Le 11 juin 2020 est sorti un recueil de nouvelles noires aux Éditions Belfond, regroupant 12 grands noms du genre.
12 écrivains qui m’ont accompagné dans cette belle aventure humaine que j’ai mené avec passion en tant que Directeur d’Ouvrage.
11 nouvelles autour d’un même thème. Ils ont joué avec un des 5 sens : le regard, la vision. Après un premier épisode, l’an dernier autour de l’audition, avec Ecouter le noir.
Quoi de mieux pour en parler que de donner la parole aux auteurs du recueil !
Voici donc les mots de sept d’entre-eux à qui j’ai demandé en une ou deux phrases comment ils appréhendent l’art de la nouvelle et comment ils ont voulu jouer avec le thème imposé. Versions courtes en visuel, versions plus longues en dessous.
Composer une nouvelle est un des exercices d’écriture les plus formateurs : il oblige la pensée concise, les mots justes, à peindre les personnages d’un trait de crayon précis, donc aucune marge d’erreur pour l’auteur, ce qui est, il faut l’avouer, totalement jouissif !
Quand Yvan m’a sollicitée pour participer à ce recueil, j’ai tout de suite vu l’occasion d’offrir une autre palette de mes capacités d’écriture à nos lecteurs. J’ai donc écrit cette nouvelle, une dystopie post-apocalyptique, afin de mettre ma petite pierre à l’édifice des lanceurs d’alerte sur le devenir de la vie sur Terre et l’imminence de la rencontre avec le mur.
Avec la crise du Covid-19, l’homme est bien obligé de se rendre compte que le modèle du fric a tout prix est finalement bien fragile, s’il peut être mis KO par un virus. La vie se charge encore une fois de nous rappeler notre place à l’échelle de l’Univers et de la Terre. Nous ne sommes qu’un détail, un point de passage, comme l’ont été les dinosaures avant nous. Sommes-nous capables collectivement d’entendre ce message ?
Quand nous pourrons tourner la page du confinement, il sera temps de se poser LA question : que voulons-nous faire à présent ? Continuer en connaissant parfaitement l’issue finale et l’avenir auquel nous destinons nos enfants (car on en est là, effectivement), ou alors profiter de ce que cette pause dans les activités humaines nous a permis de comprendre ? Je veux croire qu’alors que tout le monde dit que nous sommes déjà dans le trop tard, l’homme a la capacité de se réinventer, de replacer la vie au centre de ses préoccupations et de valoriser les idées et les bonnes volontés plutôt que le pouvoir et l’argent.
Il y a d’autres voies que celle qui nous conduits droit dans LE MUR.
C’est la première fois que je me prête à cet exercice, et je n’étais pas certaine d’en être capable. Comment, en quelques pages à peine, parvenir à créer une ambiance, une intrigue avec des rebondissements et des personnages attachants? Lorsqu’on écrit une nouvelle, on ne peut pas se permettre de faire de l’à-peu-près : on doit capter l’attention du lecteur dès les premières lignes et le tenir accroché jusqu’à la dernière, où, clou du spectacle, la fin doit le renverser! L’histoire du petit Sabbir m’est venue dans un rêve, après qu’on m’ait fait part du thème imposé. Je trouve que les thèmes imposés stimulent l’imagination. Au final, je suis plutôt contente du résultat. Je me suis même attachée à mon personnage au point qu’au moment d’écrire le mot “fin”, j’étais déçue de le quitter aussi rapidement. Peut-être est-ce pour cette raison que je préfère écrire des romans !
L’exercice d’écriture d’une nouvelle est quelque chose que je trouve fabuleux. Dix pages pour tenir son lecteur en haleine, le laisser bouche bée dans les dernières lignes sans le perdre au milieu… Dur, mais fascinant pour un auteur. Et tellement formateur !
Pour regarder le Noir de ces nouvelles, il suffit de fermer les yeux après chaque page et de faire confiance, non plus à vos cinq sens, mais à ce que votre imagination vous souffle. Dès lors, comme dans un rêve, vous accédez, non pas au monde extérieur du présent, mais à celui qui n’existe pas encore : celui qu’on imagine ensemble.
Ecrire une nouvelle demande une rigueur et une discipline de fer. Là où le romancier distille une atmosphère, prend le temps de brosser décors et personnages, l’auteur de nouvelles doit réussir cette alchimie en quelques pages, voire quelques lignes… Comme disait Blaise Pascal à certains correspondants : « Cette lettre est longue, parce que je n’ai pas eu le temps d’en écrire une courte ». La nouvelle, c’est tout l’art de savoir faire court.
En anglais, on les appelle short stories, histoires courtes. Mais je préfère le terme français de nouvelle. Comme une « nouvelle » d¹actualité, la nouvelle littéraire prend par surprise. Comme la nouvelle d¹actualité, elle doit transmettre beaucoup d¹émotions en peu de mots. Comme elle, elle se doit de toujours innover. D’être réellement « nouvelle », en somme, et d¹éviter les terrains trop connus ou balisés. Ai-je honoré ce contrat implicite ? A vous lecteurs de me le dire !
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Comme quoi j’ai été « marquée » par cette lecture, j’y pense encore et je me dis qu’il faut que je les relise surtout celle où je n’ai pas accroché !
Contrat rempli et brillamment à mon avis !
Bravo et merci à tous les auteurs, je conçois qu’une nouvelle en thriller-polar est très compliqué à écrire !
Je suis vraiment convaincu que ces histoires prennent encore plus de valeur avec une relecture !
Bonjour Yvan,
J’ai lu le premier livre sorti sur ce type de nouvelles au trois quart et j’ai adoré les exercices que se prêtent aussi volontiers de bien grandes plumes qui se prêtent à cet exercice qui doit nous tenir en haleine, avec une chute surprenante. Pour moi je leur dit un grand bravo sans avoir lu le deuxième que j’ai déjà acheté. Bon w.e Yvan. Geneviève
Oui, l’exercice de la nouvelle est très difficile. Faut tout dire en faisant court et laisser le lecteur pantois après lui avoir fait vivre des sensations folles.
Lecture en cours ,mais impossible de lire les nouvelles à la suite…Besoin de souffle ! Alors, ça prend du temps ! En tout cas, merci pour cette belle initiative 😉
Ils s’en sont tous admirablement sortis !