Les Aiguilles d’or – Michael McDowell

Michael McDowell, décédé en 1999, est en train de se créer une renommée incroyable en France, à titre posthume. Cela tient un peu de la magie, à l’image de ses livres qui n’en manquent pas.

Le succès rencontré par la série des 6 livres de Blackwater était inimaginable. D’une ampleur impossible à anticiper. Gageons que Les aiguilles d’or trouveront également un bel écho auprès du public, tant le roman est bourré de qualités.

Ce livre, son deuxième, est sorti en 1980, trois ans avant Blackwater. Que ceux qui imaginent y retrouver les mêmes ingrédients se détrompent, aucun aspect fantastique dans cette intrigue.

La patte McDowell

Mais clairement, la patte McDowell est là, par sa manière de raconter des histoires, par ses personnages atypiques, pour ne pas dire déviants, tout en nuances de gris (foncé). Par sa capacité à créer une ambiance immersive au possible, même si le récit se déroule deux siècles en arrière.

Place donc à une vraie fiction historique, façon saga familiale, récit social et roman noir, qui prend place en 1882 à New York. Deux familles aux destins bien distincts, étendant leurs puissances sur la ville, à leurs manières.

Les Stallworth, en pleine lumière. Et les Shanks, dans l’ombre. Les premiers actionnant tous les leviers pour tenir la ville officiellement, pas toujours dans la légalité pour autant. Les seconds régnants dans les bas-fonds, développant leurs activités à coups de vices et de truanderies.

Deux familles, deux mondes

Deux familles, deux mondes, liés par le sang versé, qui vont s’affronter à travers toute la ville. Pouvoir et vengeance, les deux mamelles nourrissant cette intrigue puissante.

Plusieurs protagonistes par famille, plusieurs générations, les Stallworth droits dans un système patriarcal, les Shanks aux mains des femmes. Avec NYC comme personnage à part entière pour compter les points (et les morts).

L’immense talent de l’écrivain américain embarque les lecteurs dès les premières pages, avec une capacité étonnante à lui faire vivre les scènes et ressentir les odeurs, à se retrouver plongé au sein même des drames et des tensions.

Plume cinématographique et puissante

Avec une plume cinématographique et puissante, à la fois belle et d’un réalisme à couper le souffle. Vous voilà transportés dans le passé, en cette fin du XIXe, à sillonner les travées, les rues, les coulisses et les secrets de Gotham.

Toujours près des personnages, comme si vous vous teniez à leurs côtés. Même nombreux, ils sont si bien caractérisés que vous vous en ferez une projection mentale très nette.

De sacrés personnages, aux comportements guère reluisants, aucunement sympathiques de prime abord, mais que le talent, que dis-je la magie, de l’auteur rend proche du lecteur. Vu les pedigrees, c’était une sacrée gageure, remportée haut la main.

Femmes fortes

Avec une particularité qu’on ne retrouvait pas si souvent dans les livres de l’époque, des femmes fortes, qui détiennent une partie du pouvoir derrière le rideau. Pour une confrontation dantesque avec les hommes qui tiennent officiellement la ville. Car il est question autant de guerre des sexes que de lutte des classes.

Au final, les plus de 500 pages se lisent sans la moindre baisse de régime, sans jamais avoir envie de lâcher ces deux familles pourtant peu fréquentables. Jusqu’au feu d’artifice de la dernière partie, et les étincelles qui embrasent le récit.

Même sans la pointe de fantastique de Blackwater qui rendait le livre si atypique, Les aiguilles d’or est une fiction historique noire de haut vol, par la grâce d’un Michael McDowell qui comprend si bien les affres de l’âme humaine, et sait les mettre en scène avec un formidable élan romanesque.

Yvan Fauth

Sortie : 06 octobre 2023

Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture

Genre : Fresque historique

Traduction : Jean Szlamowicz

Prix : 12,90 €

4ème de couverture

Dans le New York de la fin du XIXe siècle coexistent deux mondes que tout oppose. D’un côté, l’opulence et le faste. De l’autre, le vice monnayé et l’alcool frelaté. C’est à leur frontière, au coeur de l’infâme Triangle Noir, qu’une famille fortunée va chercher à asseoir sa notoriété en faisant mine de débarrasser la ville de sa corruption. Les Stallworth, dirigés d’une main de fer par leur patriarche, l’influent et implacable juge James Stallworth, assisté de son fils Edward, pasteur aux sermons incendiaires, et de son gendre Duncan Phair, jeune avocat à la carrière prometteuse, ont un plan impeccable : déraciner le mal en éradiquant une lignée corrompue de criminelles : les Shanks.



Catégories :Littérature

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9 réponses

  1. J’ai été séduite par Blackwater, même si celui-ci est très différent, je pense que la patte de l’auteur me convaincra encore une fois.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Franchement, je pense aussi. C’est épatant

  2. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Il est sur ma liste, Blackwater m’avait emporté dans ses eaux tumultueuses et sombres 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      il ne peut en être autrement ! 😉

      • belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

        Bien entendu !

  3. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Celui-ci m’attend à la bibliothèque

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Faut aller le prendre vite 😉

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