Avec son nouveau roman paru chez son nouvel éditeur Belfond, La dame de Pierre, Xavier-Marie Bonnot écrit une nouvelle page de sa carrière d’écrivain.
Un roman noir, au sens le plus noble du terme. Une atmosphère différente de ses précédents romans. Une histoire profondément humaine. Un magnifique roman.
Une excellente raison d’échanger avec lui dans le cadre de cette belle interview. Un grand merci à lui.
Editions Belfond – Octobre 2015
Lien vers ma chronique du roman
Merci d’avoir accepté mon invitation à la discussion. Avant de commencer, qu’est-ce-que je vous sers à boire en apéritif ?
Champagne !
Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?
Nostalgique, sensible, discret.
La dame de Pierre, votre nouveau roman, semble être un nouveau départ pour vous…
Nouveau départ car je quitte pour un temps Michel de Palma, alias Le Baron, le personnage de flic qui a connu un beau succès à l’étranger. Il reviendra, bien entendu, mais je crois que nous avions, lui et moi, besoin d’air.
Nouveau départ car j’aborde des rivages plus noirs et plus éloignés du polar. C’est une remise en question assez profonde mais j’aime ça, rebattre les cartes, me remettre en question et proposer aux lecteurs de nouveaux horizons, un nouveau style, une plongée dans les eaux noires de notre société.
Nouveau départ, enfin, grâce à une éditrice magnifique, Céline Thoulouze. Travailler avec elle est un pur régal. J’espère que cette belle aventure va continuer.
Passons au plat. Si vous aviez le choix, qu’aimeriez-vous manger là, tout de suite, durant notre échange ?
Une recette vietnamienne que j’adore et qui me vient à l’idée subitement : des crabes en mue, frits, avec une sauce poivre et sel.
Et si vous deviez définir ce nouveau roman en quelques mots, loin du résumé promotionnel ?
Le silence et l’intolérance sont les pires assassins.
Certains des personnages principaux de cette histoire sont des taiseux. Vous arrivez pourtant à faire passer de profondes émotions à travers leur économie de mots. Est-ce un exercice difficile à mener ?
Très difficile, oui, car il faut trouver le mot juste, la situation juste et l’attitude juste, un vrai travail qui m’a demandé des années d’apprentissage.
Etre simple et économe en littérature, c’est peut-être ce qu’il y a de plus périlleux. Et de plus satisfaisant.
Personnage, oui car j’adore confronter mes personnages au décor qui les entoure.
Mais aussi et surtout, ce paysage de montagne est une métaphore, par sa rudesse, sa froideur terrifiante, son indifférence aux destins des humains minuscules, de la situation dramatique que vit la jeune femme du livre.
La montagne, c’est un sujet que vous maîtrisiez déjà avant ou est-ce-que vous avez dû en passer par un long moment de recherches ?
Oui, je maîtrise relativement bien le sujet, ce qui n’a pas exclu les recherches.
La montagne est la grande passion de ma vie. J’y ai travaillé, j’y possède une maison et j’ai pratiqué l’alpinisme à un modeste niveau.
On sent que vous portez une grande attention à la qualité de la langue. Votre écriture est à la fois rude et poétique. Est-ce au moins aussi important que l’histoire en elle-même ?
L’écriture est primordiale, aussi importante que l’histoire. Peut-être parfois plus. La forme, comme on dit, doit servir le fond. C’est un travail difficile que de chercher à chaque fois le bon style, trouver l’adjectif correct, ne jamais être lourd.
Don Winslow me disait un jour qu’écrire c’est comme sculpter un tigre… En fait, c’est très simple, vous prenez un morceau de bois et vous enlevez tout ce qui ne ressemble pas à un tigre !
La musique est également présente dans ce récit. Et pour vous, quelle part prend la musique dans votre processus créatif ?
Cela dépend de l’humeur du jour. J’écris rarement en musique… C’est sans doute paradoxal car elle occupe une part énorme dans ma vie.
Souvent, je me demande ce que mes personnages peuvent bien écouter, quels sont leurs goûts ? Ça m’aide à les situer, à mieux les décrire.
J’adore l’opéra, une véritable passion et j’en ai beaucoup parlé dans mes précédents romans. Dans La dame de pierre, le personnage principal aime Bach et la musique baroque, surtout le violoncelle et la viole de gambe, comme moi…
Et pour terminer, je vous invite à choisir votre dessert préféré…
Un mille feuilles. Avec quelques coupes de champagne, bien entendu.
Catégories :Littérature
J’aime beaucoup l’image du tigre! 😉
Déjà depuis hier dans ma wish…..;)
Moi aussi j’aime bien la citation de Don… et je note le livre, pourri de tentateur que tu es 😀
C’est le temps qui est pourri, que veux-tu 😉
Non, non, le temps va bien, il est doux, LUI ! 😛
Merci pour ce partage.
Et en plus si on parle Opéra…