Du sang neuf
Julie Ewa arrive sur la pointe des pieds dans la prestigieuse collection Spécial suspense de Albin Michel. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne dépare pas dans le paysage. Un vrai sang neuf.
Ce récit à beau débuter à Strasbourg, c’est d’une réalité bien chinoise dont il est question. Une situation réelle, loin du guide touristique, que nous européens avons trop tendance à écarter de notre regard par confort…
Une histoire basée sur un fait de société terrible. L’auteure, sous couvert d’un vrai suspense, décrit l’horrible sort de certains enfants, et particulièrement Les petites filles.
Droit des femmes
Ne fuyez pas à l’évocation d’un sujet aussi dur ! Le sujet est à manier avec des baguettes (…euh des pincettes), ce que fait bien l’auteure. Ce livre est un concentré d’émotions sans coté trop moralisateur, même si Julie Ewa y défend de manière poignante les droits des femmes. De toutes les femmes, pas juste des enfants d’ailleurs.
Un sujet fort mais aucunement traité comme un reportage. Nous sommes bien dans le cadre d’une fiction romanesque. L’intrigue y met en lumière des personnages avant tout. Des caractères touchants et poignants (entre les occidentaux découvrant le pays et les autochtones). Oui l’auteure a pris le parti de raconter une vraie histoire et surtout de construire de vrais personnages.
Chapitres courts
On a beau être dans la collection consacrée au suspense, le roman est loin des polars classiques, même si la tension est bien présente. A coups de chapitres très courts (3 pages), Julie Ewa imprime un rythme soutenu, nous baladant entre le présent et les années 90. Voyager dans le temps, pour mieux comprendre les histoires de ses personnages.
Le choix de ces brefs chapitres rend la lecture particulièrement fluide. A titre personnel, j’aurais aimé davantage de développements concernant l’ambiance dans le cadre de passages plus longs, même si l’atmosphère est globalement bien rendue (du point de vue de l’occidental que je suis). Loin de moi, donc, l’idée de « saké » ce roman pour ce parti-pris ! Bien au contraire, cette lecture est tout autant distrayante que salutaire.
Divertissement et humanité
Une chose est claire, Julie Ewa n’a pas à rougir face à ses illustres camarades de cette collection “suspense”. Elle prouve qu’on peut proposer un divertissement grand public tout en exposant une problématique forte, sans jugement hasardeux et avec une belle humanité.
Lien vers mon interview réalisée avec Julie Ewa
Sortie : 31 décembre 2015
Éditeur : Albin Michel
Genre : Thriller
Notes :
Profondeur : 7/10
Dimension de l’histoire : 7/10
Psychologie : 7/10
Qualité de l’écriture : 7/10
Émotions : 8/10
Note générale : 7/10
4° de couverture
Bénévole dans une association qui s’occupe d’enfants, Lina est partie poursuivre ses études à Moudi en Chine. Thomas, lui, enquête pour une ONG sur les disparitions d’enfants (principalement des petites filles) qui sévissent depuis des décennies dans cette région reculée. La jeune femme accepte de lui servir d’espionne sur place où elle découvre vite les ravages de la politique de l’enfant unique. Mais ses questions vont semer le trouble dans le village.
Quand un mystérieux assassin se met à éliminer un à un tous ceux qui semblaient savoir quelque chose, elle comprend que le piège est en train de se refermer sur elle… Réseaux d’adoption clandestins, mafias chinoises, trafics d’organes, prostitution… oscillant entre passé et présent, un thriller dépaysant, remarquablement documenté, qui nous conduit au coeur d’une Chine cynique et corrompue où la vie d’une petite fille ne vaut que par ce qu’elle peut rapporter.
Catégories :Littérature
Il me tente vraiment beaucoup!!!
Je te connais bien, je ne suis pas étonné 😉
J’imagine qu’il pourrait me plaire celui ci! Même si avec ce thème là, je suis sure d’y perdre quelques larmes…..Je me le note, c’est rare ce sujet là dans les thrillers….;)
Un sujet dur, mais qui mérite vraiment qu’on d’y attardé. Et Julie Ewa le fait bien
J’aime ! Ton avis me donne envie de découvrir ce petit bijou 🙂 surtout si ça parle de femmes 😉
Oh oui c’est un sujet central, ces souffrances inacceptables sous prétexte qu’on est une femme
C’est tellement plus facile….. et les générations futures ne vont pas dans l’évolution ! Ma fille a 19 ans et sans être une féministe pure et dure je pense avoir réussi à lui transmettre avant tout le respect d’elle même et l’amour qu’elle doit se porter
Oui c’est si important. Et c’est un homme qui le dit
Tu ne sais pas toujours la chance que tu as d’avoir une paire de … chaussures ! Parce ♫ nous les femmes, nous le charme ♪ on est pas toujours bien vue et on représente la moitié de l’humanité, nom de dieu.
Je note le roman, j’arrête de jurer et je chante plus ce soir.
Il y a quelques points communs avec le très beau roman « témoin de la nuit » de l’Indienne Kishwar Desai. Femmes violées à mort, forcées à avorter ou enfermées dans des hôpitaux …
Un roman de femme en quelque sorte.
Merci pour ce ressenti mon ami.
Absolument, un vrai point commun. D’ailleurs je voulais en parler dans la chronique et j’ai oublié…
C’est pas grave ça sera dans la mienne 😉 lol
Cocorico !!
Le sujet me branche beaucoup aussi !