Sophie Loubière nous conte une jolie et triste histoire entre passé et présent, entre différentes manières de percevoir le monde également.
Un fil qui rassemble
Loin des ambiances de polar de certains de ses romans, l’auteure met en scène trois personnages très différents mais qu’un fil conducteur va rassembler.
Il y a d’abord ce rapprochement d’un grand-père au crépuscule de sa vie, et de son petit-fils adolescent. Une thématique déjà développée par d’autres mais qui, sous l’œil de Sophie Loubière, prend un caractère à la fois universel et très personnel.
Il y a aussi ce retour vers un passé douloureux. Deuxième guerre mondiale et un drame dans le drame, dont on a peu parlé.
Taiseux
A la mesure de nos silences est un superbe et approprié titre de roman. Entre deux personnages plutôt taiseux, adolescent revêche et papy fatigué par le poids du passé, les silences sont autant de mots qui confrontent les générations. Deux personnages qui ne parlent pas pour ne rien dire et qui communiquent avec difficulté, alors qu’ils ont tant de choses à partager.
S’en suit un voyage initiatique sur les pas d’un passé pesant et douloureux ; un passé qui s’intercale dans ce récit au fil des chapitres.
La grande force du roman de Sophie Loubière est cette sensibilité et cette réserve derrière chaque mot et chaque émotion. On est loin de l’émotion surjouée de pacotille, l’auteure pose son récit et construit les relations naissantes avec une jolie délicatesse.
Plume qui se métamorphose
Elle a eu la bonne idée de métamorphoser sa plume alternativement entre les trois personnages, nous plongeant dans la tête de chacun d’eux, avec leur propre langage et leurs propres ressentis. Cela nous donne des changements de tons franchement intéressants, entre une langue hachée et directe (comme peut être celle de la jeunesse d’aujourd’hui), une tonalité plus posée (d’un homme de 82 ans qui a beaucoup vécu) et la manière dont on pouvait s’exprimer il y a plusieurs décennies.
Une prose pleine de poésie pour un roman tendre, sincèrement touchant, poignant parfois, saisissant aussi. Une universalité qui touchera à coup sûr une part très personnelle de chacun, loin des sensations artificiellement exacerbées de pas mal de romans actuels.
Ce livre est sorti le lendemain du massacre terroriste du 07 janvier 2015. Il est aussi là pour nous rappeler toute la barbarie de notre passé, qu’il ne faut justement pas passer sous silence pour ne pas la laisser se reproduire.
Sortie : 08 janvier 2015
Éditeur : Fleuve Editions
Notes (sur 5) :
Profondeur : ♥♥♥♥
Psychologie : ♥♥♥♥
Qualité de l’écriture : ♥♥♥♥
Émotion : ♥♥♥♥
Note générale : ♥♥♥♥
4° de couverture
Jamais Antoine n’aurait pensé que son grand-père puisse agir ainsi : il y a quelques heures à peine, l’adolescent sortait du lycée, s’apprêtant royalement à rater son bac. Kidnappé par papi à bord d’un vieux coupé Volvo, il roule à présent vers l’inconnu, privé de son iPhone. À 82 ans, François Valent, journaliste brillant, aura parcouru le monde et couvert tous les conflits du globe sans jamais flancher.
S’il a conclu un marché avec son petit-fils, c’est pour tenter de le convaincre de ne pas lâcher ses études. Mais ce voyage improvisé ne se fera pas sans heurts. La destination vers laquelle le vieil homme conduit Antoine – la ville de Villefranche-de-Rouergue, où il a grandi – a ce parfum particulier du remords. C’est là que l’enfance de François a trébuché. Lors d’un drame sanglant de la Seconde Guerre mondiale dont l’Histoire a gardé le secret. À la fois quête du souvenir et voyage initiatique, cette échappée belle les révèlera l’un à l’autre.
