Or bleu
Water knife est le genre de roman d’anticipation tout à la fois enthousiasmant et flippant. Enthousiasmant parce que c’est Paolo Bacigalupi qui est aux manettes, soit l’un des auteurs les plus doués de sa génération en matière de SF humaniste. Flippant parce que ce qu’il décrit nous attend sans doute au tournant (et le virage se rapproche rapidement). Comme le dit l’un des personnages, en début de récit : « On savait bien qu’on allait droit dans le mur, et on est restés pour regarder. Il devrait y avoir un prix pour ce genre de stupidités ».
Dans un futur tellement proche, l’eau, l’or bleu, a remplacé l’or noir comme valeur qui attise toutes les convoitises. Au point que l’Amérique s’est décomposée en États désunis qui se font la guerre autant juridiquement qu’à coups de flingues (les Water knifes sont une milice qui prend part à cette guérilla entre villes, dont certaines se retrouvent totalement asséchées).
Les histoires de Paolo Bacigalupi ont toutes des points en commun. Un coté visionnaire, une préoccupation pour les aspects environnementaux et un humanisme marqué. C’est le cas une fois de plus avec Water Knife.
Réfugiés climatiques
Même si je n’ai pas été aussi subjugué que par la lecture de son chef-d’œuvre qu’est La fille automate, et malgré un démarrage un peu lent, ce roman est une fois de plus une belle réussite, qui est autant un objet de réflexion qu’un thriller tendu et violent.
La violence y est traduite par les actions de ces « coupeurs » d’eau dans un monde qui s’assèche à vitesse grand V, et par le sort des millions de personnes transformées en crèves-la-soif. Rien d’autre que des réfugiés climatiques de l’ancienne plus grande puissance du monde, et qui donnent corps d’une autre manière à ce que peuvent vivre des millions d’hommes de nos jours, dans la vraie vie.
La dureté aussi, à travers le gouffre qui s’est encore agrandi entre les quelques privilégiés enfermés dans leurs tours autosuffisantes, et la masse de la population qui meurt à petite eau. Et la subtile mainmise de la Chine sur l’ancienne plus grande puissance est tout sauf un fantasme.
Thriller et cri d’alarme
Comme à son habitude, Paolo Bacigalupi fait montre d’une précieuse intelligence et n’est pas le genre à mettre de l’eau dans son vin. Son thriller est tour à tour survitaminé ou intimiste, brutal ou touchant. Le difficile destin croisé des personnages, loin de tout manichéisme, ne laisse pas de marbre, avec leur soif éperdue de vivre malgré la souffrance et leur perte des valeurs.
L’auteur américain, avec son éblouissante écriture, est vraiment devenu un incontournable du genre. Sa narration est parfois exigeante et demande qu’on s’y immerge complètement pour vraiment en profiter comme il se doit. Mais quand on y est plongé, c’est un roman difficile à lâcher.
Pas la peine de se dire qu’avant ce terrible futur, de l’eau va passer sous les ponts. Il n’y en a plus… Avec Water Knife, Paolo Bacigalupi propose un thriller prenant, tout en apportant de l’eau au moulin à ce dérèglement climatique déjà bien enclenché.
Sortie : 28 octobre 2016
Éditeur : Au diable vauvert
Genre : Anticipation
Ce que j’ai particulièrement aimé :
L’écriture
Le concept
4° de couverture
La guerre de l’or bleu fait rage autour du fleuve Colorado. Détective, assassin et espion, Angel Velasquez coupe l’eau pour la Direction du Sud Nevada qui assure la survie de Las Vegas. Lorsque remonte à la surface la rumeur d’une nouvelle source, Angel gagne la ville dévastée de Phoenix avec une journaliste endurcie et une jeune migrante texane…
Catégories :Littérature
Forcément, après La fille automate, pour moi c’est clair comme de l’eau de roche ; il faut que je lise le nouveau roman de P. Bacigalupi 😉 Merci !
Eheh je vois qu’on est deux fan ;-). On en rediscute après ta lecture alors !
Salut l’ami Yvan!
L’anticipation, ce n’est pas trop mon truc, à part au cinoche (Star Wars et Cie). Mais il faudra bien que je me fasse violence un jour. Et tant qu’à faire, autant que ce soit avec un bon titre.
Bon réveillon, et à bientôt…
Starwars c’est de la Sf ;-). L’anticipation parle d’un monde très proche, quelques années en avant. Juste de quoi mettre en exergue les problèmes qui commencent actuellement. Et l’eau va en être un
L’eau en est déjà un!!! Dans certains pays tout du moins…
Et voilà ! Je me suis encore fait avoir… A chaque fois que je passe sur ce blog (ou presque !), il y a un titre noté en plus dans la très longue liste de mes envies ! Bon, en plus, Bacigalupi, j’avais vraiment adoré l’ambiance et le monde de “Ferrailleurs des mers”.
(oups ton commentaire était dans les indésirables, va comprendre…)
L’ami Baci, faut pas le laisser tomber comme ça en effet 😉
Je le veux!!!!!Je le veux trop!!!!!Je pense qu’il pourrait bien me plaire!!!!En ce moment, j’adore me faire peur d’avance…..lol Et comme ma binomette aussi je vais de ce pas lui proposer…..lol….
Après Résilience, une autre manière de se faire peur 😉
La binômette est d’accord ! Elle le veut aussi, elle va le chercher partout, partout !!
Cherchez en librairie, ça peut marcher 😉
Yvan, quand les gens me disent qu’on se battra pour le pétrole, je ricane toujours parce que c’est pour l’eau qu’on se fera la guerre (on la fait déjà pour l’H2O dans certaines parties du Monde) !! Parce que tu peux te passer de pétrole, même si tu n’as pas d’idées, mais jamais, jamais, jamais de l’eau !! À lire donc avec un casier d’eau à ses côtés, c’est ça ??? 😆
Oui avec des gros bidons de flotte enfermées à double tour. Tu as raison, les pays dits civilisés découvriront bientôt ce que connaissent déjà de nombreux pays moins chanceux
Un libraire m’avais parlé de “la fille automate” car j’aime bien l’anticipation comme le livre “Silo” de Hugh Howey que j’ai adoré. Mais j’ai dû oublié. Je note donc le nom de Paolo Bacigalupi. Merci Yvan ! 😉
Ce libraire a bon goût 😉
Si il n’y a pas de néologisme, je me laisserais bien tenter histoire d’oublier mon échec avec La fille automate. ..
J’aime beaucoup Paolo Bacigalupi, mais ça tu dois déjà le savoir mon ami !
Si j’ai aimé la fille automate, je crois lui avoir préféré les Ferrailleurs de la mer.
et comme tu as dit que tu proposeras davantage de lectures de l’imaginaire en 2017, on pourrait bien le retrouver sur ton blog
En janvier il y aura plus de SFFF. Et peut-être cet été aussi 😉