Une saison pour les ombres restera sans doute à part dans la grande histoire qui s’est tissée entre R.J. Ellory et le continent américain.
Car il traverse la frontière pour plonger au cœur glacé du Canada, au fin fond du Québec, là où aucune route praticable ne va. Seule la ligne de chemin de fer permet de se rendre dans cette région reculée où ne (sur)vivent les habitants que grâce aux mines de fer.
Bienvenue à Jasperville, aux côtés de quelques milliers d’âmes, presque une autre planète, où le froid et la mine dictent les lois.
Quête de rédemption
Le récit se joue sur deux temporalités, les années 60-70 et nos jours, pour mettre en scène un homme qui a fui. Mais qui doit revenir sur ses pas.
Jack Deveraux (anciennement Jacques) s’est échappé de cet endroit il y a plusieurs décennies, suite à son enfance difficile. La première phrase du roman en dit long : « On est tous brisés, quoique chacun à un endroit différent ».
Mais peut-on réellement se détacher du passé, surtout lorsque celui-ci se rappelle brutalement à vous ?
Cet homme a abandonné ses proches pour s’exiler dans la grande ville, si loin de cet endroit reculé, terre de mythes. Ce livre est l’histoire d’un retour aux sources, contraint et forcé, en quête de rédemption.
Il avait lui-même prononcé l’anathème qui l’envoyait loin de la froidure, il est aujourd’hui temps de payer la facture.
Jack a tenté de se créer une vie à l’opposé de ce froid québécois, au point de devenir expert en incendie pour les assurances. Guerrier du feu, une manière de combattre la glace.
Plus direct
Il est singulier de voir Ellory utiliser des noms à consonance francophone pour ses personnages et ses lieux. Cela donne un cachet particulier à cette histoire-là. Un supplément d’âme pour les lecteurs francophones, pour un roman qui n’en manque pas !
Sorti en 2022 en version originale, sous le titre The Darkest season, le livre présente le Ellory actuel. Plus direct, avec une intrigue plus ramassée, sur 400 pages et des chapitres assez courts. Une intrigue qui se lit comme un thriller, alors que c’est un pur roman noir, à ambiance.
Ce coin du Canada est un personnage à part entière, qui pèse par son omniprésence, sur les gens comme sur leurs actes. Et quand surviennent des morts atroces, nombre d’esprits restent anesthésiés alors que d’autres songent aux légendes.
Ce Jack qui redevient Jacques a tout de l’anti-héros. Terriblement humain, touchant par ses failles. Il a fait des choix dans sa vie qu’il a du mal à assumer. Au point de plonger dans un abîme émotionnel à trop se mentir à lui-même. Et il n’est pas le seul…
Réparer les fêlures
L’écrivain anglais poursuit son chemin à côtoyer le Mal sous toutes ses formes, mais surtout à rechercher ce qu’est l’être humain intimement. Loin de tout manichéisme, tout en subtilité. Parce qu’être une femme ou un homme est parfois une malédiction.
Une saison pour les ombres est une merveille de roman noir, au plus près d’un homme brisé qui tente de se racheter. Une intrigue instinctive, profondément humaine, avec un R.J. Ellory qui prouve une fois de plus qu’il sait aussi bien manier les récits que les émotions, par la grâce de personnages sublimes dans leurs fêlures.
Lien vers l’interview réalisée avec R.J. Ellory au sujet de “Une saison pour les ombres”
Yvan Fauth
Sortie : 05 janvier 2023
Éditeur : Sonatine
Genre : Roman noir
Traduction : Etienne Gomez
Prix : 25 €
4ème de couverture
” Le froid arriva. Et puis le froid s’installa à jamais. “
Nord-est du Canada, 1972. Dans cette région glaciale, balayée par les vents, où l’hiver dure huit mois, la petite communauté de Jasperville survit grâce au travail dans les mines d’acier. Les conditions de vie y sont difficiles. Au-delà du village, il n’y a rien. Juste une nature hostile, quelques ours, des loups. Aussi quand le corps d’une adolescente du village est découvert aux abords de la forêt, la gravité des blessures laisse supposer qu’elle a été victime d’une bête sauvage. Ce sera en tout cas la version officielle. Et tout le monde prie pour qu’elle soit vraie. Mais, quelques temps plus tard, le corps d’une autre jeune fille est retrouvé.
Montréal, 2011. Le passé que Jack Deveraux croyait avoir laissé derrière lui le frappe de plein fouet lorsqu’il reçoit un appel de Jasperville. Son jeune frère, Calvis, est en garde-à-vue pour tentative de meurtre. De retour sur les lieux de cette enfance, qu’il a tout fait pour oublier, Jack découvre qu’au fil des années, l’assassin a continué à frapper. L’aîné des Deveraux comprend alors que la seule façon de mettre fin à cette histoire tragique est de se répondre à certaines questions, parfois très personnelles. Mais beaucoup, à Jasperville, préfèrent voir durer le mensonge qu’affronter la vérité.
Dans la droite ligne de Seul le Silence, RJ Ellory nous offre un roman troublant de beauté et d’émotion à classer sans conteste parmi ses plus grandes réussites.
Catégories :Littérature
Hâte de le découvrir !
bonne future lecture !
Hâte de le lire. Mais des mines d acier? Euh non
Je corrige 😉
Tu te doutes bien que je le note !
The King of Roman Noir, on ne passe pas à côté 😉
alors ça peut dépendre… ;-P
Ha tiens, moi aussi 😅
hahaaha, comme c’est étrange
Wooowww. Vous serez Jasperville qu’ elle a dit ma Complice Anne-Sophie. Tu ne fais que renforcer sa chronique, ou inversement. Merci Yvan🙏😘
tu n’as plus d’excuse maintenant 😉
Très beau roman, du pur Ellory et encore des personnages à aimer. Très beau retour Yvan ❤️
des personnages humains, pas juste des êtres de papier, Ellory est un grand conteur. Merci 😉
Salut mon ami, en plein dedans, gelé, frappé par ce vent glacé. Je suis surpris par le style et je me rends compte quel conteur exceptionnel est mister Ellory. Amitiés
oui, style plus direct. Mais une vraie immersion dans ce Québec glacial. Un conteur exceptionnel, je sus bien d’accord, un des meilleurs. Bonne fin de lecture mon pote !
Belle petite surprise en fin de roman… 🙂
Eheh 😉