Servaz, avant et après
Son nouveau roman est un polar, un vrai de vrai. Une enquête au long cours, loin d’un long fleuve tranquille, entre les années 90 et aujourd’hui. Martin Servaz n’est définitivement plus le même depuis les derniers événements (même son grade a changé)… C’est le bon moment de le découvrir sous un nouvel angle.
Voilà la première belle idée de l’auteur : nous amener aux cotés du Servaz jeune, la vingtaine, lors de sa première enquête.
Riche idée, oui, surtout lorsqu’on a suivi toute la série de romans de Minier. Mais ça n’empêche en rien de lire ce roman individuellement, comme l’excellent polar qu’il est.
Retour vers le passé et plongée dans les ténèbres actuelles, Sœurs est un polar captivant par son intrigue mais aussi par les émotions fortes qui en transpirent. Parce qu’on est attaché à ce personnage-là, avec son caractère bien trempé et tant il est malmené par la vie.
Orbe ophidien
C’était une gageure que de proposer un récit de l’ami Martin sans son ennemi héréditaire Julian Hirtmann. Autant amener quelque chose de différent que le sommet de tension qu’avait été le précédent roman, Nuit.
Pari réussi. Le fait de placer notre enquêteur à 25 ans de distance, fait de ce grand écart un polar qu’on ne lâche pas. Une putain d’intrigue, glaçante, à lire toutes lampes allumées, tant qu’on n’a pas joint les deux bouts de son orbe ophidien.
Ce qui démarque cette intrigue de sœurettes de tant d’autres polars ? La proximité du flic (on a même droit à Servaz chez le dentiste, scène intéressante), mais également certaines thématiques. Et l’écriture si prenante de l’auteur.
Adulation
Il est question d’adulation (pour ne pas parler de fanatisme). D’ailleurs, l’écrivain s’amuse entre la carrière de l’écrivain / personnage mis en scène et la sienne (j’espère juste pour lui que le parallèle s’arrête là).
Et il y a la manière de raconter de Bernard Minier, aussi. Pas étonnant qu’il rencontre un tel succès, tant son écriture est à la fois fluide et suffisamment exigeante pour l’envoyer au dessus de la mêlée, même si l’intrigue est moins ambitieuse que celle du précédent roman. Et on apprend une foultitude de choses dans ses livres, utiles ou ludiques.
Avec Sœurs, Bernard Minier a l’intelligence de se renouveler par rapport à son précédent thriller. Le fait de suivre son personnage totem, entre passé lointain et pressant présent, confère à cet excellent polar ce supplément d’âme qui le rend aussi passionnant qu’empoignant. Laissez l’auteur vous prendre par la main à travers ces sombres bois, il est un formidable guide en matière de contes modernes.
Lien vers l’interview réalisée avec Bernard Minier au sujet de “Sœurs”
Sortie : 05 avril 2018
Éditeur : XO
Genre : Thriller
Ce que j’ai particulièrement aimé :
L’idée du grand écart temporel
L’ambiance
Le talent de conteur de Minier
4° de couverture
Pauvres âmes déchues.
Il a fallu que je vous tue…
Mai 1993. Deux sœurs, Alice, 20 ans et Ambre, 21 ans, sont retrouvées mortes en bordure de Garonne. Vêtues de robes de communiantes, elles se font face, attachées à deux troncs d’arbres.
Le jeune Martin Servaz, qui vient d’intégrer la PJ de Toulouse, participe à sa première enquête. Très vite, il s’intéresse à Erik Lang, célèbre auteur de romans policiers à l’œuvre aussi cruelle que dérangeante.
Les deux sœurs n’étaient-elles pas ses fans ? L’un de ses plus grands succès ne s’appelle t-il pas La communiante ? L’affaire connaît un dénouement inattendu et violent, laissant Servaz rongé par le doute : dans cette enquête, estime t-il, une pièce manque, une pièce essentielle.
Février 2018. Par une nuit glaciale, l’écrivain Erik Lang découvre sa femme assassinée… elle aussi vêtue en communiante. Vingt-cinq ans après le double crime, Martin Servaz est rattrapé par l’affaire. Le choc réveille ses premières craintes. Jusqu’à l’obsession.
Une épouse, deux sœurs, trois communiantes… et si l’enquête de 1993 s’était trompée de coupable ?
Pour Servaz, le passé, en ressurgissant, va se transformer en cauchemar. Un cauchemar écrit à l’encre noire.
Catégories :Littérature
J’ai hâte de le lire! J’adore Servaz autant que Julian et ses symphonies classiques. À suivre 😊
Jamais déçu 😉
J’ai bien hâte de découvrir celui ci! Maintenant que je connais la plume de cet auteur, je suis certaine de me régaler de ce Soeurs…Jolie chronique, comme toujours 😉
J’en suis certain aussi
j’ai adoré retrouvé Servaz qui reprend de l’ampleur, enfin par apport à nuit un Servaz plus mordant tenace 🙂 Merci Yvan
J’avais adoré Nuit. Mais c’est vrai que le personnage est plus mordant 😉
“sauf à une Servaz tiède” ! J’adore ton jeu de mot 😆 Bon, je note et je penserai à lire les précédents.
Heureusement que tu es là pour les noter 😉
Je vais publier une compilation de tes meilleurs jeux de mots ! 😀
J’adore cet auteur de talent et j’ai vraiment hâte de découvrir son dernier ouvrage… Merci une fois encore Yvan pour cette magnifique chronique (ou pas 😉) !
Comme je l’écrivain dans un autre article, je viens de le terminer. 🙂 La fin, une belle chute comme je les aime.
Je lis aussi que l’auteur ne va pas laisser tomber Marianne 🙂 Je pensais qu’il en terminerait là avec Servaz. Il est vrai que le personnage m’intrigue. Bernard Minier, un auteur dont j’ai lu tous les livres. Je ne chronique pas. 🙁
Merci pour cette chronique très distrayante 🙂
Merci ! Il est très fort pour nous offrir des intrigues surprenantes ;-). Je suis fan.
Merci Yvan. 🙂 Bon appétit.