Noir et lumineux
Neige et glaciers, éblouissants. De quoi rendre fou. Vivre dans cet environnement montagneux, loin des grandes villes, en contact avec une nature majestueuse mais qui ne fait aucun cadeau, est le lot d’une bonne partie des personnages du roman. Des terriens, de ceux qui vivent proches de leur environnement, mais loin des leurs. Bref, ils préfèrent les congères à leurs congénères.
La dame de Pierre est un roman noir dans sa définition la plus noble. Imposant par son environnement, admirable par la manière dont les sentiments sont décrits, majestueux par la plume qui sert à raconter cette histoire.
Amour, folie, dépassement, acceptation
Un récit de mort, bien sûr, mais pas que, oh non. Des thématiques fortes y sont déployées, entre amour, folie, dépassement de soi, ou encore acceptation de l’autre tel qu’il est.
Bonnot pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements et nous plonge dans leurs esprits torturés par la vie. Un exploit que d’exprimer tant d’émotions contradictoires au travers de ces hommes et ces femmes qui sont tous des taiseux.
L’auteur ne cherche pas le sensationnalisme. De l’ordinaire surgit l’extraordinaire. Un roman sans énormes surprises, certes, mais qui est totalement en phase avec le genre d’histoires qui y est raconté (l’auteur est là pour nous parler de gens, pas pour faire des tours de passe-passe scénaristiques).
Un peu à la manière d’un Franck Bouysse dans son roman Grossir le ciel, Xavier-Marie Bonnot décrit bien les ingrédients qui conduisent au drame. De sa plume tantôt sèche, tantôt poétique, il raconte une histoire de « vrais » gens, qui pourrait paraître banale. Mais c’est tout le contraire, car il touche au cœur et aux tripes et nous rend proche de personnes qui n’ont rien de bien accueillant à la base.
Vrai
Oui, c’est le bon mot : tout cela sonne vrai. Sonne juste, sonne humain. Loin de ces romans noirs qui ne mettent en avant que la noirceur du monde, Bonnot met en avant l’ambivalence entre lumière et ténèbres, avec intensité et humanité.
Par ces qualités-là, La dame de Pierre touche le lecteur profondément et avec une belle subtilité.
Lien vers l’interview réalisée avec Xavier-Marie Bonnot
Sortie : 01 octobre 2015
Éditeur : Belfond
Genre : Roman noir
Notes :
Profondeur : 8/10
Dimension de l’histoire : 7/10
Psychologie : 8/10
Qualité de l’écriture : 8/10
Émotions : 8/10
Note générale : 8/10
4° de couverture
Tous les secrets finissent par ressortir… même ceux qu’on croyait enfouis à jamais au coeur des montagnes…
De la famille Verdier, il ne reste plus qu’eux, Pierre et Claire, le frère et la soeur. Lui, a repris la ferme familiale, dans la vallée de Saint-Vincent, auprès de leur montagne. Elle, vit à Paris. De l’existence de sa soeur, il ne sait rien, ou si peu de choses. Simplement qu’elle lui rendra toujours visite, immanquablement, deux fois l’an, dans cette maison de famille où rien n’a changé.
Mais cette fois-là, c’est différent. Claire a des cauchemars. Toutes les nuits, elle a peur pour une certaine Vicky, et prétend qu’elle-même sera bientôt morte. Pour Pierre, l’homme de la terre, les secrets et les névroses de sa soeur ne sont que des faiblesses.
Un matin d’hiver pourtant, Claire part et ne revient pas. Lorsqu’on retrouve son corps sans vie, étrangement vêtu, c’est Pierre qui est désigné comme le coupable.
Pierre est seul à présent. Lui, le taciturne qui vit reclus depuis le drame qui a brisé sa carrière d’alpiniste, aurait-il pu commettre l’irréparable ? Tant il est vrai que dans la famille Verdier les mystères et les secrets sont légions. Et qui est cette Vicky dont personne dans l’entourage de Claire ne semble connaître l’existence ? Pierre comprendra bien tard qu’elle était le secret le mieux caché de sa sœur…
Catégories :Littérature
Il est dans ma liste à lire et avec ton article je m’en réjouis
Tu nous diras ce que tu en as pensé après l’avoir sorti de ta montagne à lire 😉
“Bref, ils préfèrent les congères à leurs congénères”… c’est énorme ! quel artiste ! 😀
Chouette chronique , je note ce livre.
