1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
GUILLAUME MUSSO
Titre : La vie est un roman
Éditeur : Calmann-Lévy
Sortie : 26 mai 2020
Lien vers ma chronique du roman
Sans trop en dire (ce serait criminel), cette intrigue met en scène deux écrivains des deux côtés de l’Atlantique…
Le roman s’ouvre à Brooklyn avec Flora Conway, une romancière américaine célèbre, dont la petite fille a disparu dans des conditions très mystérieuses six mois auparavant et qui ne parvient ni à surmonter son chagrin ni à renoncer à l’espoir de la retrouver.
Bientôt entre en scène Romain Ozorski, qui lui vit à Paris, romancier tout aussi célèbre mais dans une sale phase de sa vie : pris dans un divorce sanglant, presque ruiné, assailli de maux divers, plus envie d’écrire…
Le lien entre les deux, il vaut mieux ne pas le révéler en effet, disons que chacun détient une clé de la vie de l’autre !
Ton livre est assez inclassable, autant thriller que récit intimiste…
Je crois que j’ai toujours écrit des romans à la croisée des genres. J’ai longtemps cherché comment les qualifier, car on me pose souvent la question, et la formule la plus exacte que j’ai trouvée est celle du « thriller intime ». C’est dans les conflits intérieurs des personnages, dans leur incendie et leur chaos intime que va toujours se jouer la résolution de l’histoire.
Ce nouveau livre est la parfaite illustration que le pouvoir de l’imagination est infini…
Ces liens entre la réalité et la fiction me passionnent depuis très longtemps. Je devais avoir 13 ou 14 ans lorsque j’ai vu pour la première fois le film de Woody Allen : La rose pourpre du Caire, dans lequel un acteur de cinéma « sort » de son film pour égayer le quotidien grisâtre d’une serveuse de restaurant. C’est notamment ce film qui m’a fait m’interroger sur les rapports entre le monde réel et le monde imaginaire, thème n’a cessé de me poursuivre. Plus on y réfléchit, plus il se complexifie : lorsque j’ai écrit La Fille de papier, paru en 2010, j’étais persuadé que l’imaginaire avait tout pouvoir. Je n’étais pas loin de penser que vivre dans le monde imaginaire pouvait faire accepter, supporter ou effacer les difficultés du monde réel. Aujourd’hui, et c’est ce que j’ai voulu transposer dans ce roman, je sais que l’imaginaire et la réalité s’entrelacent dans un grand paradoxe : le pouvoir de l’imagination est infini, oui, et pourtant la réalité arrive à le faire ployer.
Ce roman est aussi l’occasion de réflexions sur l’écriture, le monde des livres et le statut d’écrivain…
L’écriture « est une joie et une souffrance » comme pourraient dire des personnages de Truffaut. Cela fait vingt ans que je me demande, en m’installant chaque matin devant mon ordinateur, ce que mes personnages vont me réserver aujourd’hui. J’ai voulu parler de ces deux décennies de création. Ouvrir la boîte noire de la création, mettre mon lecteur dans la position de ressentir les différents écueils que peut rencontrer un romancier au travail. Le tout à travers un suspense littéraire. Car avant tout, toujours, prime pour moi cette exigence : écrire une histoire que j’aimerais lire en tant que lecteur.
Cette histoire est plus complexe qu’elle n’y parait, un écrivain est-il un peu magicien ?
À la base de l’écriture se trouve souvent le désir de vouloir maîtriser quelque chose. Nous ne maîtrisons que très imparfaitement nos vies et la tentation est grande de s’imaginer qu’une fois dans la fiction, l’écrivain aurait cette capacité de corriger les imperfections et de décrire la réalité non pas telle qu’elle est, mais telle qu’elle devrait être. Nabokov affirmait que ses personnages étaient des « galériens » qui devaient lui obéir au doigt et à l’œil. Mais il arrive parfois – et c’est aussi le sujet de ce roman – de tomber sur des personnages récalcitrants. Néanmoins, la construction minutieuse du roman, en trois actes, trois grands décors et trois voix, sa réflexion sur l’illusion, la promesse faite au spectateur (lecteur) peut rappeler le côté ludique et malicieux d’un tour de magie. Mais il rappelle également que le roman n’existe véritablement que grâce au regard du lecteur et que, pour reprendre les mots de Perec, « la littérature est un jeu qui se joue à deux ».
Crédit photo : Emanuele Scorcelletti
Catégories :Interviews littéraires
Un livre qui semble avoir une intrigue originale, comme tous ceux de cet auteur qui a beaucoup d’imagination!
Ça claque, ça : thriller intime 😏
Et c’est une définition bien vue !