurrection et le désordre. Le livre est, lui aussi, une R.é.v.o.l.u.t.i.o.N. ! Il est maîtrisé au cordeau tout en étant d’une liberté totale. Original au possible, dans la forme et dans le fond.
Court (210 pages), asphyxiant, surprenant, fantastique (à bien des égards). Une course qui se transforme en traque. Visuel et sensoriel. Viscéral. Hallucinogène.
Écriture immersive, images dans la tête, sons dans les oreilles… C’est la marque de fabrique de Michaël Mention depuis toujours. Avec cette histoire, il a eu l’occasion d’aller au bout de ses trouvailles stylistiques. Empreinte reconnaissable entre mille. Qui arrive à mettre des mots sur la musique. Des mots sur les émotions les plus puissantes, comme les plus subtiles.
Manhattan Chaos est sans doute le livre le plus dingue que j’ai pu lire depuis des lustres. Construction d’une originalité folle, intrigue stupéfiante (sans mauvais jeu de mots), écriture musicale et sensorielle, petites histoires et grande Histoire de New York. Michaël Mention prouve, une fois de plus, qu’il est un écrivain surdoué, atypique dans un monde trop formaté. Génial.
Vous n’avez aucune idée de ce qui vous attend avec cette lecture. Plongez dans le Noir, et vibrez en suivant le tempo.
Lien vers l’interview de Michaël Mention au sujet de Manhattan Chaos
Sortie : 07 mars 2019
Éditeur : 10/18
Genre : Roman noir
4° de couverture
New York, 13 juillet 1977. L’été de tous les extrêmes : alors que la ville est en faillite, une canicule sans précédent sévit et le tueur Fils de Sam rôde dans les rues. Tandis que le soleil se couche sur Manhattan, une coupure de courant survient. Huit millions d’habitants sont plongés dans l’obscurité : c’est le black-out et la panique s’empare de la ville. Cloîtré chez lui, rongé par la drogue, le célèbre musicien Miles Davis a mis un terme à sa carrière et s’enlise dans la dépression. En manque d’héroïne, il se résout à sortir en quête d’un dealer lorsque des émeutes se déclenchent. Débute une nuit de terreur, où il va se heurter aux pillards et aux fantômes de Manhattan. Traqué d’un siècle à l’autre, la star déchue fera tout pour survivre, alors qu’un mal mystérieux le ronge de l’intérieur.
Catégories :Littérature, Livre : les incontournables
Salut mon ami; ce sera ma prochaine lecture, évidemment ! Amitiés
Évidemment ! 😉
Waouw Bam PAf, c’est l’effet que produit cette chronique, on imagine donc très bien que l’effet lecture doit être décuplé! Je file chercher ce bouquin nan mais oh!
j’attends ton retour de lecture 😉
Bon ben là, je suis obligé de le lire… Quelle chronique dithyrambique (et toujours aussi bien écrite) !!!
Je me dois d’être à la hauteur quand je parle d’un talent unique comme celui de Mention. Merci en tout cas et oui ne rate pas cette expérience !
Très bel article, et analyse encore plus pertinente, merci !
Merci ! Un livre à lire absolument !
J’ai cru que c’était une réédition de Fils de Sam ! Donc c’est une bonne nouvelle !
Ça c’est de la chronique !! Elle donne super envie. Je vais le lire aussi.
Quelle chronique!!
Que d’éloges et ça ne m’étonne pas! C’est ma plus belle découverte de 2018 et je t’assure que samedi je l’ai chez moi (le livre hein, pas Michael 😁)!!
ahahah dommage, je serais venu 😉
En voilà encore un qui a tout pour plaire !
Mais quel bouquin mes aïeules !
Ben mes aïeux, ben mes p’tits frères… Ça c’est de la chronique envoyée dans les gencives et ça donne envie, non pas de se les protéger, mais de s’en prendre plein la gueule en le lisant dans le noir total !! Ah, on me signale que certains ont essayé et qu’ils ont eu des problèmes… 😆
Après “Manhattan chaos”, voici venu le temps (des rires et des chants ♪) de Manhattan Chaos !! VENDU !!