Merci d’avoir noté ma blague à deux balles qui m’a fait rire moi-même 😉
ça m”a fait marrer aussi 🙂 je la ressortirai ! 😀
J’adore les blagues à deux balles ! 😉
Des fois c’est même qu’une balle 😉
Pas grave, je les prends aussi 😉
Oui moi aussi j’ai bien aimé ce jeu de mots!!!!Héhé, tu était en forme pour nous en sortir une si belle chronique!!!;) Je me le note direct, car c’est exactement ce que j’aime trouver dans les livres!
Et puis en ce moment j’aie bien les montagnes, autant y rester!!!!!;)
Rhooo elle est top cette chronique ! Je plébiscite et me note ce titre 🙂
Merci poto 😉
Ah mais tu défonces tout avec cette chronique 😎
C’est la faute aux congères, fallait déblayer 😉
Hé hé hé 😉
Il est sur ma table de chevet et l’auteur que j’ai rencontré à Cognac est tout, sauf noir … (dans le sens du roman noir s’entend, bien sûr !) Prévu dans mes prochaines lectures et tu sais que je lis rarement les chros avant d’avoir lu le livre, mais bon … c’était la chro d’Yvan !!
Tu es gentille Kris, ça me touche tout particulièrement de savoir que tu fais une exception ;-).
J’aimerais bien le rencontrer cet auteur
Je crois qu’il’s’est bien défini dans ton interview. Discret, ça c’est sur, ce n’est pas quelqu’un de démonstratif mais il s’entraîne, il s’entraîne, je l’ai vu. En tout cas son interview ne me surprend pas.
Bonne journée
Tant mon eux s’il y est sincère et vrai 😉
“Tant mon eux” ??? En guerre avec les touches du smartphone, Yvan ??
Saloperie de téléphone 😉
N’accuse pas le téléphone ! C’est la faute de tes mains pleine de doigts ;-))
Bonjour Yvan, je viens de le terminer (j’ai moi aussi rencontré, comme mon amie Kris, cet auteur, fort sympathique, à Cognac), et j’adore ce genre de lecture (mais ça, tu le sais déjà 😉 ). Et pas besoin d’écrire de chronique, puisque tu le fais merveilleusement bien!!!
Allez-y messieurs-dames, jetez-vous sur ce titre, c’est une petite merveille!!!
merci Valérie ;-). Effectivement je ne suis pas du tout étonné de lire que tu as aimé ce livre et cette atmosphère.
Le veux, le veux !! Oui, mode cro-magnon ce soir… Merci pour la blague à deux balles, tu peux pas savoir combien j’aime ces blagues et ce qu’elles signifient pour moi 😉
Tu es une experte en la matière
Parfois j’ai des tendances homo érectus ou sapiens…
Tenté je suis, par ce petit noir… S’il est du même tonneau que “Grossir le ciel”, ça promet… Je vais me le noter et attendre un peu, je ne veux pas risquer le trop plein d’émotions en cette fin d’année… 🙂
Allons, allons, tu es un gars solide mon cher Vincent 😉
J’espère bien… Mais j’ai la faiblesse de ne pas lire à la vitesse où vous amis blogueurs vous chroniquez!!! Donc, la file d’attente s’allonge… 🙂
Voilà une bien belle chronique pour un auteur qui prend de l’ampleur dans le paysage du polar français.
C’est jouissif de voir ces jeunes plumes se remettre en question et changer ainsi le façon d’écrire le polar. 😉 🙂
J’aime les prises de risque et les auteurs qui ne tournent pas en rond. C’est une preuve d’intelligence
Comme c’est bien dit.
Moi aussi 😉
c’est pas gentil de tenter comme ça:!!!!!