1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
ANOUK LANGANEY
Titre : Clark
Editeur : L’Atalante / Collection : Fusion
Sortie : 27 mai 2021
Lien vers ma chronique du roman
Ceux qui ne te connaissent pas encore doivent s’attendre à un roman barré et totalement inclassable…
D’où je déduis que ceux qui me connaissent s’y attendaient. Je serais donc prévisible, en étant imprévisible ? Sacré paradoxe !
J’écris en puisant dans mes névroses, mes questions sans réponse, mes angoisses… pas étonnant que ça parte un peu en vrille. Mais tu auras remarqué que j’essaie de conserver une forme de logique, dans tout ce bazar ! Il y a même quelques constantes : l’humour noir, un penchant pour la catastrophe et une légère tendance à la paranoïa. Ce qui permet aux éditeurs et libraires de me garder dans leur rayon polar : c’est déjà ça !
Tu développes de manière étonnante le thème de l’éducation d’un enfant par sa mère…
C’est un thème qui me touche, pour quantité de raisons personnelles, et sur lequel je n’ai pas l’impression d’avoir lu grand-chose (je parle de romans noirs, bien sûr). Dans le polar, soit la mère est une victime et/ou une héroïne qui cherche à arracher son enfant aux griffes du Mal, soit c’est une mauvaise mère qui abandonne, frappe ou humilie ses enfants. J’ai eu envie, au contraire, de pousser jusqu’à la folie la logique d’une « bonne » mère, qui rêve que son enfant soit beau, fort, intelligent, courageux… Quoi de plus naturel ? Mais tous les rêves peuvent virer à l’obsession ! Cette jeune mère est intelligente et ambitieuse, mais… peu douée pour l’empathie, dirons-nous. Imaginons qu’elle soit prête à tout pour atteindre son idéal : il m’a semblé que le cocktail serait explosif, donc j’ai sorti mon shaker.
Mine de rien, cette histoire est très ancrée dans notre société et ses dérives…
Ma narratrice est, certes, une redoutable psychopathe, mais à ce détail près, le regard qu’elle porte sur la société est plus ou moins le mien ! Son envie de sauver le monde part d’une bonne intention. (De celles qui pavent l’enfer, dit-on…). Je partage son inquiétude pour l’avenir, face aux menaces qui pèsent sur l’environnement, aux inégalités qui se creusent, aux perspectives peu réjouissantes qui s’offrent à nous dans beaucoup de domaines. Les questions qu’elle se pose me semblent bonnes, le problème vient de la réponse qu’elle y apporte !
L’influence de la culture pop, des super-héros, est très présente, et pourtant ce n’est pas du tout un roman de SF…
C’est dans cette culture que mon héroïne puise les modèles qu’elle propose à ses enfants. D’où le prénom de son fils, celui de Superman bien sûr – le lecteur averti trouvera d’autres références, plus ou moins discrètes, dans le roman. Je baigne moi-même dans les genres de l’imaginaire depuis mon enfance. J’étais et je demeure une lectrice et une spectatrice passionnée de SF, fantastique, contes merveilleux, Heroic Fantasy… D’où ma joie de voir Clark publié par les éditions L’Atalante, qui m’ont procuré tant de plaisirs de lecture – même si, paradoxalement, ce n’est pas un roman de SF.
En revanche, mon roman jeunesse paru en 2020 chez Albiana, Le Temps des Hordes, met en scène de véritables super-héros, bien qu’un peu tordus, eux aussi ! Il y a un lien entre ces deux romans : j’ai écrit pour ma fille une histoire d’adolescents qui se sentent chargés de sauver le monde… et je me suis demandé, ce faisant, s’il était bien raisonnable qu’une mère demande à sa fille de sauver le monde.
160 pages, ça peut sembler court. Pourtant, c’est un format idéal pour un tel récit atypique. Tu l’as senti comme ça dès le début de la phase d’écriture ?
Il était plus long au départ, comme tout ce que j’écris : en retravaillant mes textes, je cherche toujours à gagner en densité, à supprimer ce qui me semble superflu et risque de ralentir l’intrigue. Je suis un peu (?) maniaque, et derrière chaque chapitre il y a souvent beaucoup de documentation, de vérifications, d’explications… hors de question que je les fasse subir à mes lecteurs ! Une fois l’intrigue bouclée, le rythme devient ma préoccupation principale. L’ennui est ma hantise. Je préfère largement voir mes lecteurs se plaindre que le livre soit trop court, plutôt que trop long !
Et puis j’en ai d’autres à écrire. Je peux déjà te dire, sans spoiler, qu’ils seront atypiques, barrés et inclassables.
Catégories :Interviews littéraires
atypiques, barrés et inclassables trois qualificatifs qui vont bien à l’auteur aussi.
Perso je suis fan !