L’an de grâce 2014 restera une année à marquer d’une pierre blanche. Car si je dois nommer le fait marquant de mon année de lecteur, ce ne sera pas pour citer un roman ou un auteur cette fois-ci.
Ma révélation concerne un éditeur : Super 8.
Créé cette année, cet éditeur n’aura fait que m’enthousiasmer, fort de ses déjà 8 titres édités, tous des découvertes marquantes.
Un éditeur qui a immédiatement imprimé sa patte et proposé une ligne éditoriale à la fois cohérente et source de surprises constantes. C’est juste du pain béni pour le lecteur que je suis.
Le liseur amateur de divertissement enlevé, intelligent, original et déstabilisant se doit de plonger son nez dans la production de Super 8 (et plus d’une fois, croyez-moi sur parole).
Car lire un roman de chez Super 8 est une véritable expérience, de celle qu’on n’oublie pas. Des livres qui marquent si durablement l’esprit, qu’il est difficile d’enchaîner sur un autre ouvrage, une fois la dernière page tournée.
Pour définir l’éditeur, le mieux est de reproduire ici la définition donnée par Fabrice Colin, brillant auteur et directeur éditorial de l’éditeur : Super 8 veut « inoculer à la littérature mainstream (grand public pour les non anglophiles) la dose de surnaturel (fantastique, horreur, anticipation, galère post-apocalyptique, etc.) que cette dernière réclame sans le savoir ».
Vous l’avez compris, chaque roman, à sa manière, sort subtilement des rails bien tracés de la littérature de genre, pour emprunter des chemins de traverse inattendus.
Petit rafraîchissement de mémoire sur les huit sorties de 2014, avec mon propre ressenti :
Carter contre le diable de Glen David Gold
Seule réédition du catalogue actuel (sorti initialement en 2002 en France), je ne peux décemment pas parler d’un autre titre pour commencer. Ce roman est un pur chef d’œuvre universel, sans doute le titre le moins dérangeant du catalogue, mais celui qui fera certainement l’unanimité.
Quels que soient vos goûts littéraires, classiques ou plus modernes, je prends le pari que vous tomberez sous le charme de cette histoire envoûtante et de l’écriture enchanteresse de l’auteur.
Oui, ce roman, à la croisée des chemins, est universel. Magique aussi, tant il hypnotise le lecteur tout au long de ce pavé de 800 pages qui paraît pourtant tellement court.
Un livre inoubliable, l’une de mes plus belles lectures, toutes époques confondues.
Voici le lien vers ma chronique publiée au moment de la sortie, pour tenter de vous convaincre définitivement (ce n’est pas tous les jours que je donne la note de 6 sur 5 !).
L’obsession de James Renner
Premier titre publié par Super 8 et le parfait résumé de ce qu’est sa ligne éditoriale. Je pense qu’il n’y avait pas meilleur livre pour démarrer cette aventure.
Un roman qui commence comme un (excellent) thriller classique, avec tous les codes du genre, pour dériver (dérailler ?) vers autre chose.
Une trajectoire étonnante du récit, qui pourtant ne perd jamais sa cohérence. Une réussite proprement stupéfiante.
En voici ma chronique de l’époque
Et l’interview réalisée avec l’auteur
The Rook de Daniel O’Malley
Ode à l’imagination, The Rook est un petit bijou décalé, sorte de Fringe version British (pourtant écrit par un australien).
Une histoire improbable de personnages aux supers pouvoirs, un délire parodique qui pourtant reste étonnamment homogène. Un récit addictif et jouissif dont on attend la suite avec grande impatience.
Chambre 507 de J.C. Hutchins et Jordan Weisman
Vous pensez savoir ce qu’est avoir peur ? Pas la peur du style « grand spectacle », non celle insidieuse qui s’installe graduellement tout au long du récit paranoïaque qui flirte (ou non) avec le fantastique.
Et puis, avec une fin déstabilisante qui fait parler, ça donne toujours un thriller qui reste en mémoire.
Et l’interview réalisée avec l’auteur
Déchirés de Peter Stenson
Walking Dead vs Breaking Bad. Voilà le parfait résumé de ce roman déjanté. Pourtant au départ, les histoires de zombies ne sont vraiment pas ma tasse de thé.
Mais ce livre, sous couvert d’un pur divertissement, cache bien d’autres qualités et est une étonnante allégorie sur l’amour et l’humanité, avec une fin déchirante.
L’innocence de Brian Deleeuw
L’innocence ou comment brouiller les frontières entre littérature blanche et noire.
Un roman formidablement bien écrit, tout en psychologie avec un propos absolument impossible à raconter sous peine de gâcher l’effet.
Et encore une fois, une fin déstabilisante, qui hante le lecteur… Longtemps…
John meurt à la fin de David Wong
Un bouquin complètement barjot, cinglé, fêlé, timbré.
Imaginez une équipée de Ghostbusters du XXIème version Bad Trip. Oh et puis non, n’essayez même pas d’imaginer quoi que ce soit, il n’y a rien de comparable.
Un délire, où l’imagination est reine, capable de vous coller une frousse à hurler de rire. David Wong est fou (mais j’adore ça).
Treize de Seth Patrick
Quand on annonce ce livre comme le parfait mélange de Minority report et du Sixième sens, on prend le risque de décevoir les fans en question.
Et pourtant ce bouquin reprend effectivement les codes de ces deux films pourtant bien différents et nous propose un récit dense, admirablement contrôlé (l’auteur n’est pas anglais pour rien).
