Salut à toi ô lecteur. Toi le lecteur curieux, qui connaît déjà ou non les romans de Marin Ledun, viens prendre une dose de noir en version rose.
Sommet de drôlerie !
Je ne sais pas si Ledun est daltonien, en tout cas il mélange allègrement les couleurs, s’en est un vrai feu d’artifice ! L’écrivain nous avait habitué à des récits sombres, politiques, avec toujours une forte dose d’humanité. Le voir se lancer dans un roman écrit avec une dose constante d’humour, pouvait laisser dubitatif. Allait-on subir un texte où l’auteur force sa nature, où les vannes prennent l’eau, le genre de truc qui se veut tordant et qui tombe à plat dès le premier virage ?
Verdict : je ne me suis pas autant amusé depuis des lustres (ça se compte en années), accroché aux bons mots de l’auteur, me tenant en même temps le bide à certaines de ses envolées drolatiques (tel Shiva, il faut quatre mains pour lire ce livre).
Quelle verve, quelle sens de l’à-propos comique, du trait d’esprit qui fait mouche ! Rarement, je ne me suis autant réjoui de bon mots d’un auteur de roman noir, rarement je n’ai pris un tel plaisir ludique et gourmand à les voir s’accumuler sans aucune lassitude.
Risqué
Marin Ledun est drôle, formidablement drôle ! D’un humour intelligent, varié, ancré dans notre société qui touche dans le mille. On lui prêtait bien des talents jusqu’alors, mais clairement pas celui de la plaisanterie. Une vraie prise de risque que ce roman si différent de ses précédents, dans le ton et dans la forme.
Doublement risqué même, puisque l’auteur prête sa voix à une jeune fille de 21 ans, à l’âme rockeuse (je me suis d’ailleurs retrouvé dans les références musicales citées).
L’écrivain ne se prive pas de rire de tout. Ah, ce passage d’anthologie où la jeune femme est à l’hôpital, avec un centenaire comme compagnon de chambre. Elle lui fait la lecture :
« Montaigne, c’est carrément le summum du porno chic. C’est l’Eyes Wide Shut de la prostate. Le cinquante nuances de gris de l’urologie. Plus besoin d’abonnement au câble ».
Tribun de la tribu
Il y a de l’amour dans ce livre. Pour la famille, Marin Ledun est un vrai tribun de la tribu. Quand l’héroïne parle d’un de ses frères, avec facétie :
« Ferdinand est végétarien depuis qu’il a vécu deux ans avec une végane, une sorte de compromis avec sa petite amie précédente qui était alsacienne ».
Qu’on ne croit pas que ce livre soit une vulgaire blague potache. Il transpire d’amour pour la littérature aussi. Et la thématique de fond est totalement en phase avec le racisme ambiant. On ne change pas totalement l’auteur, preuve qu’on peut parler d’un sujet grave avec un ton léger et une tonalité vert pêche (faudra lire le bouquin pour comprendre la fin de ma phrase).
Salut à toi ô mon frère est une lecture totalement jouissive, enthousiasmante de drôlerie, tout en étant connectée à notre réalité. Marin Ledun étonne et détonne, ça fait un bien fou ! IRRÉSISTIBLE !
Lien vers l’interview de Marin Ledun au sujet de ce roman
Sortie : 03 mai 2018
Éditeur : Série Noire
Genre : Roman drôle et noir
Ce que j’ai particulièrement aimé :
L’humour irrésistible
Pas une seconde de répit et pas une seule baisse de régime
Cette capacité à se renouveler
Les messages véhiculés
4° de couverture
«Un père, une mère et leurs six enfants. Deux filles, quatre garçons. Une équipe mixte de volley-ball et deux remplaçants, ma famille au grand complet. Neuf en comptant le chien. Onze si l’on ajoute les deux chats.»
La grouillante et fantasque tribu Mabille-Pons : Charles, clerc de notaire pacifiste, Adélaïde, infirmière anarchiste et excentrique, les enfants libres et grands, trois adoptés. Le quotidien comme la bourrasque d’une fantaisie bien peu militaire.
Jusqu’à ce 20 mars 2017, premier jour du printemps, où le petit dernier manque à l’appel. Gus, l’incurable gentil, le bouc émissaire professionnel, a disparu et se retrouve accusé du braquage d’un bureau de tabac, mettant Tournon en émoi. Branle-bas de combat de la smala! Il faut faire grappe, retrouver Gus, fourbir les armes des faibles, défaire le racisme ordinaire de la petite ville bien mal pensante, lutter pour le droit au désordre, mobiliser pour l’innocenter, lui ô notre frère.
Catégories :Littérature
Il fait drôlement envie celui là ! 🙂
Tente le coup, tu vas passer un super moment !
Cela donne vraiment envie de se l’acheter..
Bonne journée à toi
Faut pas hésiter alors 😉
Je me me relis “Quand on n’a que l’humour…” de Amélie Antoine et ensuite j’attaque celui-ci, après l’émotion, la rigolade s’impose!
La rigolade est une émotion importante aussi ;-). Le Amélie Antoine est magnifique
Certes et l’exercice est sans doute plus difficile je pense.
Trop envie de le lire celui-là ! Tu en parles tellement bien que j’en kiffe d’avance la lecture.
Faut que je l’achète avant bien sûr 😉
C’est du plaisir en barre que ce livre !
Ah, là, je te dépasse parce que je l’ai déjà acheté ! 😆 Faudra que je me le case en juillet alors, pour le plaisir de rire ! Ledun ne m’a pas habitué à me marrer, je dois dire, et j’ai envie de voir ce que cela donne 🙂
Bisous les mecs
tu vas être surprise 😉
Alors là, c’est un grand grand grand OUI à cette formidable chronique !!! Bravo Yvan, tu as parfaitement su restituer le ton de ce roman atypique et réjouissant. J’adore 🙂
Ah ben content de te contenter ;-). On est une fois de plus en accord total !
Ca pourrait être fatigant, à la longue, cet unisson, hein… mais non, même pas ! Merci l’ami, et bonne soirée 🙂
Ahah ! Bonne soirée 😉
Entre deux avatar “chat”, chat ne pouvait que coller, entre vous… 😆 Je sors !
j’aime ta logique si personnelle 😉