Catégories :Littérature
Merci Yvan de nous aider à reprendre pied en partageant tes lectures, parce que c’est dur, et on a beaucoup entendu ces derniers jours qu’il y aurait un “avant et un après”. J’ai réalisé hier soir que c’était une certitude pour moi, pour l’instant ma girouette interieure s’affole et a du mal à retrouver son nord. Elle le retrouvera, mais pour l’instant je suis littéralement déboussolée.
Excuse moi cher Yvan, d’avoir ainsi parlé de moi et non du livre de Sophie Loubière, je m’en excuse auprès d’elle aussi si elle passe part ici.
C’est peut-être qu’il est question de la mesure de nos silences, qui fait que je n’ai pas pu le garder, le silence. Car ça m’étouffe en fait pour le moment toute cette haine qui s’est exprimée par les armes en tuant de sang froid et toute cette douleur. Je ne connaissais aucune de ces 17 personnes mais je ne peux cesser de les pleurer.
Pardon Yvan pour cette sortie de route, tu n’es pas obligé de publier ça, mais ce matin j’avais besoin d’en parler avec un ami.
Et le livre de Sophie fait partie de mes prochaines lectures, pour revenir au sujet du jour ;-), car s’il y a une chose dont je suis sûre c’est que je lirai à nouveau.
Oh Valou, au contraire merci de tout coeur de ton message !
Il faut parler, extérioriser ses émotions et rester solidaires.
Moi non plus je ne m’en remets pas bien sur… J’avais lu ce livre avant les événements et je le vois un peu d’un autre oeil maintenant.
N’oublions jamais !
<3
tu m’as touché Valou, mais ça ne fait que renforcer ma considération à ton égard 😉
Ouvrage remarquable par l’émotion , le style , la sensibilité , et bien malheureusement rattrapé par une sinistre actualité! A recommander chaudement!
tu as tout dit ! Merci Jean-Michel
Un livre qui me tente énormément! je l’ai vu seulement hier sur babelio et je me suis dit qu’il serait bien interressant…..Je pense le lire mais bon après que toute la tension actuelle soit bien redescendue, là encore trop sous le choc !!!!!^^
le livre n’est pas dans la tension, il est beau avant tout et touchant surtout
ah non pas le livre l’ambiance actuelle de France……..Je sis sure que ce livre est très beau……;)
il me tarde de découvrir ce titre !
c’est une belle lecture, au sens noble du terme
Une lecture qui me tente beaucoup, mais peut-être la période n’est pas trop propice à sa découverte. Je garde en mémoire ce titre, pour un peu plus tard…
au contraire Vincent !! Oui les scènes se déroulant durant la seconde guerre mondiale sont dures (mais jamais dans la surenchère), mais le récit contemporain est beau et touchant
Je vais bientôt le sortir de ma PAL et je sens vraiment que je vais adorer 🙂 Je suis contente d’apprendre qu’il y aura une suite à Black Coffee grâce à ton interview !
tu m’en diras des nouvelles, belle chronique à venir sur ton blog alors 😉
Ca y est ^^ Comme promis je te tiens au courant, j’ai lu, adoré, chroniqué. Une histoire très touchante et originale 🙂
Très jolie chronique. On sent l’émotion qui en dégage en tout cas.
Parfois ça fait du bien ce genre de lecture entre quelques polars et thrillers. .
tu as tout compris 😉
Je pense me laisser tenter…tu en parles si bien qu’il m’est impossible de ne pas le lire! Je le note sur le haut de ma liste!
Celui là, il va falloir que je le lise; mais je sais que Catherine, elle l’aura déjà sélectionné pour le Comité de lecture. Il y a une fan de cette auteure chez nous 😉
et pourtant ce n’est pas un polar !
Je viens de terminer ce roman et je suis assez d’accord avec toi. Malgré tout, j’aurai aimé en apprendre davantage, voir les personnages évoluer. Je suis un peu restée sur ma faim.
Ce n’est pas faux en effet, il y avait de la place pour rester davantage avec eux.
Merci pour ton commentaire !