La grange – Angie Kim

Voilà un thriller psychologique à l’américaine, avec les ingrédients attendus. Ce pourrait n’être qu’un énième roman du genre, et pourtant Angie Kim arrive à le faire sortir du lot. Son histoire fouillée, touchante, et finement intelligente est de celle qui laisse des traces en mémoire.

Près de 500 pages autour d’un récit dense, qui sait prendre son temps, en ambiance, tout en changeant de rythme et en proposant des retournements de situations étonnants (et réalistes !).

Pas besoin de décrire davantage les caractéristiques d’un bon thriller qui entre dans le vécu des personnages, ils sont donc bien là. Mais La grange, autour de cette histoire de mensonges, de non-dits et de trahisons, propose bien davantage.

Singularités

Le contexte d’abord, la profondeur du sujet ensuite, l’environnement enfin.

Young et Pak Yoo, un couple d’immigrés coréens et leur fille adolescente, sont venus aux États-Unis pour réussir une vie qu’ils n’ont pas eue dans leur pays d’origine. Les USA, eldorado chimérique qui se révèle vite une bête sauvage qu’il faut arriver à dompter. Pas facile quand on ne connaît pas la langue ni les us et coutumes, et qu’on doit se faire d’abord une place avant d’espérer grimper dans l’échelle sociale.

La première des singularités vient de ces personnes-là et de leur expérience de vie. Angie Kim sait parfaitement de quoi il retourne, étant elle-même fille de l’immigration coréenne. Du coup, ce cadre sonne juste, une vraie force pour un roman.

La seconde concerne le thème casse-gueule des enfants qu’on qualifie d’atypiques, autistes ou autres. Ou il faut plutôt parler des mères de ces enfants, de ce qu’elles vivent au quotidien, de la charge mentale qu’elles doivent subir (on peut oublier les pères dans cette histoire, ils sont absents…). Les scènes en lien avec les relations parents-enfants sont particulièrement fortes, chargées d’émotions et véritablement évocatrices.

Thriller psychologique à tiroirs

Ce duo de thématiques permettent au livre de se démarquer. L’accident / meurtre (rayez la mention inutile en fin de roman) qui s’est déroulé dans la grange qui héberge un centre de soins alternatifs sera le centre de l’intrigue.

Un récit à tiroirs, du point de vue des différents protagonistes, la famille coréenne, les mères des enfants, le couple qui a aidé à monter l’affaire de La grange.

Concernant le thriller psychologique en lui même, il fonctionne parfaitement. La très bonne idée de l’autrice est de changer de rythme. Introspectif quand les protagonistes parlent de leurs « vérités », dynamique quand le récit prend la forme de scènes de procès.

Ces passages de plaidoirie sont sacrément réussis. Un modèle du genre, qui rajoute une tension maximale, avant que la cadence ne s’atténue pour ménager les surprises d’une autre manière.

Entre mensonges, secrets et incompréhensions, l’histoire se déroule densément jusqu’au final qui est à l’image du livre, tout en finesse.

La grange est un premier roman assurément maîtrisé, Angie Kim a su développer une intrigue profonde autour de nombreuses thématiques fortes.

Le roman a été salué par le prix Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman 2020, ce n’est pas rien !

Yvan Fauth

Date de sortie : 03 juin 2021

Éditeur : Belfond

Genre : Thriller psychologique

Traduction : Véronique Roland

4° de couverture

Installés en Virginie, Young et Pak Yoo, couple d’immigrés modèles, ont investi toutes leurs économies pour transformer leur grange en centre de soins alternatifs. Depuis, une poignée de patients réguliers se pressent dans leur cabine pressurisée, réputée pour traiter diverses pathologies. Ici, chacun se connaît, s’apprécie. Et puis, un soir : une étincelle dans l’oxygène, une explosion mortelle. Henry, un petit garçon autiste, meurt sur le coup.
Acte de négligence ? Homicide volontaire ? L’effroi est total.
Un an plus tard, la dizaine de personnes présentes à la grange ce soir-là se retrouve à la barre dans un procès retentissant. La police, les médias ont choisi leur coupable. Mais qu’en est-il de la vérité ?

Les secrets des uns, les mensonges des autres. Dans ce vaste jeu de dupes, où la morale n’a pas sa place, le plus dur sera de s’arranger avec sa conscience…



Catégories :Littérature

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6 réponses

  1. J’aime beaucoup les histoires à tiroirs. Merci Yvan encore une fois pour cette chronique qui donne envie. 🙏😘

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      lance-toi ! 😉

  2. Merci pour la découverte de ce thriller qui pourrait bien me plaire 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      il faut tenter alors !

  3. Et encore un que je vais acheter…

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      je suis content d’avoir été convaincant 😉

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