Avec L’île de Yule, nous tenons notre nouvelle reine du polar scandinave. Et elle est marseillaise ! S’il en fallait, une nouvelle preuve irréfutable du réchauffement climatique.
Johana Gustawsson se frotte donc au thriller « à la scandinave ». Où elle éclate la concurrence native sur son propre terrain, d’une caresse dans le cou puis d’un coup de batte dans les rotules.
Tous les ingrédients
L’île de Yule combine en effet tous les ingrédients de ces romans noirs en provenance des pays nordiques. Une ambiance petit à petit pesante qui brouille le côté faussement lisse des relations humaines, un travail de psychologie fouillé, un regard souvent introspectif, une manière de prendre son temps pour décrire l’action, une critique sociale en toile de fond. Avec la description d’un mode de vie et la prise en compte de l’importance du climat.
Tout y est, à sa place. Mais ne croyez pas pour autant que Johana Gustawsson est une usurpatrice, bien au contraire puisqu’elle vit actuellement en Suède. La plus cosmopolite de nos auteurs de Polar a donc toute légitimité pour poser son regard sur cette Suède si souvent montrée en modèle.
C’est donc bien un thriller à ambiance, dont l’action se situe dans un manoir isolé sur une île reculée. Habité par une famille fortunée, retirée, qui décide de faire expertiser tous ses objets de valeur.
Elégance et précision
Emma est la spécialiste envoyée sur place pour les estimer, pièce par pièce. Et, pour compléter le « décor », deux cadavres retrouvés sur place à 9 ans d’intervalle, liés d’une manière ou d’une autre à cette famille. Et à Emma.
Le chiffre 9 va planer au-dessus de cette histoire, tout comme le folklore du pays, ses croyances ancestrales et ses nombreux mythes. L’autrice a travaillé son sujet pour lui donner l’importance nécessaire au sein de l’intrigue, et qu’il ne reste pas au simple niveau du prétexte.
Écrit à la première personne, en alternance, le récit est vécu à travers les personnages et leurs ressentis. Au lecteur de découvrir la complexité cachée derrière le miroir, car rien n’est aussi évident qu’il n’y parait.
L’intrigue se déroule donc dans la pure tradition scandinave. Rien de très d’original en soi, mais la maîtrise de Johana Gustawsson est digne d’un modèle. Deux mots me viennent à l’esprit pour décrire ce roman, élégance et précision (du trait).
Deux qualités qui, conjuguées à la maîtrise et au talent de l’écrivaine, rendent ce récit vraiment prenant, immersif. Avec des thématiques qui sont du Johana pur jus, et une fin parfaitement bien “domptée” (où elle lâche les chiens !). Qu’il serait criminel de détailler ici.
Une voix forte
L’histoire commence comme un long chemin de deuil avant de peu à peu briser ses chaînes, lorsque les non-dits tombent, que le conformisme est dévoyé.
Ce roman est bien davantage qu’un exercice de style. Parce que les personnages ont du corps, l’histoire du cœur et des tripes, et la plume une âme.
C’était un sacré challenge que de se frotter à un sous-genre bien marqué, à en utiliser tous les codes. Et à s’en sortir ainsi sous les applaudissements.
L’île de Yule est un roman à énigmes particulièrement esthétique, qui se révèle bien plus retors qu’il n’y paraît. Johana Gustawsson y prouve, une fois de plus, qu’elle est bien l’une des voix les plus fortes du thriller francophone, quelle que soit l’ambiance qu’elle développe.
Yvan Fauth
Sortie : 18 janvier 2023
Éditeur : Calmann-Lévy
Genre : Thriller
Prix : 19,90 €
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4ème de couverture
Le cœur battant, Emma Lindahl cogne à la porte du manoir dressé sur une petite île au large de Stockholm. Experte en art, elle doit procéder à l’inventaire des biens de la famille Gussman, quatrième plus grande fortune de Suède. L’île et son manoir ont une réputation sulfureuse depuis que, neuf ans plus tôt, une adolescente a été découverte pendue à un arbre du domaine, tuée dans des conditions affreuses.
Son assassin n’a jamais été retrouvé.
Emma se rend vite compte que son travail va lui prendre des mois, seule dans ces immenses pièces où elle ne croise jamais personne, car les Gussman ont expressément refusé de la voir et lui imposent des horaires stricts. Bien qu’elle ne soit pas impressionnable, l’ambiance ici lui glace le sang.
C’est alors qu’une nouvelle jeune fille est découverte, morte, dans la mer gelée, et tout laisse penser qu’elle a été victime du même tueur…
Un thriller aussi effrayant que captivant,
enraciné dans les rites vikings
et les sombres amours
Catégories :Littérature
Sacrée accroche ;-), j’aime ton humour ! Encore une chronique qui rend bien hommage au talent de Johanna ❤️
C’est important les accroches, et à force d’écrire tant de chroniques j’arrive parfois encore à me faire rire ;-). Oui elle a vraiment du talent !
Oui c’est vrai que tu parviens encore et toujours à te renouveler, ce qui est loin d’être évident, j’en sais quelque chose ! Ce polar nordique francophone a des accents bien attirants.
merci pour ce compliment :-). Oui tu suis mes chroniques depuis longtemps !
Des accents attirants (y compris marseillais), il faut y aller
Je sens que je vais l’adorer ! Et si seulement le réchauffement climatique n’avait que ces belles répercussions… 😉
oui si seulement
Bonne future lecture !
J’ai bien envie de découvrir ce nouveau roman de Johana Gustawsson ! Il me semblait bien qu’elle était du sud ^^
voilà une bonne porte d’entrée dans son univers
Je connais déjà un peu car j’avais beaucoup aimé “Block 46” mais je n’ai jamais pris le temps de lire la suite – ce n’est pas faute de l’avoir ! Il faudra que j’y remédie avant de me plonger dans “L’île de Yule” (ça va peut-être me motiver ^^)
vite bientôt dans ma PAL; cette Louve est une autrice qui nous met dans une ambiance sombre qui nous souvent les sangs.
une autrice majeure du genre, à n’en pas douter !
Celui-ci je le veux !!!
Il te le faut !! 😉
Je le veux et je l’aurai ! 😉
Je retiens qu’elle est marseillaise😁 Va vraiment falloir que je lui fasse une place dans mon planning 2023!
ahah tu n’as plus le choix maintenant que tu sais ça ! 😉