Un magnifique mélange de thriller, de fantastique et de SF dont l’équilibre tient du prodige.
En voici ma chronique de l’époque
Super 8 a donc placé la barre très haut pour sa première année d’existence. On sent que le travail en amont a été mûrement réfléchi et que les titres publiés ont été posément choisis. J’en reste baba et sincèrement admiratif. J’attends la suite avec une impatience non dissimulée. Vivement 2015 !
Catégories :Classements livres, Littérature
faudra que je m’y intéresse alors !
Ptet bien 😉 Commence par Carter contre le diable, c’est un pavé ça t’occupera un petit moment
Moi aussi, il faut que je m’y mette, et si c’est chapeauté par Fabrice Colin, c’est forcément bien. 🙂
Oui c’est un gage de qualité 😉
Et bien!!!!!Que d’éloges pour cette maison d’editions, je vais essayer de la découvrir en 2015, car là pour 2014 ca me semble compromis….;)
Déchirés m’attend dans ma PAL et 2 livres sont dans ma ligne de mire……
eheh, il n’est jamais trop tard pour commencer 😉
Je vais m’y mettre d’ici peu….Coté lecture on dirait que j’ai un emploi du temps de ministre…..;)
tu n’es pas la seule, c’est tout une organisation 😉
Ben moi je n’en ai lu que deux, avec des ressentis diamétralement opposés: Carter contre le diable, qui m’a émerveillé et enchanté, et l’Obsession, qui a fait illusion quelques chapitres, pour dérailler (sic) vers une direction qui ne me convenait pas… Mais bon, ce n’est que mon avis, hein chef? 😉
Reste à voir pour les autres…
pas étonnant mon Vincent, je connais tes goûts ;-).
J’aurais pu parier sur tes deux réactions avant ;-).
Je me souviens de tes éloges sur cette maison d’édition. La piqure de rappel a du bon: je crois que je ferai la connaissance de Carter à l’occasion !
bonne idée Sido, très bonne idée ;-). Merci de ta confiance !
J’ai vu Chambre 507 l’autre jour à la médiathèque, j’ai failli le prendre et puis ayant déjà beaucoup de livres à lire, j’ai renoncé. Mais maintenant avec cet article, ça me redonne et cette fois-ci, j’ai envie de faire pire : tous les acheter ! mauvais pour le porte-monnaie et la bibliothèque remplie à craquer ! 😉
ahah merci pour ce compliment ! si j’ai pu réussir à te donner cette envie, je suis super content 😉
Il n’y a que XIII que je ne possède pas… bon, j’ai la série XIII de Van Hamme, mais pas le roman 😉
ça compte pas, tricheuse 😉
Bheu, t’es pas gentil, na 😛
Ce coup de coeur n’est pas une surprise 🙂
Je te rejoins sur Carter inoubliable 🙂 et pour
Treize , un ptit bijou .
j’ai l’ Innocence qui me tente énormément.
Ben tu as déjà oublié l’Obsession ?? 😉
Je crois que comme toi, j’ai vraiment eu un vrai coup de cœur pour cette nouvelle maison d’édition. 🙂
Je les ai quasi tous achetés. 😉
quasi ça ne suffit pas 😉
oui on a ce vrai coup de coeur en commun (et pas que celui-ci)
J’ai remarqué certains de ses titres, mais je n’ai pas eu l’occasion d’en lire. Je pense que la prochaine fois que j’en croise un, j’y prêterai plus d’attention.
si je peux convaincre quelques lecteurs avisés comme toi, j’en serais très heureux 😉
Gros coup de coeur pour moi aussi, 3 titres lus et un sans faute.
Les autres en stock, ils attendent leur tour… la concurrence est rude !
Et tu devrais aimer ceux qu’il te reste à lire !
Projet intéressant mais pourquoi pas d’auteurs français ? Une raison particulière?
c’est une excellente question Patrick ! Si j’en ai l’occasion je n’hésiterai pas à la poser à l’éditeur.
Peut-être fallait il commencer ainsi et rechercher des plumes françaises ensuite ?
Peut-être, oui. Mais la plupart de ces auteurs sont relativement inconnus ici donc ce n’est pas simplement pour capitaliser sur un lectorat existant puisque je doute qu’il y en ait eu un en France, ou alors très pointu. Définitivement une démarche de découverte, qui est louable et courageuse, une niche du marché intéressante dans le choix de romans. Mais vu que les éditeurs actuels qui publient des auteurs de polar français se comptent sur les doigts d’une main amputée de deux doigts… Merci en tout cas pour cette belle découverte.
eheh, oui c’est clairement une démarche de découverte de la part de l’éditeur et une volonté de brouiller les frontières des genres (on adore classer dans des boites, en France…)
A voir ce que donnera la saison 2 😉
Merci pour ton très intéressant commentaire, Patrick !
“Carter contre le Diable” a été une superbe découverte pour moi aussi!!! un roman magistral qu’on ne sait pas vraiment dans quel “genre” classer car il est tout à la fois: action, polar, historique, féérique… Il est énorme mais on le lit à une vitesse impressionnante, malgré tout!!
tu me fais très plaisir avec ton commentaire 😉
Ce livre a été une révélation pour moi, un voyage magique inclassable en effet. Je suis content quand je rencontre d’autres lecteurs qui ont vécu les mêmes sensations